Immobilier au Pays basque : 200 habitants manifestent contre la spéculation à Sare

Environ 200 Saratars se sont mobilisés ce samedi 21 janvier pour dénoncer des prix de l'immobilier de plus en plus exorbitants. Dernier exemple en date, la vente d’une maison à 945 000 euros. Le propriétaire se défend de toute spéculation.

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Sare, ses belles maisons labourdines, sa vue imprenable sur la Rhune, qui la surplombe. Comptant parmi « les plus beaux villages de France », le label a aussi son revers de la médaille. Comme dans le reste du Pays basque, la commune voit les prix de l’immobilier s’envoler. Au point d’exaspérer un collectif d’habitants, rejoints par trois élus de la liste «Har Hitza », qui appelaient à la mobilisation ce samedi 21 janvier sur la place du village.

Prenant la parole devant environ 200 Saratar, en basque et en français, deux jeunes villageois égrènent une liste d’annonces : « Maison de 8 pièces, 213 mètres carrés : 1 144 000 euros. Maison 5 pièces, 165 mètres carrés, 730 000 euros. Terrain de 1200 mètres carrés, 300 000 euros… Nous ne pouvons accepter ces prix exorbitants. » Ils pointent aussi du doigt la part des résidences secondaires, qui s’élèvent à 25% dans la commune. « Il est devenu compliqué, voire impossible de se loger à Sare ».

 

Une maison mise en vente à 945 000 euros

Mais la goutte d’eau semble être cette annonce parue il y a une semaine. Une maison de 160 mètres carrés, construite l’an dernier près de l’école, mise en vente au prix initial de 945 000 euros. « Cela revient à 6000 euros le mètre carré. Nous ne pouvons l’accepter. Le vendeur a, depuis, baissé le prix à 720 000 euros, « suite à la pression ressentie. » « Nous savons que le terrain sur lequel a été bâti la maison a été acheté 140 000 euros. La construction de la maison s’estime approximativement à 300 000 euros maximum. Quelle affaire ! »

Présent dans la manifestation, le maire (SE) Jean-Baptiste Laborde se dit « tout à fait en accord » avec la mobilisation : « Ça devient scandaleux, que ce soit à Sare ou ailleurs. Des gens qui spéculent sur la résidence principale, qui n’est pas taxée, et qui automatiquement font flamber les prix. Il faut absolument que nos parlementaires réussissent à cadrer ce genre de choses, par des projets de loi. »

 

Le propriétaire de la maison incriminée se défend

Mais à la fin des prises de parole, alors que le collectif s’apprête à manifester dans les rues de Sare, le propriétaire de la maison incriminée vient à la rencontre des habitants, avec un certain courage, et demande à être entendu. Fabrice, électricien originaire de Saône-et-Loire, explique avoir fixé son prix suivant les estimations de trois agences immobilières, et se défend de toute spéculation :  « Le terrain, on ne nous l’a pas vendu 140 000, mais 150 000 euros. J’ai préféré faire travailler des artisans de la commune, et j’ai utilisé des matériaux de qualité. La maison ne nous a pas coûté 300 000 euros, mais bien plus. Son prix a été estimé entre 950 000 et 1 million d'euros. Je sais que ça va faire tousser beaucoup de personnes, c’est par rapport au prix du marché actuel. On l’a mis dans une fourchette assez haute, pour pouvoir la baisser à la vente. »

Et le propriétaire poursuit : « On s’est endettés, vu l’augmentation des prix des matériaux, il a fallu faire deux crédits à la consommation. La maison, on ne va pas la donner, on ne va pas non plus arnaquer les gens. On veut juste la vendre au juste prix ».

 Ses explications n’ont pas empêché les habitants de poursuivre leur mobilisation, défilant derrière cette banderole « Ezpekulazioik ez » (« Pas de spéculation »). Ils prévoient à ce sujet une réunion ce mardi 24 janvier à 19h à la mairie, et ont lancé l’invitation au vendeur.

 

Récit : Andde Irosbehere 

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