Huit arrêtés sont parus vendredi au Journal officiel, autorisant des chasses d'oiseaux dites traditionnelles par piégeage malgré une décision du Conseil d'Etat qui les jugeait illégales, arrêtés immédiatement attaqués par des associations.
Le 6 août dernier, le Conseil d'Etat annulait plusieurs autorisations de chasse des vanneaux huppés, pluviers dorés, alouettes des champs, grives et merles noirs avec des filets (pantes, tenderies) ou de cages (matoles), jugeant "que ces autorisations délivrées par le ministre chargé de l'environnement ne sont pas conformes aux exigences du droit européen relatif à la protection des oiseaux".
La directive européenne "oiseaux" de 2009 interdit les techniques de capture massive d'oiseaux sans distinction d'espèces. Une dérogation est possible "à condition d'être dûment motivée et dès lors +qu'il n'existe pas d'autre solution satisfaisante+ pour capturer certains oiseaux", rappelait le Conseil d'Etat.
Le gouvernement a toutefois décidé de reprendre huit arrêtés pour 2021-2022, parus vendredi. Ils autorisent
la capture de l'alouette des champs au moyen de matoles" dans les Landes et en Lot-et-Garonne
la capture de l'alouette des champs au moyen de pantes" en Gironde, dans les Landes, en Lot-et-Garonne et Pyrénées-Atlantiques
la capture des vanneaux huppés et des pluviers dorés au moyen de tenderies aux filets" dans les Ardennes
la "tenderie (noeud coulant) aux grives et aux merles noirs" dans les Ardennes.
Cette mesure est interprétée par les associations comme un geste envers l'électorat très courtisé des chasseurs qui ont défilé à Mont-de-Marsan le 18 septembre. 20 000 chasseurs venus de toute la France s'étaient alors retrouvés pour une manifestation historique.
Quelques jours plus tôt, le gouvernement semblait déjà marqué un recul.
Un revirement confirmé avec la publication de nouveaux arrêtés aussitôt critiqués par les associations de défense des animaux
"C'est une décision du Président de la République imposée aux ministres de l'Ecologie", commente la LPO dans un communiqué, alors qu'il est déjà reproché à Emmanuel Macron plusieurs largesses à l'égard des chasseurs pour s'assurer leurs votes.
La LPO a annoncé vendredi avoir attaqué ces nouveaux arrêtés devant le Conseil
d'Etat,en référé et sur le fond. Son président Allain Bougrain-Dubourg s'était exprimé hier jeudi lors d'une rencontre avec la presse.
Ce n'est pas très classe de prendre ces arrêtés un vendredi pour gagner un week-end de chasse
Sur son site, l'association One voice annonce, elle-aussi, avoir attaqué ses arrêtés. Elle s'interroge ironiquement :
Le gouvernement ne trouve rien de mieux à faire que de brosser les chasseurs dans le sens du poil. Y aurait-il des élections prochainement ?
Il faut compter deux à trois semaines pour que la plus haute juridiction administrative française se prononce.
Dans les Landes, les chasseurs retrouvent leurs habitudes
De leur côté, les chasseurs ont profité ce week-end de l'autorisation retrouvée de la chasse à l'alouette. Alexandre Perrin et Laurent Montiel sont allé à la rencontre de passionnés dans les Landes.