Sorita, l'une des deux ourses slovènes réintroduites en octobre 2018 dans les Pyrénées, a donné naissance à deux oursons. Mais le FIEP-Groupe Ours Pyrénées insiste sur la "tranquillité absolue" dont a besoin l'animal pour "assurer la survie de ses petits".
Les deux oursons ont finalement "pu être détectés à la jumelle" avec leur mère, dotée d'un collier émetteur, qui se déplace "lentement".
Leur dernière localisation, lundi, a été réalisée sur la commune de Sazos, dans le secteur du Pic d'Ardiden, a précisé la préfecture des Hautes-Pyrénées.
Cette naissance, "symbole du retour de l'espèce" dans les Pyrénées occidentales
Gérard Caussimont, du FIEP-Groupe Ours Pyrénées, se réjouit de la naissance de ces deux oursons, "qui viennent de sortir de leur tanière avec leur mère. Ils ont environ trois mois. Leur mère les a allaités durant l'hiver".Nous attendions cette nouvelle depuis 15 ans ! La dernière naissance dans les Pyrénées remonte à 2005 avec Cannellito, fils de l'ourse Cannelle abattue par un chasseur quelques mois après. Cela replace l'espèce dans une dynamique de vie.
Ce qui est très important c'est de préserver la tranquillité des oursons car l'enjeu c'est leur survie ! s'inquiète Gérard Caussimon.
"Si la mère est dérangée par l'homme, la survie des oursons est menacée"
Si les ours sentent " la présence de l'homme très en amont" et l'évitent "autant que possible", une femelle avec des petits "n'a pas toujours" ce comportement d'évitement, elle est "moins mobile, plus sensible au dérangement et susceptible d'être agressive en cas de rencontre", rappelle la préfecture.
Elle renvoie aux consignes à observer en cas de rencontre, recensées sur le site de la Dreal Occitanie, dont "manifester sa présence en faisant un peu de bruit, "ne pas chercher à s'approcher d'un ours" et s'en éloigner calmement en cas de proximité.
Le taux de mortalité est de 50 % la première année de vie des oursons soit un animal sur deux.L'ours est un animal particulièrement sensible au dérangement et la survie des oursons en dépend. C'est une espèce fragile, qui était sur le point de disparaître dans cette zone des Pyrénées, la femelle a besoin d'une paix royale ! insiste Gérard Caussimont.
Le FIEP-Groupe Ours Pyrénées regrette que la préfecture ait donné la localisation précise des oursons et de leur mère "car des curieux pourraient s'y rendre pour tenter de photographier les animaux or il ne faut pas. La préfecture aurait du insister sur l'aspect tranquillité."
L'association Férus qui milite pour la réintroduction de l'ours, fait le mêm constat sur sa page Facebook ce mardi matin.
Les oursons sont encore trop petits pour se nourrir par eux-mêmes
Les oursons, âgés de seulement trois mois, ne pourraient pas survivre sans leur mère si jamais la famille était séparée suite à une intervention de l'homme...
A cet âge, ils sont extrêmement vulnérables et ne peuvent pas se déplacer sans se mettre en péril.
La femelle les a nourris au lait maternel, puisé dans ses réserves de graisses durant hiver, sans sortir de sa tanière.
"Maintenant que l'hivernation est terminé, la phase d'apprentissage commence. L'ourse va montrer aux oursons comment se nourrir d'herbe, d'insectes et de fruits sauvages dans la montagne, mais l'allaitement est encore indispensable", explique Gérard Caussimont.
La présence d'un ours mâle détecté à proximité représente-t-elle un danger ?
L'Office Nationale de la Chasse et la Faune sauvage (ONCFS), chargé du suivi des ourses slovènes réintroduites les 4 et 5 octobre 2018, a localisé un ours mâle âgé de 5 ans dans le même secteur où se trouve Sorita et sa progéniture.
Dans le mécanisme naturel de l'espèce, "un mâle qui ne s'est pas encore reproduit, peut tuer un ourson afin de provoquer de nouvelles chaleurs chez la femelle et assurer ainsi sa propre descendance" explique Gérard Caussimont.
Mais ce n'est pas systématique et cela ne veut pas dire que le jeune mâle présent dans le secteur et qui a le même âge que Sorita, sera de taille à affronter la femelle et tuer son ourson. En tout cas, il s'agit d'un mécanisme naturel, l'homme n'y peut rien".
Quel risque pour les troupeaux en montagne ?
Pour assurer une cohabitation apaisée avec les éleveurs, le FIEP-Groupe Ours Pyrénées estime que cette naissance est l'occasion de mettre en place les mesures de protection des troupeaux.
En effet, "dans cette partie de la vallée, les troupeaux ne sont pas tous gardés. Bergers et chiens de protection peuvent éviter les problèmes la nuit".
Cela ne veut pas dire que Sorita est susceptible d'attaquer les brebis mais c'est le bon moment de rappeler que des mesures existent pour les éleveurs, affirme Gérard Caussimont.
Qu'en est-il de Claverina, l'autre ourse slovène ?
L'autre femelle réintroduite en octobre dernier, est sortie de son hibernation plus tôt que Sorita, sans avoir donné naissance à des oursons..
L'animal a été vu côté français du pays basque il y a quelques jours.
D'après la préfecture des Pyrénées-Atlantiques, la femelle n'ayant pas donné naissance à un ourson ne serait pas dangereuse.
Elle ne présente pas de risque particulier pour les usagers de la nature.