Enfouissement de millions de tonnes de CO2 au pied des Pyrénées : le projet du bassin de Lacq est abandonné

Le stockage de millions de tonnes de CO2 ne se fera pas à Lacq, dans les Pyrénées-Atlantiques. Le président-directeur général de Teréga Dominique Mockly l'a annoncé à France 3 Pau SUd Aquitaine. Une décision saluée par les élus du territoire, qui s'opposaient à ce projet.

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"Pycasso", c'était le nom du projet porté par l'entreprise Teréga, né sur le site du bassin de Lacq. Il vise à expérimenter l'enfouissement de CO2. Une façon, pour les promoteurs, de réduire les émissions dans l'atmosphère : capter le dioxyde de carbone émis avant de l'enfouir dans les sous-sols. La méthode n'a encore jamais été testée en France.

Et pour ce faire, gisement de gaz béarnais semblait tout trouvé. "C'est le premier site auquel on pense. C'est un réservoir que tout le monde connaît, qui est encore en exploitation, où il y a des puits. Donc si vous voulez faire des expériences, c'est assez facile à faire", estime le président-directeur général de Teréga Dominique Mockly.

Pour autant, jeudi 17 octobre, l'entreprise vient d'abandonner l'idée d'enfouir du CO2 à Lacq. "C'est un site qui présente un certain nombre de difficultés parce qu'il y a des industries en exploitation, ça peut être compliqué d'avoir une interaction, de se projeter à moyen terme sur ce que pourrait être l'évolution de l'industrie qu'il y a sur ce bassin, explique Dominique Mockly.
Nous avions proposé qu'il y ait une discussion pour regarder ce que pourrait être l'avenir des différentes industries, ce débat n'était pas possible."

Nous avons décidé que ça ne serait pas sur le site de Lacq que nous allons faire les premières expérimentations.

Dominique Mockly

Président-directeur général de Teréga

Un soulagement pour les élus du territoire

Cette décision de Teréga soulage les élus locaux, opposés à cet enfouissement. C'est le cas de Patrice Laurent, président de la Communauté de communes de Lacq-Orthez et maire de Mourenx. Joint par téléphone quelques minutes après la décision de Teréga, l'élu était "heureux pour son territoire". Sur les réseaux sociaux, il a même exprimé son "soulagement". "Nous allons enfin pouvoir passer à autre chose et je l'espère tendre vers des relations apaisées".

Quelques jours plus tôt, une équipe de France 3 Pau Sud Aquitaine avait pu rencontrer Patrice Laurent. L'occasion d'évoquer avec lui la campagne de la Communauté de communes de Lacq-Orthez, affichée sur le Bassin de Lacq et dans l'agglomération de Pau pour dire "Non au CO2 sous nos pieds".

L'élu s'inquiétait pour 8.000 emplois du Bassin de Lacq. "Pour les emplois situés à la surface du bassin, si on injectait du CO2 demain, on ne pourrait plus extraire le gaz pour alimenter tout notre bassin industriel. Les emplois tomberaient. S'il n'y a plus d'écosystème, il n'y a que du stockage et plus d'industrie", reconnaissait, fataliste, Patrice Laurent.

L'enfouissement de CO2, un danger pour la population ?

Le maire de Mourenx alerte aussi sur "les risques potentiels pour la population de son territoire notamment les micro-séismes. En Espagne, le gouvernement a interdit ce type d'enfouissement, j'espère que le gouvernement français aura la même lucidité". Patrice Laurent a également écrit aux ministres et aux commissaires européens "consacrés par le sujet pour rappeler l'opposition du territoire. On ne s'arrêtera pas là. Ce n'est pas la fin du feuilleton, juste de l'épisode".

Pour autant, l'enfouissement du CO2 en France devrait intervenir entre 2030 et 2040. Teréga possède une dizaine de sites où cela est possible en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie. L'entreprise doit désormais étudier la faisabilité du stockage en sous-sol du CO2 sur les différents sites. "On a une réserve de réservoirs potentiellement utilisable dans les sous-sols entre 2.000 et 4.000 mètres de profondeur en Nouvelle-Aquitaine ou en Occitanie. Il faut un site à proximité de réservoir, pas dessus comme à Lacq", souligne Dominique Mockly.

Un marché porteur

Derrière le stockage du CO2, se trouve une économie florissante. À partir de 2026, l'allocation de Quota CO2 va disparaître pour les industriels. Le CO2 émis dans l'atmosphère sera fortement taxé. "Le CO2 va coûter de plus en plus cher. Donc les industriels vont s'intéresser à cette molécule. Elles devront en réduire leurs consommations, donc moins en rejeter, mais aussi en réutiliser une partie. Puis tout ce qu'elles ne pourront pas réutiliser, elles devront le stocker ou l'enfouir", indique Dominique Mockly.

Un marché de la molécule de CO2 se dessine dans les années à venir. Le gouvernement français s'intéresse fortement à son utilisation, son captage et son stockage. Teréga lui a lancé un appel à manifestation d'intérêt, des industriels se sont manifestés. "Ils veulent qu'on gère leur CO2. On a l'ordre de huit projets, soit de consommation de CO2, soit de réutilisation, et même du stockage. L'idée est de reconstruire une industrie", reconnaît le PDG de Teréga.

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