Un couple de Limoges a été arrêté début octobre avec plusieurs dizaines de milliers d'euros en billets "moisis" issus d'une partie du trésor de l'ancien dictateur libyen Kadhafi. Les billets achetés moins chers que leur valeur étaient échangés dans des banques françaises.
Ce couple de Limoges en possession de 20 000 euros en billets "moisis" a été placé sous contrôle judiciaire. La femme a été interpellée à Angoulême. Les deux personnes ont été relâchées mais sont soupçonnées de blanchiment en bande organisée et recel de vol aggravé selon le Parisien-Aujourd'hui qui a révélé l'affaire mardi 6 octobre.
L'information a été confirmée par une source policière à l'Office central pour la répression du faux-monnayage chargé de l'enquête.
L'homme de 39 ans avait déjà été interpellé en début d'année lors d'un contrôle de routine en Belgique avec près de 15 000 euros de billets abimés. Après enquête, il s'avère que ces billets, des grosses coupures, proviennent du pillage en 2017 d'une banque de Benghazi en Libye. Près de 160 millions d'euros étaient stockés dans la banque et appartenaient à l'ex-dictateur Libyen décédé Muammar Kadhafi dont la fortune s'élevait à 87 milliards d'euros, accumulée sur trente ans de règne.
La moitié du pactole de Benghazi saisie par des milices aurait servi à acheter des armes et a été placé dans d'autres banques. La moitié de la somme serait écoulée en Europe mais ce magot était, semble-t-il en mauvais état, détérioré par l'eau, après des attaques.
Les billets ont été revendus au marché noir, "à la mafia turque entre 20 et 40 % de leur valeur faciale" , indique un rapport européen.
Argent rapporté de Turquie
Lors de leur enquête, les policiers sont remontés jusqu'à la femme du couple. Cette gérante de société, âgée de 42 ans, d'origine Turque et résidant en Charente travaille sur des marchés en Limousin et en Poitou-Charentes. Elle est déjà connue pour des faits d'escroquerie et faisait régulièrement des allers-retours en Turquie pour rapporter à chaque fois entre 5 et 10 000 euros de billets, moisis, entre 50 et 75 % de leur valeur pour ensuite les écouler et les échanger dans des banques. Elle avait aussi mandaté son ami pour écouler les coupures dans les pays frontaliers.Le couple aurait réussi à "échanger" ainsi près de 40 000 euros du trésor Libyen. Il s'agirait de la plus grosse trace du pactole trouvé en Europe.
Le parquet d'Angoulême est saisi de l'affaire. Le couple risque jusqu'à dix ans d'emprisonnement et 750 000 euros d'amende.