Raymond, Poulidor, Poupou... décès d'une légende du cyclisme

Raymond Poulidor nous a quitté à l'âge de 83 ans ce mercredi 13 novembre 2019, la France est en deuil, les Limousins ont perdu l'un des leurs.  

Raymond…

Raymond c’est ce gamin né le 15 avril 1936 dans la Creuse au hameau des Gouttes à Masbaraud-Mérignat, aujourd'hui commune déléguée de Saint-Dizier-Masbaraud. Ses parents y sont métayers, ils ont déjà quatre enfants à l’arrivée du petit Raymond.
Ils s’installeront ensuite à Champnetry (Haute-Vienne) tout près de Saint-Léonard-de Noblat, où Raymond passera son adolescence.

Le vélo c’est d’abord la passion de ses grands frères André et Henri. Raymond les accompagne sur les courses de village, les encourage et commence à se prendre au jeu…

Alors quand il décroche son certificat d’étude à Auriat (Creuse), pour le récompenser son instituteur lui offre un abonnement au magazine Miroir Sprint, dans lequel il va suivre les exploits des grands champions comme Louison Bobet ou Raphaël Géminiani. Raymond se prend à rêver…

Il accompagne alors ses frères dans leurs entraînements, pour cela il emprunte discrètement le vélo de sa mère, il est lourd, il n’est pas fait pour ça, mais Raymond a suffisamment de volonté et de talent pour le faire grimper plus vite que les vélos de course de ses frangins dans les lacets limousins.
Pour ses 16 ans, impressionné par les prouesses de Raymond, un marchand de bicyclettes de Sauviat-sur-Vige (Haute-Vienne) offre à l’adolescent un vélo demi-course. Il va alors commencer à s’entraîner tous les jours. Contre l’avis de sa mère qui n’aime pas savoir son petit dernier sur la route. Il prend alors sa toute première licence au club de  la pédale marchoise  de Montboucher (Creuse), nous sommes en 1952.  Raymond obtient sa toute première victoire deux ans plus tard au grand prix de Quasimodo de Saint-Léonard-de-Noblat (Haute-Vienne).
 

Poulidor….

Poulidor, c’est ce cycliste hors norme, ce forçat du bitume, capable de développer une force physique et un mental incroyables. Un palmarès qui n’en finit pas, l’un des plus impressionnants du monde, tous sports confondus, une longévité sportive exceptionnelle.

Dès mes premières courses on m’a catalogué comme une vedette et on me payait p^ratiquement plus que ceux qui avaient gagné, alors moi je me laissais porter j’étais heureux  » expliquait Poulidor sur le Tour de France 2019…

Et pour cause, dès ses premières compétitions un peu relevées Poulidor fait toute la course en tête.
En 1956 il est invité sur le Bol d’Or des Monédières, car considéré comme l’un des plus grands espoirs du Limousin. Il va courir aux côtés de ses héros, Bobet et Géminiani. Pour sa première participation il termine 6ème.
Il est alors temps pour lui de partir faire son service militaire.

Son retour est très attendu par les équipes professionnelles, elles le veulent. Poulidor devient pro en s’engageant en 1960 auprès de Mercier sous la houlette de celui qui devient alors son mentor, le directeur sportif Antonin Magne. Il restera fidèle à cette équipe toute sa carrière.

Et quelle carrière !

Si dans la mémoire collective Poulidor c'est l'éternel second, sur le papier on est loin du compte. Avec 187 victoires à son actif, Poulidor en fait rêver plus d’un.

Alors oui dans le Tour de France Poulidor n’a jamais porté le maillot jaune, sur le podium final il est toujours arrivé derrière Anquetil, puis derrière Merckx, mais que de batailles gagnées, que de duels remportés. Sept victoires d’étapes, 6 cols passés en tête, et 14 participations, c’est deux fois plus que ses rivaux.
 


Poulidor c’est ce grimpeur impressionnant de puissance, Poulidor c’est le courage que même la chute et le sang n’arrêtent pas. Poulidor c’est ce champion capable de se transformer en équipier pour ne pas lâcher son équipe. Poulidor c’est un coureur comme on en fait plus…

 

Nous sommes sur le Tour de France 1967, dans le massif des Vosges, le temps est apocalyptique.
Des trombes d’eau, un orage des plus violents, alors qu’il avait fait la course en se « sentant bien » à 70 kilomètres de l’arrivée Poulidor chute, son vélo est tordu, pas question d’abandonner, il arrête un coéquipier moins à l’aise dans ce déluge et enfourche sa bicyclette. Poulidor est l’un des leaders de l’équipe de France, le voilà coéquipier. Déployant une force incroyable pour raccrocher le peloton il est victime d’une fringale, il zigzague, s’effondre mais n’abandonne pas. Cette année là il finit 9ème du tour. Il est l’éternel premier dans le cœur des Français.

Poupou…



Poupou c’est cet homme qui incarne toutes les valeurs du sport. Poupou c’est ce français moyen, issu d’une famille modeste qui a su mettre les grands à ses pieds.

L’engouement de tout un peuple autour de son héros, c’est ce que son ami Antoine Blondin appelait la « poupoularité ».

« Sa chance, c’est qu’il convoite des eldorados sans cesse reculés et différés, à l’image de nos rêves avortés et de nos ambitions déçues ! C’est la Vox Populidori ! »

Parce que même après sa carrière, qu’il boucle en décembre 1977, à presque 42 ans, Poupou continue de vivre cyclisme.

"Le Tour de France et le cyclisme, c’est ma vie. […] je ne vivrai pas suffisamment pour être assez redevable à tout ce que le cyclisme m’a apporté » midi libre 26.07.19

Poupou c’est 57 Tours de France. 18 comme coureur, les autres en tant que suiveur.
En 2019 encore il accompagnait les invités prestigieux, leur faisait vivre l’étape dans sa voiture, commentant chaque difficultés, les émaillant de 1000 anecdotes.

Poupou c’est celui auquel on s’identifie, qu’on soit ch’ti ou Marseillais, mais Poupou il est à nous quand on est Limousin.

Poupou c’est l’accent de notre terroire, les omelettes aux cèpes à 9 heures du matin sur le Tour du Limousin. Poupou c’est notre star. Il a des rues, des places, un vélodrome à son nom. Mais son nom il est avant tout et pour toujours gravé dans nos cœurs.

 

 
Raymond Poulidor : la disparition d'une légende - Ce soir en direct à partir de 18h
  • Hommage à Raymond Poulidor, éternel second du tour de France mais premier dans le coeur des Français  
France 3 Nouvelle Aquitaine -Edition du Limousin- bouleverse ses programmes suite à la disparition de Raymond Poulidor décédé le 13 novembre à l'âge de 83 ans, et propose 45 mn en direct avec de nombreux témoignages pour revenir sur la carrière d'un champion hors du commun qui avait ses racines en Limousin, des duplex depuis les lieux importants de sa vie, mais aussi des réactions et des images d'archives rares. 
 
Autour de Cécile Gauthier, en plateau : 
 
- Claude Fayemendy, président du comité d'organisation du tour du Limousin 
- Claude Monnerie, ancien journaliste sportif (France 3)
- Bernard Verret, ancien journaliste sportif (Le Populaire) 
- Jean-Louis Roche, speaker tours cyclistes 
 
Et aussi...
- Réaction des habitants de Saint-Léonard-de-Noblat (87), sa commune 
- Réaction à Masbaraud-Mérignat (23), lieu de son enfance 
- Réaction du milieu sportif 
 
  • L'édition régionale du 19/20 sera largement consacrée à la disparition de Raymond Poulidor à partir de 19h00.
 
  • Vendredi 15 novembre à 9h15 sur France 3 Nouvelle-Aquitaine, rediffusion du  documentaire Raymond Poulidor, notre champion, un film réalisé par Jean Luret qui raconte l'histoire d'un homme secret, persévérant et qui a construit sa carrière sur les monts du Limousin avant d'affronter les plus grands cyclistes. 
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