C'est un geste fort pour le salon de l'agriculture paysanne et durable qui s'est installé, ce dimanche 24 octobre, sur les terres occupées d'Arbonne près de Biarritz. Au-delà des animations habituelles, le problème du foncier agricole au Pays basque est dans toutes les têtes.
L'événement se tient chaque année habituellement à la Halle d'Iraty de Biarritz. Cette année, ce sera à Arbonne, en soutien à la démarche de Lurzaindia (qui défend le foncier agricole) et du syndicat ELB qui, depuis la fin du mois de juin, occupent ces 15 hectares de terres pour dénoncer la spéculation au Pays Basque.
Les organisateurs explique que les conditions ont changer ces 15 dernières années et que pour sa 16ème édition, Lurrama propose une réflexion autour de la thématique « Notre terre, notre alimentation ». Ils expliquent "Depuis toujours, la terre est au cœur des sujets de prédilection de Lurrama, car il est un élément fondamental du métier de paysan, c’est l’outil de travail qui permet de nourrir la population, et à ce titre nous devons la préserver".
Les terres sont occupées depuis le 23 juin dernier. A ce moment-là, la vente avait été annoncée à 3,2 millions d'euros, quatre fois plus que l'estimation de la Safer, 800.000 euros...
La future propriétaire n'avait pas l'intention d'utiliser ce terrain pour l'agriculture... Ils lui avaient demandé de renoncer aux 12 hectares de terres agricoles. La vente a été cassée en septembre. Et l'événement Lurrama 2021 marque également la fin de cette opération d'occupation.
?️ Animazioak aitzina doaz #Lurrama2021|en. Giro bikaina, jateko eta edatekoa eta laister kontzertuak Arbonan!
— Lurrama Elkartea (@Lurrama) October 24, 2021
?️ Très bonne ambiance à Arbonne avec plusieurs animations en cours, buvette et concerts d'ici peu! pic.twitter.com/BDfRjPNMN8
Lurrama ayant été délocalisé, les organisateurs avaient prévu des navettes pour transporter les personnes interessées du centre-ville de Biarritz vers le salon éphémère. Ce qui n'a pas été du goût de tout le monde...
Dc Mme Mialocq, Maire d'#Arbonne a empêché ce matin passage /centre village des navettes conduisant visiteurs dep parking Biarritz -->@Lurrama ,DOUBLANT tps de parcours, obligeant, pour assister aux conf, à prendre les voitures, et piétiner les champs !
— Oihanttoa (@lamiscarreb) October 24, 2021
N'importe quoi?
Des animations et conférences
Côté animations, les familles ont été comblées entre les activités au potager, au verger et autour de l'élevage (tonte, démonstration de chiens de berger, etc)
Côté conférences, on l'a bien compris, c'est les terres agricoles et leur raréfaction qui au coeur des questionnements paysans (« Notre terre, notre alimentation »)
"La terre fait l'objet de nombreux désirs au Pays-Basque. De la terre pour nous nourrir ? Pas forcément justement. Elle est plus souvent convoitée pour être destinée à être un support : support de nos infrastructures routières, ferroviaires, zones artisanales, habitat, mais aussi de plus en plus espace d'agrément pour quelques personnes fortunées comme elle aurait pu l’être à Arbonne sur une quinzaine d'hectares sur la ferme du chemin de Berroeta. C'est cette dernière forme d’accaparement qui a conduit les paysans d'ELB et de Lurzaindia à dire stop le 23 Juin 2021, en démarrant une longue occupation de 4 mois qui s’achèvera le 24 octobre avec Lurrama."
Comme l'idée de produire proche des consommateurs : "si nous mangeons ce qui est produit près de chez nous, nous entretenons la biodiversité cultivée, les races locales, économisons de l'énergie, en transport notamment".
Et l'association de rappeler ces chiffres "En Iparralde (pays basque français, NDLR), nous avons perdu plus de 2 450 ha de terres agricoles de 2015 à 2018 (données de la Safer) alors que le besoin théorique de surfaces agricoles pour alimenter l'augmentation de population sur la même période aurait été de 6 000 ha selon une étude proposée par EHLG que nous présenterons à Lurrama".
L'idée, pour eux, est que le Pays basque puisse gagner en autonomie pour produire notamment les légumineuses et fruits "qui nous font défaut aujourd'hui". Et pour ce faire, il s'agit de favoriser l'installation de nouvelles générations d'agriculteurs qui ne sont "pas forcément des fils et filles de paysans". Ceux-là ont besoin de pouvoir avoir un accès à la terre mais pas à des prix prohibitifs...
Regardez le reportage de Sabrina Corrieri et Emmanuel Clerc.
En savoir plus sur le site du salon Lurrama