Le Président de la République l'a annoncé dans son allocution de dimanche soir, les enfants de la maternelle au collège devront retourner à l'école à partir du 22 juin. Une décision qui ne convainc ni les enseignants ni les parents.
Le président de la République l'a annoncé dans son allocution télévisée de dimanche soir, à partir du 22 juin, l'école sera obligatoire pour les enfants de la maternelle au collège.
Depuis le 11 mai, date du début du déconfinement, le retour à l'école se faisait sur la base du volontariat. Ce ne sera donc plus le cas lundi prochain.
Mais le Président n'a pas donné plus de détail, c'est maintenant le ministre de l'Éducation Nationale, Jean-Michel Blanquer qui va devoir donner toutes les précisions et dire, notamment aux enseignants, quel sera le nouveau protocole sanitaire mis en place dans les établissements scolaires. Cela devrait être fait ce mardi 16 juin.
Les syndicats enseignants ont cependant été reçus ce lundi au ministère. Et pour Francette Popineau, enseignante à Poitiers et secrétaire générale du SNUIPP-FSU, tout se fait dans l'improvisation.
Il y a un décalage entre le ministère et la réalité du terrain.
- Francette Popineau, secrétaire générale du SNUipp
Seul élément concret sur la nouvelle organisation sanitaire, les espaces entre les élèves seront réduits. Depuis le 11 mai, il fallait réserver quatre mètres carrés par enfant. Désormais il faudra un espace d'un mètre à droite et à gauche. Pour autant, selon Francette Popineau, diminuer la distance ne résout pas tout : "Si on a une classe à 20 ou 21 élèves, ça ne posera pas de problèmes. Dans les classes de 27 ou 28 élèves comme c'est souvent le cas dans les cours moyens par exemple, même un mètre ce sera impossible dans certaines écoles."
Pour elle il y a une impréparation totale dans la gestion de cette crise.
On n'était pas préparés à la fermeture, ni à l'enseignement à distance, ni à l'accueil des enfants de soignants et ni à la reprise.
- Francette Popineau, secrétaire générale du SNUipp
De plus, accueillir plus d'enfants à l'école, cela signifie faire entrer plus d'adultes. Plus d'ATSEM (agent territorial spécialisé des écoles maternelles), plus d'enseignants, plus de parents.
"Une reprise pour deux semaines, ça ne rime à rien."
Du côté des parents, cette annonce du Président de la République ne semble pas les convaincre tous. C'est le cas par exemple, de Cathy, à Nercillac en Charente. Cette mère de famille est immunodéprimée, c'est à dire que son organisme manque de moyens de défense. Pour elle, pas question de remettre ses deux enfants, en grande section en en cours préparatoire à l'école.
Je ne vais pas les mettre à l'école, s'il y a un contact avec le virus, ils vont le ramener à la maison. Et puis pour 10 jours, ça ne vaut pas la peine.
- Cathy, mère de famille
Pour Stéphanie, mère au foyer de trois enfants au collège, en primaire et en maternelle, et qui vit à Dangé-Saint-Romain dans la Vienne, pas question non plus de remettre les enfants à l'école.
Les enfants travaillent très bien à la maison avec les cours des enseignants sur internet. Les remettre pour 10 jours, ça ne sert à rien.
- Stéphanie, mère de famille
De plus, explique-t-elle : "On a passé notre temps à leur dire qu'ils n'allaient pas à l'école à cause du virus. Là on leur dit le virus est toujours là, mais vous pouvez aller à l'école. Ça n'a pas de sens."
Pour ces mères de famille, ne pas remettre les enfants à l'école signifie qu'elles devront fournir un certificat médical pour les deux semaines jusqu'aux grandes vacances.
Pour la Fédération des Conseils de Parents d'Élèves, la FCPE, réaction plutôt mitigée. Hervé Piquion, le secrétaire départemental de la fédération de la Vienne nous dit : " Faire une reprise le 22 juin nous laisse à penser que le protocole sanitaire on en fait ce qu'on veut."
Mais il explique aussi : "que les enfants retournent à l'école d'ici à la fin de l'année, on peut le comprendre aussi pour terminer cette phase. Ce n'est pas forcément inutile. Que les élèves se retrouvent devant leur enseignant avant la fin, ça a du sens."