De nombreux rassemblements en défense de la corrida étaient organisés ce samedi. A Pau et à Mont-de-Marsan, les participants s'inquiètent d'une proposition de loi visant à obtenir son interdiction sur l'ensemble du territoire français. Tous dénoncent une atteinte au patrimoine culturel du sud et du sud ouest.
"C'est vraiment symbolique. Nous devons aller dans les lieux de pouvoir, que sont les préfectures, pour interpeller courtoisement le président de la République", explique André Viard, président de l'Union des villes taurines de France. Autour de lui, quelque 800 personnes se sont rassemblées à Mont-de-Marsan pour exprimer leur opposition à la proposition de loi visant l'interdiction totale de la corrida.
La pratique est déjà interdite en France, mais 56 villes taurines, situées dans le sud et le sud ouest de la France, bénéficient d'une dérogation. Or, c'est sur cette exception que souhaite revenir le député LFI - Nupes Aymeric Caron, avec sa proposition de loi. "Nous demandons au président que sa majorité rejette cette proposition de loi qui est liberticide et dangereuse", poursuit André Viard.
"Une proposition d'un député du 18e arrondissement de Paris"
Les mêmes mobilisations se sont déroulées dans plusieurs villes du sud ouest. Ils étaient quelques dizaines ce samedi à Pau, réunis devant la préfecture. Députés, maires, toréro ou simples défenseurs de la corrida. La proposition de loi vise des traditions profondément ancrées dans la culture locale, estiment les participants au rassemblement. "Je suis viscéralement contre cette proposition de loi, s'indigne David Habib, député apparenté non inscrit de la 3e circonscription des Pyrénées-Atlantiques. C'est celle d'un député du 18e arrondissement de Paris qui veut codifier toute la France. Ce n'est pas ça le sud ouest ! Aymeric Caron ne connait pas la France, nos identités, nos cultures et nos traditions. Et au nombre de ces traditions, il y a la corrida."
Ce n'est pas que le combat de la corrida. C'est le combat du foie gras, de la chasse, de ce qui fait les originalités du sud et du sud ouest.
David Habib, député non inscrit de la 3e circonscription des Pyrénées-Atlantiquesà France 3 Pau sud Aquitaine
Une position également défendue par Josy Poueyto, élue dans la 1ʳᵉ circonscription des Pyrénées-Atlantiques et qui se présente comme "une députée qui ne fréquente pas les corridas, par goût".
Par contre, je les défends, parce que je trouve que c'est le patrimoine culturel de notre territoire. C'est un engrenage qui se prépare : je n'ai pas du tout envie que la France devienne la France que le député Caron nous propose".
"Ce serait la fin de ma carrière"
Dorian Canton est torero professionnel. "Pour un torero comme moi, qui, pour le moment, n'a pas encore d'opportunités en Espagne, cette proposition de loi met en danger ma carrière", note le jeune homme.
"Cela met aussi en péril la carrière des autres toreros en France, et de tous les éleveurs taurins qui ont des centaines de têtes et qui sont en danger d'extinction. Le jour où la corrida n'existe plus, le taureau brave n'existe plus", s'inquiète-t-il.
Il y a 56 villes taurines en France. On compte entre 4 et 5 corridas par férias. À chaque fois, on engage des éleveurs, des toreros, ça représente une économie exceptionnelle. Sans compter les restaurants et les bars.
Dorian Canton, torero professionnelà France 3 Pau sud Aquitaine
Une délégation d'élus a obtenu une entrevue avec le directeur de cabinet du préfet du département, auquel ils ont remis une motion symbolique de défense de la liberté culturelle.
La proposition de loi d'Aymeric Caron sera examinée le 24 novembre à l'Assemblée nationale. Elle figure en quatrième position, et a déjà été désavouée en Commission des lois. Pour autant, Dorian Canton et plusieurs toreros prévoient déjà de se rassembler en tenue, devant le palais Bourbon le 24 novembre à Paris.