Alors que des doutes sur une candidature de François Hollande s'expriment de plus en plus ouvertement, l'hypothèse d'une entrée en lice de l'ancienne patronne de Poitou-Charentes, dix ans après la présidentielle de 2007, refait surface, en cas de renoncement du chef de l'État.
Le député Patrick Mennucci a été le premier à évoquer publiquement l'idée, vendredi dernier, après la polémique suscitée par les confidences du chef de l'État dans le livre "Un président ne devrait pas dire ça"."Si (François Hollande) n'y va pas, d'autres ont la capacité d'y aller. Je crois que le Premier ministre (Manuel Valls), même s'il ne l'a pas exprimé, est un candidat potentiel (...) Et puis il y a d'autres personnalités, je pense notamment à Ségolène Royal, qui pourrait parfaitement être candidate", a expliqué celui qui fut directeur adjoint de la campagne de Ségolène Royal en 2007, sur iTÉLÉ.
"On a besoin de quelqu'un qui fasse revenir des électeurs qui sont allés chez Jean-Luc Mélenchon. Elle est aussi capable de circonvenir Emmanuel Macron : à partir du moment où quelqu'un du camp social-démocrate aura des résultats supérieurs aux siens (dans les sondages, ndlr), Macron hésitera", développe M. Mennucci auprès de l'AFP. "Il faut qu'elle sache que beaucoup de dirigeants sont prêts à l'accompagner", s'enthousiasme-t-il.
ramener des voix à gauche ?
L'ancien député européen écologiste Daniel Cohn-Bendit en est persuadé : "Si Hollande ne se présente pas, elle se présentera contre Manuel Valls". "Ce sera la «bravitude» contre le républicanisme du coup de menton et le national-patriotisme de Montebourg", a-t-il affirmé mardi à la Tribune de Genève.Avantage de la candidature de la ministre de l'Environnement par rapport à celle de M. Valls : "Ségolène Royal est plus centrale, elle peut
ramener des voix à gauche", estime un partisan. Certains au PS imaginent même un "axe Royal-Macron". Sans aller jusque-là, l'ex-ministre de l'Environnement Nicole Bricq, proche d'Emmanuel Macron, parle d'une "bienveillance mutuelle", notant "qu'au gouvernement, il n'ya pas eu de contentieux entre eux deux alors que, par fonction, ils pouvaient s'opposer".
Question de timing ?
Ségolène Royal y pense-t-elle ? Interrogée par la presse lundi, elle s'est contentée de répondre en riant qu'elle "ne s'exprim(ait) paslà-dessus". En octobre 2014, elle avait été catégorique pour exclure une candidature en 2017: "ce n'est plus mon timing, ça ne correspond plus à mon engagement", avait-elle déclaré.
Mais, dimanche, l'ex-compagne de François Hollande a elle-même relancé les spéculations, en prenant sur Notre-Dame-des-Landes une position tranchant nettement avec celle du Premier ministre. Une manière de se placer dans la course, alors que Manuel Valls envoie lui aussi régulièrement des signaux sur sa disponibilité en cas de défection du président ? "Tout le monde l'a interprété comme cela", note un responsable du PS.
Des mauvais souvenirs à gauche ?
Un écologiste réformiste n'accorde cependant "aucun crédit" à ce scénario. "Cela réveille des mauvais souvenirs, notamment chez les responsables politiques de gauche". En outre, la ministre, qui était arrivée 4e de la primaire de 2011 avec seulement 7% des voix, viserait plutôt selon cette source "une responsabilité internationale", par exemple celle de "secrétaire générale adjointe de l'ONU au climat". Ou alors un siège de sénatrice des Hauts-de-Seine.Un député PS légitimiste dit douter que Ségolène Royal ait "envie d'apparaître comme la roue de secours parce que la maison brûle".
L'hypothèse pourrait avoir avant tout un but tactique : faire savoir aux partisans les plus va-t-en-guerre du Premier ministre qu'il trouvera sur sa route Mme Royal. Et pourquoi pas également Marisol Touraine, Christiane Taubira ou Najat Vallaud-Belkacem...
A gauche du PS, l'idée d'un come-back de Mme Royal est en tout cas accueillie avec ironie. "C'est un peu «Retour vers le futur»! On a
l'impression d'un parti qui est comme un disque rayé, avec toujours les mêmes personnes qui reviennent", raille une députée.