"L'ours n'est pas un animal dangereux" : avec une population en hausse dans les Pyrénées, comment cohabiter en toute sécurité

En 2023, 83 ours bruns ont été recensés sur l'ensemble du massif des Pyrénées. Si la protection de cette espèce est importante pour la biodiversité, il n'en reste pas moins un danger pour l'Homme en cas de rencontre. Comment éviter les risques d'incidents ? On vous explique.

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Imaginez. Vous êtes en pleine randonnée dans les Pyrénées et vous tombez nez à nez avec un ours. Ce scénario catastrophique pourrait bien se réaliser avec l'augmentation du nombre de ces mammifères sur l'ensemble de la chaîne de montagnes.

Ils n'étaient plus que cinq en 1995, mais grâce à la réintroduction de l'espèce sur le territoire, ils sont aujourd'hui plus de 80. Plus d'ours donc probablement plus de rencontre avec les humains, mais alors comment organiser la cohabitation ?

Les bons gestes

Pour éviter qu'un accident ne survienne, il faut prendre un certain nombre de précautions. "L'ours n'est pas un animal dangereux", assure, Alain Reynes, directeur de l'association Pays de l'Ours - Adet. "Il faut distinguer le danger de la peur, détaille-t-il, c'est sain d'avoir peur de rencontrer un ours. C'est l'inverse qui est dangereux. Il faut à tout prix éviter l'excès de confiance. Ce n'est pas un animal agressif, mais il a la capacité de se défendre".

En cas de rencontre fortuite, il faut rester calme et éviter de provoquer l'animal. "Il faut également s'abstenir de faire des mouvements ou des bruits qui puissent être interprétés comme agressif", recommande Alain Reynes.

C'est un animal pacifique.

Alain Reynes

Directeur de l'association Pays de l'Ours - Adet

Selon le directeur de l'association, l'ours brun ne cherche pas le contact avec l'homme. Si on en croise, la meilleure solution reste encore de doucement quitter le secteur. L'ours devrait nous repérer et, lui aussi, s'en aller.

"L'ours a un bon odorat et une bonne ouïe, mais les conditions météorologiques peuvent altérer ses sens. S'il ne vous remarque pas, il faut se signaler calmement auprès de lui puis lentement s'éloigner", conseil Alain Reynes.

Là où il faut être attentif, c'est si on est en présence d'une femelle avec ses oursons. Alain Reynes met en garde, "si elle s'inquiète pour ses petits, elle va essayer de les protéger et c'est bien normal. Les femelles ne sont pas agressives a priori. Par contre, elles peuvent essayer de vous impressionner en faisant une sorte de charge d'intimidation".

Tous les grands mammifères, sauvages ou domestiques, sont susceptibles de défendre leurs petits.

Alain Reynes

Directeur de l'association Pays de l'Ours - Adet

Si on est en présence d'un ours, surtout, il ne faut pas s'approcher. "On a l'habitude des animaux qui ont peur de nous, donc parfois, on pense qu'on peut s'approcher pour mieux observer. Ce genre de comportement est très dangereux", alerte Alain Reynes.

Rester calme, se signaler, ne pas s'approcher et éviter de courir. Ce sont les grandes règles à respecter pour que la rencontre avec ce mammifère des montagnes se passe bien.

Il existe également des sprays au poivre pour les repousser. Des expérimentations sont en cours avec des bergers volontaires qui ont été formés à l'utilisation de cet outil. Ce type d'instrument nécessite une autorisation puisque c'est considéré comme une arme.

Une espèce protégée

L'ours brun est une espèce protégée au niveau international par la Convention de Berne, mais aussi au niveau national par le Code de l'environnement

Aujourd'hui, il y a seize fois plus d'ours dans les Pyrénées qu'il y a trente ans. Si la croissance de la population semble impressionnante, l'espèce est encore loin d'être sauvée. 

Déjà, cette croissance n'est pas si extraordinaire. À titre de comparaison, la Roumanie compterait environ 8 000 individus. Ensuite, les ours des Pyrénées ont un problème de consanguinité. Faute de diversité génétique due à la réintroduction de peu d'espèces sur le territoire, les populations sont plus vulnérables aux maladies, aux anomalies génétiques et se reproduisent moins bien.

À lire aussi : Ours des Pyrénées. Manque de diversité génétique, consanguinité : un arbre généalogique démontre la nécessité de nouvelles réintroductions.

Il faudrait donc réintroduire encore d'autres individus et espérer une bonne reproduction pour que l'ours brun des Pyrénées soit hors de danger.

Des agriculteurs inquiets

L'expansion de la population ursine ne rassure pas certains agriculteurs. "C'est une centaine de brebis par an qui sont attaquées", assure Philippe Lacube, président de la Chambre d'agriculture de l'Ariège. Pour lui, l'augmentation du nombre d'ours sur le territoire se fait surtout au détriment de certains départements, "90 % des ours des Pyrénées sont en Ariège", fustige-t-il.

En cas d'attaque des troupeaux par un grand carnivore, il existe des moyens de cohabitation, de protection et de dédommagements.

Ce n'est pas seulement un danger pour le pastoralisme ou l'agriculture, mais c'est aussi très préoccupant pour toutes les activités de la montagne.

Philippe Lacube

Président de la Chambre d'agriculture de l'Ariège

Il craint un "ensauvagement" de la montagne, "avec la réintroduction de l'ours, on privilégie une montagne qui s'ensauvage au détriment d'une montagne d'usage". Il ajoute, "c'est une vraie politique d'aménagement du territoire. Est-ce qu'on veut promouvoir l'économie et les activités humaines ou est-ce qu'on veut créer des espaces sans humain, totalement sous cloche ?".

On demande la régulation.

Philippe Lacube

Président de la Chambre d'agriculture de l'Ariège

Le militant anti-ours plaide pour une régulation de la population ursine. "Il faut pouvoir abattre les ours les plus prédateurs", clame-t-il. La direction régionale de l'environnement (DREAL) de la région Occitanie prévoit des modalités d'interventions face à un ours problématique, mais selon Philippe Lacube, "la procédure est beaucoup trop complexe. Elle n'a jamais été mise en place".

Nos voisins et les ours

La hausse de la démographie des ours bruns ne concerne pas que la France. D'ailleurs, la population des Pyrénées est la deuxième plus petite d'Europe.

En Roumanie, l'un des pays d'Europe qui abrite le plus d'ours, certaines mesures ont été mises en place pour favoriser la cohabitation. Par exemple, dans les villes, pour éviter d'attirer les ours, les ordures sont placées dans des conteneurs spéciaux qui sont ramassés tous les jours.

Des amendes peuvent être données si on s'approche trop près d'un ours, par curiosité ou pour le nourrir. De plus, les gardes forestiers placent de la nourriture en forêt pour éloigner les ours des villes et si un individu devient trop familier, il est endormi pour être écarté des sites urbains.

Évidemment, l'information et la sensibilisation des populations sont primordiales pour faciliter la coexistante, en ville comme en montagne.

Selon l'association Pays de l'ours, la coexistence entre l'Homme et l'ours est non seulement souhaitable pour la biodiversité, mais également une réalité. "Les ours sont présents dans les Pyrénées depuis 100 000 ans", rappelle Alain Reynes.

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