Après l'annonce du renouvellement pour 5 ans du glyphosate, Delphine Batho, ancienne Ministre de l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie, et députée des Deux-Sèvres et Paul François, Président de "Phyto-Victimes", réagissent.
Les Etats membres de l'Union européenne (UE) ont accepté lundi 27 novembre d'autoriser pour cinq ans supplémentaires le glyphosate. Cette décision provoque la colère des opposants à cet herbicide controversé.
Un problème de santé publique
Delphine Batho, députée des Deux-Sèvres, précise que "la décision qui a été prise me semble illégitime parce qu'elle se repose sur une falsification scientifique et donc doit être vigoureusement contestée, y compris sur le plan judiciaire.". Pour la députée, l' Autorité Européenne de sécurité des aliments, dont l'avis a servi de base à la décision de l'Europe, fait des "copié/collé des documents de Monsanto".
Je souhaite que la France saisisse la Cour de justice de l'Union Européenne de cette situation qui est inacceptable en terme de collusion entre des intérêts privés et la décision publique.
Paul François, Président de Phyto-Victimes, l’association d’aide aux professionnels victimes des pesticides, sait de quoi il parle. Intoxiqué par le LASSO, un produit de la firme américaine qui commercialise aussi le glyphosate, il a réussi après des années de procédure à faire condamner Monsanto. Mais il sait combien la firme est douée pour minimiser les conséquences :
Quand je me suis intoxiqué avec le Lasso, j'ai vu comment une firme est capable de minimiser l'impact sur la santé. Je suppose que, pour le glyphosate, ils font la même chose. Mais suffisamment d'études montrent que ce produit est classé "probable cancérogène", donc il faut le retirer, il n'y a plus de doutes.
Accompagner les agriculteurs
Pour Delphine Batho, il faut "accompagner les agriculteurs qui sont déjà dans des situations très difficiles pour réussir cette mutation."
Cette alternative existe, elle ne demande qu'à se déployer. On a besoin de l'interdiction de ces substances pour pouvoir rendre compétitivé les autres solutions.
Paul François, quant à lui, demande une approche agronomique du métier :
Augmenter les rotations et avoir des couverts végétaux. Tout ce travail permettra de supprimer le glyphosate. C'est pas simple, ça se fait sur du long terme. Les agriculteurs ont conscience qu'il ne faut plus utiliser des produits dangereux.
Le reportage complet avec Paul François, ce matin, en Charente
L'intégralité de l'intervention de Delphine Batho dans le journal de midi de France 3 Poitou-Charentes