Ils ont été entendus par la juge d'instruction ce samedi après-midi. Le quatrième gardé à vue, le principal suspect, un marginal de 27 ans sera déféré ce soir ou demain. Il n'aurait pas formellement avoué mais il a admis avoir croisé Alexandre le soir de sa disparition.
Une femme et deux hommes sont arrivés à 15h au palais de justice de Pau, chacun dans une voiture banalisée.
Encadrés par des policiers et la tête recouverte d'une bâche noire ou blanche, les trois gardés à vue sont rentrés par une porte latérale du tribunal.
"confrontés aux détails de l'horreur"
" Les parents savent déjà que ce qu'ils vont apprendre va être monstrueux, ils vont être confrontés aux détails de l'horreur", a indiqué Me Pierrette Mazza-Capdevielle, l'avocate de Valérie Lance, la mère d'Alexandre. " Ils attendent que la vérité prime, aussi douloureuse qu'elle soit ", a pour sa part souligné Me Emmanuelle Leverbe, l'avocate du père, Philippe Junca.Ces deux avocates, venues au Palais de Justice de Pau samedi après-midi pour répondre aux questions des journalistes et éviter ainsi que leurs clients ne soient dérangés, ont souligné de concert que " si les faits sont établis, ils s'apprêtent à vivre des moments difficiles, aussi difficiles que ce qu'ils ont vécu jusque-là ".
Au total, six personnes ont été placées en garde à vue, depuis mercredi, dans la région de Pau dans le cadre de l'information judiciaire ouverte au tribunal de grande instance pour l''assassinat d'Alexandre Junca. Deux d'entre elles ont depuis été remises en liberté, a rappelé dans un communiqué le procureur de la République, Jean-Christophe Muller.
Le principal suspect a croisé Alexandre
Après plus de 48 heures de garde à vue, le principal suspect a "détaillé sa soirée du samedi 4 au 5 juin 2011" , le soir de la disparition d'Alexandre à Pau,). Selon une source proche de l'enquête, " confronté aux éléments tangibles de la téléphonie (permettant la localisation de personnes), il a reconnu être aux abords de la rue où a disparu Alexandre aux heures auxquelles se sont déroulés les faits". On peut dire qu'il a " rencontré Alexandre " et donc qu'un " lien direct " a été établi," des avancées constructives " permettant aussi " de caractériser la présence " de certaines des quatre autres personnes en garde à vue dans cette affaire depuis mercredi matin. " Le suspect n'a pas reconnu avoir commis des violences sur Alexandre ", a-t-on en revanche insisté.
"Il n'est pas possible, à ce stade des investigations, d'identifier formellement le ou les auteurs du crime", a dit de son côté le parquet hier vendredi.
Le principal suspect a également admis qu'il était en possession d'un marteau. Cet outil serait la même arme que celle avec laquelle il a agressé un SDF à Pau le 12 juillet 2011, un mois après la disparition d'Alexandre, agression pour laquelle il est en prison en Dordogne actuellement.
Une enquête longue et difficile
" L'enquête a été très difficile dès le départ, il n'y avait aucun élément objectif, pas de scène de crime, pas de trace de la disparition et pendant ces 22 mois, les enquêteurs ont fait un travail énorme et très bien mené leur enquête ", a reconnu Me Mazza-Capdevielle.
Les investigations ont tout de même montré que le corps d'Alexandre, retrouvé démembré dans le Gave, la rivière qui traverse Pau, avait été découpé par plusieurs outils différents, et sans doute par des personnes différentes, sans qu'on puisse encore déterminer s'il y a eu plusieurs meurtriers.
Ce crime a donné lieu à plus de 2.000 procès-verbaux, des centaines d'auditions et quelques gardes à vue sans suite.
La disparition d'Alexandre avait suscité beaucoup d'émotion à Pau
Alexandre, 13 ans, avait disparu le 4 juin 2011 alors qu'il se rendait chez son père, dans le centre de Pau. Un fémur de l'adolescent avait ensuite été retrouvé le 26 juin dans le Gave, puis le reste de son corps les 19 et 20 octobre, alors qu'il gisait sous des gravats, dans cette même rivière.
La mort d'Alexandre avait suscité d'importantes manifestations de solidarité à Pau. En juillet 2011, environ 4.300 personnes avaient participé à une marche en hommage à l'adolescent disparu.