Incendie mortel à la prison de Pau : "ils ont tous des briquets", le personnel choqué et fataliste face au drame

Ce lundi 15 avril, un incendie s’est déclaré dans une cellule de la prison de Pau. Le feu a fait une victime, un détenu qui se trouvait dans la cellule. Un drame qui, selon les syndicats, rappelle tristement les conditions de détention et de travail difficiles auxquelles ils sont confrontés.

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Il est 17h, ce 15 avril, lorsque les pompiers des Pyrénées-Atlantiques sont appelés pour un incendie à la maison d’arrêt de Pau. Un feu s’est déclaré dans une cellule, où se trouvait un détenu. L’homme, âgé de 25 ans, est décédé. "Le détenu aurait tenté de se suicider, selon les premiers éléments. C'est assez rare que cela se passe", indique Eric Vigier, secrétaire local de l'Ufap-Unsa au sein de la prison.

"Ils ont tous des briquets "

Sur place, le procureur de Pau, Rodolphe Jarry annonce qu’une enquête a été ouverte. “Elle a été confiée au commissariat de Pau qui devra déterminer les circonstances de la mort du détenu. Une autopsie ainsi qu’une analyse toxicologique sont prévues”, indique le procureur de Pau. La situation, si elle attriste, n’étonne pas vraiment le personnel pénitentiaire.

Ils ont tous des briquets ou des allumettes sur eux, parce qu'ils fument tous.

Eric Vigier

secrétaire locale Ufap-Unsa à la maison d'arrêt de Pau

"Des feux de cellule, il peut y en avoir, provoqués par dépit ou par vengeance contre quelqu'un au sein de la prison. C'est le troisième feu en cinq ou six ans", indique Eric Vigier. Ici, comme dans les autres maisons d'arrêt du territoire, la majorité des détenus sont des fumeurs. "Ce n'est pas possible de leur enlever les allumettes ou les briquets", assure le secrétaire Ufap-Unsa. "Dans tous les cas, ils n'ont qu'à prendre n'importe quel matériel de leur cellule pour se faire des armes".

 La maison d’arrêt de Pau est loin d’être la seule à subir ce genre d’événements. “Sur Bayonne, on a eu trois départs de feu en 2022”, illustre Sylvain Lesper, élu FO à Bayonne.

Pour les syndicats, ces dangers sont renforcés par le placement, parfois par défaut, de certains détenus en prison, en dépit de leur état psychologique. “On a beaucoup de détenus qui ont des problèmes psychiatriques, souvent à l’origine des départs de feu. Faute de place dans les hôpitaux psychiatriques, ils sont placés ici”, regrette le représentant FO de Bayonne.

Un surveillant pour 100 détenus

Depuis des années, les élus dénoncent une surpopulation carcérale, particulièrement visible dans cette prison dite “dortoir”. "La plupart des cellules sont de six, voire aujourd'hui sept personnes", explique Eric Vigier. 
Ces "chauffoirs" se comptent par dizaines dans cette maison d'arrêt, face à des surveillants, toujours moins nombreux. "  

Quand vous êtes seuls à ouvrir la cellule et que vous êtes face à sept personnes, le rapport de force est largement déséquilibré en notre défaveur.

Eric Vigier

secrétaire local Unsa-Ufap de la maison d'arrêt de Pau

Seul côté positif pour le représentant syndical qui achève sa 35ᵉ année au sein de la prison, "au moins, s'ils tentent de mettre fin à leur jour, en général, les autres le retiennent".

Entre les murs épais de cette bâtisse de 1860, 271 personnes sont détenues, pour 242 places. Selon la CGT, dans une communication de février 2024 dénonçant les conditions difficiles de détention, 23 matelas seraient installés à même le sol, pour accueillir les détenus en surnombre. "On a un surveillant pour cent détenus. C'est donc difficile de pouvoir tout observer en permanence", indique Eric Vigier.

Entre les trajets jusqu'aux parloirs, la gestion des activités et la surveillance, les surveillants souffrent du manque de personnel "pour mettre en place une surveillance accrue de chaque détenu". Selon le syndicat, dans la direction interrégionale de Bordeaux, une centaine de personnels manquerait à l'appel.

Nouvelle prison

Face à l’ampleur du problème, et pour répondre au plan de 15 000 places de prison supplémentaires, une nouvelle structure, située au nord est de la capitale béarnaise, est annoncée pour 2027. "La structure actuellement est fonctionnelle mais c'est compliqué de pouvoir intervenir correctement", précise Eric Vigier.

La concertation a démarré le 4 avril dernier. Si elle ne comptera que huit places supplémentaires, les autorités annoncent l’installation de locaux plus modernes. "Ce devrait être de l'encellulement individuel, donc je pense à deux détenus. C'est beaucoup plus confortable pour nous d'ouvrir une cellule et être face à deux personnes plutôt que six", indique Eric Vigier. Le coût du projet est pour l’heure estimé à 124 millions d’euros, entièrement financé par l’État.

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