Saint-Jean-Pied-de-Port est la dernière étape française sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Plus de 50 000 pèlerins s'y donnent rendez-vous chaque année. Au plus fort de la saison, on y parle toutes les langues du monde.
"Je viens du Brésil, de Sao Paulo, c'est la septième fois que je fais le chemin ! " Son sac à dos bien vissé sur les épaules, un bâton de marche à la main, le vieux monsieur à la barbe blanchie, descend du bus d'un pas alerte. Il est ici comme chez lui, prêt à défier le Camino de Santiago et les 800 kilomètres qui le mèneront à Saint-Jacques-de-Compostelle dans le nord de l’Espagne.
En ce début du printemps, ils sont plusieurs centaines à débarquer chaque jour dans le village, niché au milieu des montagnes basques. Pour beaucoup, Saint-Jean-Pied-de-Port est le point de départ des pèlerins.
Entre 20 et 30 kilomètres par jour
"L'année dernière, je suis venu depuis chez moi, depuis la Picardie, explique Philippe et pour des questions de temps, j'ai dû repartir, alors cette année, je reprends depuis ici, jusqu’à Saint-Jacques". Mais avant de prendre la route, il faut d'abord pousser la porte du bureau des pèlerins. C'est un passage obligatoire. Le petit local est une fourmilière. Ici, on se relaie chaque jour, jusqu'au dernier train, jusqu'au dernier bus, pour accueillir ces femmes et ces hommes venus du monde entier.
Nous sommes au 39, rue de la citadelle. C’est là qu'ils viennent chercher la crédentiale, un document indispensable. Il s'agit d'un petit carnet, une sorte de passeport officiel pour attester de son pèlerinage à pied ou à vélo. On y tamponne tout au long de la journée. Près de 57 000 personnes venues de 119 pays y sont passés l’an dernier.
"On doit obtenir un tampon par jour, et deux les derniers cinq kilomètres", précise François Blais. Le québécois est l’un des 200 bénévoles de l’association des amis de Saint-Jacques.
Pour nous, c'est une façon de donner quelque chose qu’on a vécu et beaucoup aimé.
François BlaisBénévole de l'association les Amis de Saint-Jacques
Paul arrive d'Irlande du Nord. Il n'a jamais fait le pèlerinage. " Un ami du travail m’a recommandé le chemin. C'était pour moi une opportunité de le réaliser dans ma vie, alors je le fais !" . C'est en général une découverte pour beaucoup. C'est aussi la première fois pour Vahina. La jeune femme vient d'Argentine. Elle compte marcher entre 25 et 30 km par jour.
"Cette expérience est pour moi un moment de réflexion, c'est bien aussi pour le corps et l’esprit, pour se retrouver avec soi-même, et pour découvrir tous les beaux paysages du chemin".
En dix ans, Saint-Jean-Pied-de-Port a vu le nombre de visiteurs doubler. Ils sont désormais plus de 50 000 chaque année à traverser le bourg. Comme le veut la tradition, les marcheurs y sont logés à des tarifs préférentiels. Les 400 hébergements affichent souvent complets au plus fort de la saison.
Plus de 200 00 personnes franchissent chaque année les Pyrénées
En 2023, le Camino a accueilli plus de pèlerins que jamais auparavant. Ils étaient 446.035 à se lancer sur les chemins de Compostelle, soit 8.000 de plus qu’en 2022. Parmi eux, des pèlerins, mais aussi des aventuriers, des non-croyants en quête de sens et de nature.
Cette fois encore, une fois arrivés, ils iront déposer un coquillage au tombeau de Saint-Jacques et recevront la compostela, leur diplôme de pèlerin. Mais avant cela, ils devront marcher un peu plus d'un mois, depuis Saint-Jean-Pied-de-Port et traverser des paysages à couper le souffle.