Les résultats des élections sénatoriales n'apportent pas de grands bouleversements dans le paysage politique du Poitou-Charentes. À noter quand même, le pari réussi du socialiste Mickaël Vallet en Charente-Maritime et l'élection au Sénat de trois présidents de départements sur quatre.
C'est l'une des particularités de ce scrutin, les présidents des départements de la Vienne, des Deux-Sèvres et de la Charente étaient candidats aux élections sénatoriales et ils ont tous les trois été élus. Ce résultat va entraîner un changement mais sans révolution ou bouleversement prévisible à la tête des trois assemblées départementales, les nouveaux élus pouvant conserver leur poste de conseiller départemental mais pas la présidence de l'éxécutif.
Dans ces trois départements, de nouvelles élections vont être prochainement organisées pour élire les nouveaux présidents des conseils départementaux. Ces derniers resteront en place jusqu'en mars 2021, date des prochaines élections départementales. A noter qu’en Charente-Maritime, Dominique Bussereau a annoncé depuis longtemps qu’il ne briguerait pas de nouveau mandat.
Les nouveaux sénateurs tout juste élus, eux, vont rapidement rejoindre Paris pour l'élection du président du Sénat, prévue jeudi.
Dans la Vienne, Bruno Belin et Yves Bouloux élus dès le premier tour
Pas de surprise dans la Vienne où la droite conserve très facilement ses deux sièges de sénateurs. Le sénateur Yves Bouloux qui avait succédé à Jean-Pierre Raffarin en 2017, a été réélu dès le premier tour avec 714 voix, (62% des suffrages) ainsi que Bruno Belin, jusqu'alors président du conseil départemental, qui a récolté 767 voix, (66% des suffrages). Alain Fouché, le sortant, ne se réprésentait pas. L'équilibre entre le nord et le sud du département est respecté avec l'implantation locale des nouveaux élus, l'un à Montmorillon et l'autre à Monts-sur-Guesnes.Ces scores sans appel, et alors que la droite détient ces postes de sénateurs depuis très longtemps, laissent tout de même entrevoir quelques raisons d'espérer du côté de la gauche. Gisèle Jean, la candidate unique de la gauche, a recueilli 30% des voix et amélioré le score de la gauche par rapport aux précédentes élections et le candidat vert, Thierry Perreau a récolté 24% des suffrages. Arnaud Fage, pour le Rassemblement National, a obtenu 3% des voix. Le Parti Socialiste et LREM ne présentaient pas de candidat dans ce département.
"Les sénatoriales sont souvent présentées comme le troisième tour des municipales et on retrouve les résultats des municipales à travers ceux des sénatoriales" explique le politologue, Dominique Breillat
Dans les Deux-Sèvres, la droite profite de la mésentente entre le PS et les écologistes
Philippe Mouiller, élu sénateur en 2014, a été réélu dès le premier tour avec 68,4% des voix et la droite conserve les deux sièges de sénateurs du département mais la partie a été plus difficile pour Gilbert Favreau, le président du conseil départemental qui a été élu au second tour. Il devance de 39 voix la candidate socialiste, Nathalie Lanzi, vice-présidente de la région (385 voix) que le maintien du candidat écologiste, Nicolas Gamache, au second tour (200 voix) a certainement privé de la victoire."La présence de Nicolas Gamache au deuxième tour a empêché Nathalie Lanzi de pouvoir espérer devenir sénatrice. Mais au premier tour, la présence de Xavier Argenton avait aussi handicapé Gilbert Favreau." analyse Dominique Breillat.
A droite, l'ancien maire de Parthenay Xavier Argenton s'est désisté en faveur de Gilbert Favreau, élu du canton de Parthenay avant de devenir président du conseil départemental en 2015.
Ce résultat est très commenté depuis hier soir dans les Deux-Sèvres, la candidate socialiste accuse le candidat EELV de ne pas avoir tenu parole et parle aujourd'hui d'une "trahison" de sa part ainsi que de calculs politiques en prévision des élections à venir. Nicolas Gamache, pour sa part, affirme que, pour lui, son maintien "n'a pas fait perdre la gauche et qu'il s'agit d'une décision collective au sein du parti." "Il y a aussi un problème de fond, un manque de clarté sur la vision écologiste que porte le PS" ajoute le candidat EELV, dont le parti à l'issue de ces élections a pu reformer un groupe au Sénat pour la première fois depuis 2017.
Au lendemain du vote, Nathalie Lanzi ne cache pas son amertume :
En Charente, la gauche perd un siège
La gauche détenait, depuis douze ans, les deux postes de sénateurs charentais. L'élection de François Bonneau, jusqu'alors président DVD du département, a changé la donne. Le résultat de ce dimanche découle, là aussi, en grande partie de celui des dernières municipales car avant de perdre un siège de sénateur, la gauche charentaise avait perdu des mairies lors des dernières élections municipales et notamment Cognac. Le corps électoral des grands électeurs appelés à voter a changé et c'est ce qui explique en partie le résultat de ce dimanche.Dans le détail, la socialiste Nicole Bonnefoy, sénatrice depuis 2008, a été réélue dès le premier tour avec 673 voix sur les 1142 grands électeurs de Charente. En revanche, le second candidat du Parti Socialiste, Jérôme Royer, ancien maire socialiste de Jarnac, n'a pas réussi à conserver à gauche le siège de Michel Boutant (PS) qui ne se représentait pas. Il a été remporté par François Bonneau (DVD) qui "bénéficiait certainement d'un atout considérable en tant que président du département" analyse Dominique Breillat.
En Charente-Maritime, la surprise de Mickaël Vallet
La Charente-Maritime est le seul département du Poitou-Charentes à élire trois sénateurs et à voter à la proportionnelle. L'équilibre politique y est resté le même avec deux sénateurs de droite et un à gauche. A droite, Corinne Imbert, élue en 2014, et Daniel Laurent, élu en 2008 et réélu en 2014, ont conservé leur siège sans difficulté. La surprise vient de la gauche avec le duel qui s'est joué entre le sénateur sortant Bernard Lalande et Mickaël Vallet, le maire de Marennes-Hiers-Brouage, qui partait avec l'étiquette officielle du PS. C'est Mickaël Vallet qui a gagné et qui devient à 41 ans, sénateur de Charente-Maritime, le plus jeune en Poitou-Charentes. Sa liste a remporté 500 voix alors que celle du sénateur sortant n’a compté que 372 bulletins.Mickaël Vallet a été élu maire de Marennes en 2008 et conseiller départemental en 2011. Il a été candidat aux législatives en 2017
Séverine Werbrouck, tête de liste du Rassemblement National a recueilli 54 voix.
Portrait de Mickaël Vallet, un homme pressé :
Retrouvez tous les résultats sur le site du ministère de l'intérieur.