Près de 200 personnes se sont rassemblées, ce samedi 25 juillet, à Saint-Pée-sur-Nivelle, dans les Pyrénées-Atlantiques, pour demander la remise en liberté de Frédéric “Xistor” Haramburu, un séparatiste basque incarcéré depuis près de trente ans.
Ce matin, à deux ronds-points de Saint-Pée-sur-Nivelle, plus de deux cents personnes ont manifesté, à l’appel de Bake Bidea (Chemin de la Paix) et des Artisans de la Paix, pour la remise en liberté de Frédéric "Xistor" Haramburu, aujourd’hui âgé d’une soixantaine d’années et malade. "J'ai un sentiment de fatigue et d'impuissance totale, parce qu'on est dans un tunnel sans fin. Pour nous, c'est une peine de mort déguisée. A chaque fois, meme si on est très lucides, on garde espoir et c'est la douche froide", regrette Joana Haramburu, la fille de "Xistor".
Rassemblements à Saint Pée appelé par @BakeBidea pour demander la libération des derniers prisonniers basques, notamment Xistor Frederik Haranburu qui a entamé sa 31e année de détention. @MediabaskInfo pic.twitter.com/w9gDm7lOyv
— Anaiz Aguirre Olhagaray (@anaiz_aguirre) July 25, 2020
Parmi les manifestants, Jean-René Etchegaray, président de la Communauté d'agglomération du Pays Basque, est venu apporter son soutien. "On se désole que le Parquet national anti-terroriste (PNAT), sur un jugement du Tribunal de l'application des peines (TAP), excellemment motivé, fasse appel et décide que ce serait désormais à la Cour d'appel de prendre cette décision. J'en appelle à la sagesse des magistrats de la Cour d'appel, puisque le PNAT n'a toujours pas compris ce processus de paix, lancé en 2011", martèle Jean-René Etchegaray.
“Parquet aveugle”
L’ex-etarra pourrait être libéré, le 6 août prochain, sous bracelet électronique, a confié une source judiciaire à l’AFP. "Le tribunal de l'application des peines (TAP) de Paris a accordé un placement sous surveillance électronique probatoire à une libération conditionnelle", a indiqué cette source. Mais le parquet national anti-terroriste (PNAT), a fait appel de cette décision. Si la chambre d’appel infirme la décision du TAP, Frédéric Haramburu restera en détention. Si elle valide la décision, il sera placé sous bracelet électronique, avant une éventuelle libération conditionnelle."C’est scandaleux. On est dans un processus de paix. Ca fait dix ans que la lutte armée est terminée. Et on a un parquet qui est aveugle et sourd et je me demande même si son objectif n’est pas de faire blocage à ce processus de paix", dénonce Michel Berhocoirigoin, membre du collectif des Artisans de la Paix.
Parmi les manifestants, certains avaient préparé des banderoles sur lesquelles on pouvait lire "Libérez Xistor Askatu, 30 ans ça suffit !". À l'aide de bottes de paille, ils ont également donné des tracts aux automobilistes qui passaient sur le rond-point.
Condamné en 1997
Le séparatiste basque avait été condamné à la perpétuité en 1997 pour avoir appartenu au commando français de l’ETA. Une vingtaine d'attentats commis en Espagne dans les années 80 ont été attribués à cette ramification en France de l'organisation séparatiste basque. "S’il avait été jugé et condamné en Espagne, il aurait eu maximum 30 ans. En France, il a eu 18 années de sûreté. Il aurait donc pu être libéré depuis 12 ans. Et même si la peine de mort est interdite en France, la perpétuité permet d’envisager qu'on puisse faire sa peine jusqu’à sa mort", regrette Michel Berhocoirigoin.Frédéric "Xistor" Haramburu avait déjà formulé des demandes de libération, refusées en 2019, par la chambre d’application des peines. Le maire de Bayonne ainsi que Bake Bidea ont demandé un entretien à Eric Dupont-Moretti, le ministre de la Justice, pour discuter de la situation des prisionniers basques. Il en reste aujourd'hui trois dans les prisons françaises. "Je me demande si on n'a pas, dans le PNAT et dans la justice, un certain nombre de personnes qui veulent fermer les yeux sur ce qu'est l'évolution de l'Histoire dans le Pays Basque", questionne Jean-René Etchegaray, qui demande aux magistrats de prendre en compte le contexte de paix actuel dans leur décision.
Du côté des collectifs, un autre rassemblement, de plus grande envergure, est prévu le 19 septembre prochain, en soutien aux différents prisonniers basques.