Nommés il y a deux ans, cinq experts chargés d'établir les faits et de proposer des mesures en faveur des victimes présenteront mardi 10 avril 2018 un rapport de plus de 700 pages à la Ministre des Outre-Mer. France 3 Limousin sera en direct avec Philippe Vitale, le président de la Commission.
Entre 1963 et 1982, sur l'île de la Réunion, plus de deux mille enfants et adolescents ont été enlevés à leur famille par l'administration pour être envoyés dans des départements ruraux de métropole sans billet de retour.
Certains étaient orphelins, mais beaucoup furent enlevés à leurs parents, toujours dans des familles pauvres de l’île de la Réunion.
Les services sociaux les ont systématiquement coupés de toute racine familiale, de tout contact avec leurs parents. Certains ont dû changer de nom, d'autres ont cru que leurs parents étaient morts. Quelques-uns ne les retrouveront que des décennies plus tard.
Une fois en métropole, les enfants réunionnais ont été dispersés dans plusieurs départements ruraux en proie au déclin démographique.
C’est la Creuse, qui a accueilli le plus gros contingent.
Dans un premier temps, ils ont été placés dans des foyers de la DDASS comme celui de Guéret, puis confiés à des familles d’accueil, souvent dans des fermes.
Certains ont été bien accueillis. D'autres ont été exploités, maltraités, humiliés, coupés de leur fratrie et ballottés de foyers en familles d'accueil peu scrupuleuses qui ont profité de leur désarroi. Tous ont été définitivement coupés de tout lien avec leurs racines et leur famille restée à la Réunion.
A partir des années 80, plusieurs victimes de cet exil forcé ont tenté des recours judiciaires, de façon individuelle ou collective. Aucun n’a abouti.
Devant l'impasse judiciaire, c'est la voie politique qui va sortir le drame des "Réunionnais de la Creuse" de l'oubli auquel il semblait être condamné.
En février 2014, la députée socialiste de la Réunion Ericka Bareigts a fait adopter une résolution mémorielle reconnaissant la responsabilité de l’Etat Français dans cette affaire par l’Assemblée Nationale.
En Février 2016, le gouvernement a nommé une commission nationale d'experts pour l'information et la recherche historique sur cette affaire.
Elle est officiellement "chargée d’étudier et de rendre un rapport sur le déplacement vers la France hexagonale, entre 1963 et 1982, d’enfants et d’adolescents réunionnais, en vue de repeupler les départements en cours de désertification".
Les cinq membres de cette commission ont effectué de nombreuses auditions et pu consulter toutes les archives administratives liées à cette affaire.
L’an dernier, elle a proposé un premier train de mesures en faveur des victimes reprises pour la plupart par le Gouvernement. Parmi ces mesures, un accompagnement financier pour pouvoir se rendre à la Réunion afin de retrouver leurs familles perdues de vue depuis des décennies.
Pour aller plus loin : lire LE DOSSIER COMPLET sur l'affaire des "Réunionnais de la Creuse"