La scène a été captée en octobre 2024 par le dispositif de caméra du collectif Hope dans le Béarn. Publiée sur les réseaux sociaux, ce 12 décembre 2024, on y voit une ourse, aux formes bien rondes. Il s'agit de Sorita qui pourrait bien donner naissance à un ou deux oursons durant l'hiver.
La vidéo démarre avec la tête d'un ours que l'on devine immédiatement de bonne taille. Un œil, un museau collé à l'objectif de la caméra, puis l'animal s'éloigne, faisant découvrir son imposante apparence. Quelques secondes plus tard, la masse noire se colle à un arbre, s'y frotte le dos, avant de se retourner. Sur son oreille droite, une boucle est visible, permettant son identification. Il s'agit de Sorita. Bientôt maman ? C'est ce que laisse à penser, le collectif Hope, dans sa dernière publication sur Instagram.
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Pas de gestation avant hibernation
L'ourse Sorita est bien connue des observateurs qui la suivent à la trace depuis sa réintroduction dans le Haut-Béarn en 2018. Et lors de cette dernière apparition, ses belles formes ont attiré leur attention. "Notez l'aspect de l'animal en hyperphagie, au corps particulièrement rond, Sorita pourrait être gravide, mais pas encore gestante", indique le collectif Hope.
Décryptage. L'hyperphagie est une forme de boulimie. Chez les animaux, il s'agit d'une suralimentation, une ingestion de quantité de nourriture supérieure à ce que l'organisme dépense. Les ours connaissent ces périodes d'hyperphagie, accumulent les graisses avant d'entrer en hibernation. Mais selon le collectif Hope, Sorita pourrait bien aussi se préparer à nourrir de nouveaux petits.
L'ourse "peut avoir 1 à 4 œufs fécondés", mais leur développement "est bloqué jusqu'à la mise en tanière". La gestation ne reprendra qu'une fois le début de l'hibernation. Elle dure deux mois et les oursons naissent bien au chaud, généralement en janvier.
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"Elle mettra bas en tanière et allaitera également dans la tutte (autre nom d’une tanière à ours brun). Le lait d’ourse est l’un des plus riches du règne animal et de mammifère. Tout le gras accumulé par l’animal est donc utilisé pour traverser l’hiver en tanière et pour la lactation des oursons faisant entre 200 et 300 grammes à la naissance."
Sorita avait déjà eu trois oursons en 2021. Et deux autres à l'hiver 2023.
56 ours identifiés à l'automne 2024 sur 4 départements
Tous les six mois, le réseau Ours brun, coordonné par l'Office français de la Biodiversité (OFB), publie un bilan des observations de l'espèce dans les Pyrénées. Et le bilan de l'automne 2024 est connu avec notamment les résultats des premières analyses génétiques.
Cinquante-six ours différents, 31 mâles et 25 femelles, ont ainsi été identifiés sur quatre départements. "Douze nouveaux génotypes ont été identifiés : des subadultes nés en 2023 et des oursons de l’année, relaie l'association Pays de l'Ours. Confirmation d’au moins huit portées différentes détectées du côté français des Pyrénées, soit au moins treize oursons."
Les analyses génétiques ont permis d'attribuer les naissances de la manière suivante :
- Nheu est la mère de 2 oursons
- Callisto est la mère de 2 oursons
- Isil est la mère d’1 ourson
- Gaia est la mère d’1 ourson
- Réglisse est la mère de 3 oursons
- Carline est la mère d’1 ourson
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Deux autres femelles sont également mères, pour la première fois, d'un et deux oursons. Prochain bulletin, au printemps 2025. Alors, rendez-vous à la sortie des tanières pour savoir si Sorita a effectivement mis bas.