Dans la semaine, deux agressions sont survenues dans le collège Bois d'Amour, à Billère, près de Pau. Un agent a été victime de jets de cailloux et de dégradations sur son véhicule et une élève de quatrième a été agressée par plusieurs de ses camarades. L'administration cherche des solutions pour apaiser le climat et rassurer les familles.
Au départ, il s'agissait d'une simple querelle entre camarades de classe. Des élèves qui s'écharpent, puis des menaces de représailles. Après cette altercation survenue dans la cour de récréation, Camille* se rend à son arrêt de bus, situé à quelques centaines de mètres de son collège. Là-bas, comme un "guet-apens", la jeune fille de 14 ans se fait encercler par un groupe d'élèves de son établissement, avec parmi eux, la camarade de classe ayant participé à la dispute quelques heures plus tôt. S'ensuit une agression d'une extrême violence. Camille se fait jeter au sol par "plusieurs personnes qui lui assènent des coups de poing et lui tirent les cheveux". "Elle a aussi senti une personne lui arracher son vêtement, elle s'est retrouvée torse nue", relate sa mère, choquée.
Une agression filmée et diffusée
Ce sont des commerçants, ayant assisté à l'agression, qui interviendront pour disperser le groupe de jeunes, avant l'intervention de la police municipale. La scène d'une grande brutalité est filmée, puis partagée entre les élèves via les réseaux sociaux. Elle tombera entre les mains de Camille, envoyée comme une nouvelle menace. "Les personnes qui sont en train de filmer crient « vas-y tape plus fort », s'insurge sa mère. Voir la vidéo, c'est choquant, on n'en dort plus, c'est un cauchemar."
Ces vidéos, c'est un fléau. Les jeunes se la transmettent et ça été envoyé à ma fille, pour lui montrer que la vidéo circule bien.
Mère de la victime
La jeune fille de 14 ans présente de nombreux hématomes sur le corps et des griffures sur le visage. Le médecin lui fournira un certificat médical d'une semaine et de quinze jours d'arrêt d'activités sportives. Mais "son année scolaire est terminée, elle ne veut pas retourner au collège", indique sa mère.
Dépôt de plainte
Dans la foulée, une plainte a été déposée au commissariat de Pau. "Des élèves ont été identifiés et exclus", affirme une membre du personnel qui souhaite rester anonyme. En revanche, l'autre élève ayant participé à la dispute initiale est, selon elle, retournée en cours le lendemain. "Les collègues ont eu la désagréable surprise de la voir en cours hier. Évidemment, elle est présumée innocente...", glisse-t-elle.
Contactée, la Direction de services départementaux de l'Éducation nationale des Pyrénées-Atlantiques, affirme que "les élèves auteurs de ces faits de violences inadmissibles à l'encontre d'une camarade, ont été sanctionnés par le chef d'établissement, par une exclusion temporaire de l'établissement".
"De plus, comme tout évènement pouvant avoir une répercussion sur le climat scolaire interne d'un établissement, une procédure interne a été engagée afin de traiter la situation avec l'équipe de vie scolaire, en recevant les familles et les élèves concernés", précise la Dsden.
Violence de plus en plus présente
Selon une source travaillant au sein du collège Bois d'Amour, "plusieurs membres du personnel s'y sentent de moins en moins en sécurité". "Depuis le début de l'année, plusieurs collègues et moi-même avons été insultés, voire menacés de mort par des élèves", relève-t-elle.
La violence est fréquente dans ce collège, mais rarement aussi forte.
membre du personnel du collège Bois d'Amour
Selon ses dires, quelques jours avant l'agression de Camille, une agente travaillant au self a reçu des "jets de pierre" en sortant du collège. "Elle n'aurait pas été blessée, mais sa voiture serait très abîmée." Selon la DSDEN, qui a réagi à la publication de cet article, cette agression remonte à la semaine précédente et a eu lieu en dehors des horaires de cours. "Cet acte n'a pas été commis par des jeunes qui sont scolarisés au collège du Bois d'Amour", assurent les services de l'Éducation nationale.
En octobre dernier, plusieurs incidents auraient éclaté lors d'une minute de silence en l'hommage de Dominique Bernard, ce professeur d'histoire géographie assassiné à Arras, "dont un élève qui avait éclaté de rire et avait même dit qu'il ne serait pas étonné que le Louvre explose un jour". "Nous avions été choqués de le croiser le lendemain dans le couloir, nous pensions qu'il avait tout de suite été exclu. Mais il a ensuite été exclu une semaine... Pas assez à notre goût, mais c'est déjà ça", glisse-t-elle.
"Pas d'avantage d'incidents que dans les autres collèges"
Interrogée aux sujets de la multiplication d'incidents au sein de l'établissement, la Dsden réfute "une hausse de situations d'actes de violence sur cet établissement scolaire qui ne signale pas davantage d'incidents que les autres collèges du département".
Concernant Camille, sa famille déplore un manque de suivi de la part de la direction de l'établissement. "J'ai rencontré la CPE et la principale adjointe après mon dépôt de plainte, mais le directeur ne se sent pas concerné, indique la mère de la jeune fille. Après l'agression, on ne nous a pas rappelés de suite et le lendemain, j'ai reçu un mail pour signaler l'absence injustifiée de ma fille."
Ma fille veut rester dans cet établissement en septembre mais c'est délicat si tous ses agresseurs sont encore là.
mère de la victime
Du côté du personnel du collège, "nous espérons qu'elle réussira à revenir avant la fin de l'année pour ne pas rester sur un traumatisme ou développer une phobie scolaire".