Ils étaient un peu plus d'une quarantaine ce 25 novembre à manifester devant l'hôpital de Pau, à l'appel de la CGT. Des membres du personnel des urgences alertent sur leurs conditions d'accueil, de travail, un manque de personnel et de moyens, qui mettent en péril la continuité de leur mission.
Les urgences sont en grève depuis déjà quatre jours. Les manifestants témoignent de leur état d'épuisement mais également des conditions d'accueil des patients et de travail des soignants qui se détériorent.
30 lits fermés
Les raisons de la colère c'est la fermeture des lits, une trentaine, et le nombre de patients qui sont maintenus dans les couloirs faisant office de salle de "tri". Des conditions "indignes" d'accueil pour ces soignants.
Pour Cathy Le Pauvre, secrétaire CGT à l'hôpital de Pau, "Il n'y a pas assez de lits dans les services et les patients attendent des heures, 16 heures voire 24 heures, dans des conditions innommables...", "le personnel des urgences n'arrivent pas à faire lson boulot correctement" et elle donne un exemple : "on a eu deux arrêts cardio-respiratoires dans les couloirs, qui ont été sauvés parce que l'infirmier était observant". "Il y a des gens en soins palliatifs qui sont là (...)dont un qui est mort dans un couloir, faute de place...
"Ce qu'on veut, c'est qu'on réarme ces lits qui ont été fermés (...) on n'a pas besoin d'un groupe de travail : on a déjà identifié les problèmes".
Les raisons de fermeture de ces lits c'est qu'il n'y a pas de personnel suffisant. Un manque dû au contexte. 24 des 2.800 agents ont été suspendus parce qu'ils n'ont pas été vaccinés. Mais de plus, le taux d’absentéisme représente aujourd'hui 10%. Et la difficulté serait de trouver du personnel pour palier ces absences.
Une "fuite" des personnels
La syndicaliste explique que la situation est aggravée par cette "fuite" des soignants qui partent "parce que les conditions sont impossibles!" "J'interpelle le directeur de l'hôpital, le directeur du conseil de surveillance qui est Monsieur Bayrou, j'appelle aussi l'ARS : l'hôpital, voilà ce qu'il est devenu!"...
Céline Poutonnet, travaille depuis 15 ans aux urgences et Peter Menard, est infirmier depuis six ans aux urgences dont un an à Pau et 5 ans à Pau. Ils déplorent tous les deux ces conditions de travail, des gens que l'on soigne, que l'on transfuse, qu'on change dans les couloirs, sans intimité, qui urinent parfois sans qu'on puisse les assister. Et des personnes en fin de vie qu'ils ne peuvent accompagner comme ils le voudraient avec l'amertume au quotidien. "On n'est pas assez nombreux pour faire face à tout ce travail. Il y a des fois des collègues qui rentrent chez eux en pleurant. Ils sont insatisfaits de la façon dont ils ont travaillé puisqu'on ne peux pas travailler dans des conditions correctes". "De plus en plus de gens pensent à une reconversion (...) la crise du covid n'a rien arrangé..."
Dialogue difficile
D'après le directeur, Jean-François Vinet : "Nous sommes conscients que la situation aux urgences est compliquée". Il détaille selon lui les trois raisons. D'abord "l’activité est très élevée, à un très haut niveau de début d’hiver : 120 à 140 passages par jour aux urgences adultes". Ensuite, l'hôpital est "toujours sous la pression du Covid" et enfin le problème des lits fermés à Pau : "presque 30 lits, dont 14 en SSR (Soins de suite et Réadaptation, NDLR), ça entraîne moins de facilité à hospitaliser donc des patients qui restent aux urgences".
Quant au dialogue social, il assure : "Nous avons négocié avec le personnel, nous nous sommes accordés sur des points positifs : maintenir le renfort de trois infirmiers en place depuis septembre. Cela devait s’arrêter en décembre. Mais aussi le dispositif renfort hivernal avec deux aides-soignants de jour". Il affirme également que désormais un dispositif sera mis en place en vue du "paiement de toutes les heures supplémentaires, alors qu’avant elles étaient récupérées". Enfin, l’hôpital souhaite mettre en place un système de gestion de crise pour que cela "stagne moins aux urgences".
Une grève qui devrait durer
Cathy Le Pauvre ajoute que s'ils ne sont pas entendus, ils attendent des retours de M. Bayrou et de l'ARS et, qu'en attendant, la grève pourrait durer avec notamment, la semaine prochaine, le service gériatrie qui devrait rejoindre le mouvement.