La Dordogne y est favorable, la Gironde plus réticente… Les départements peuvent désormais choisir d'assouplir la limitation à 80 km/h sur les routes. Mais les conditions préalables fixées par l'Etat sont particulièrement contraignantes, notamment en milieu rural.
C'était une des revendications à l'origine du mouvement des Gilets jaunes. La nouvelle limitation à 80 km/ h sur les routes départementales est entrée en vigueur en juillet 2018. Quelques mois plus tard, l'impopularité de la mesure se faisait ressentir dans les discours des manifestants des ronds-points.
Décembre 2019, la loi d'orientation des mobilités (LOM) autorise les départements à revenir sur l'abaissement de cette limitation, et à revenir, s'ils le souhaitent, à 90 km/h.
Alors faut-il revenir en arrière ? Les avis sont partagés. D'un côté ceux qui se réjouissent de ne plus avoir les yeux rivés au compteur; de l'autre ceux qui estiment que 80 km/h est une vitesse déjà bien suffisante.
Mais c'est surtout l'absence d'uniformité qui pose question. "Nous les personnes âgées, on va être perdus, s'inquiète un automobiliste périgourdin Il va y avoir des routes à 90, 'autres à 80… On ne va plus savoir où on en est".On va être perdus, s'inquiète un automobiliste.
Voir le reportage de France 3 Périgords
Des conditions difficiles à remplir
Reste à savoir comment mettre en œuvre ce retour aux 90 km/heures. Car il ne peut se faire sur toutes les routes. Le Conseil national de la sécurité routière préconise un certain nombre de conditions préalables à ce retour en arrière : les tronçons concernés doivent s'étendre sur plus de 10 km, les dépassements y seraient interdits, ne doivent pas être empruntés par les engins agricoles…La Gironde et les Landes en attente
Des règles particulièrement contraignantes, qui réduisent d'autant plus le champ des possibilités, notamment en milieu rural. Et facilitent la tâche des présidents des départements pas spécialement favorables à la remise en place des 90 km/h.Ainsi en Gironde, le président Jean-Luc Gleyze a dit vouloir respecter strictement le cahier des charges demandé par l'Etat. Ce qui limite de façon drastique le nombre de routes susceptibles d'être concernées dans le département.
Situation similaire dans les Landes, où le président Xavier Fortinon, attend l'avis de la commission départementale de la Sécurité routière.
Le Lot-et-Garonne et les Pyrénées-Atlantiques plutôt favorables
Dans le Lot-et-Garonne, on se replie derrière le même argument : en respectant les critères nationaux, aucune route du département n'est éligible à un assouplissement des 80 km/h. La commission du Conseil départemental relative à l'Aménagement du territoire doit examiner le dossier et rendre un avis en février.Dans les Pyrénées-Atlantiques, le président du Conseil départemental Jean-Jacques Lasserre avait évoqué les exigences étatiques sur France Bleu Béarn, et parlé d'une "situation complexe et embarrassante". Mais déterminé à revoir la réglementation, il assurait à l'automne "ne pas vouloir stopper le travail pour autant".
La Dordogne envisage un retour partiel à l'été
Le président du Conseil départemental de la Dordogne Germinal Peiro, lui aussi, s'est dit favorable à un retour à l'ancienne limitation sur certains tronçons. L'élu fait fi des recommandations nationales, préférant s'en remettre à la commission départementale chargée des routes. Il envisage un retour aux 90 km/h sur des axes "bien calibrés, bien tracés".Les axes Périgueux-Sarlat, Mussidan-Bergerac ou encore les routes de Nontron ou de Brive sont évoqués.
Reste encore à changer une nouvelle fois la signalisation. "Sur les tronçons qu'on va définir, nous serons obligés de remettre des panneaux après chaque carrefour", explique le président du Conseil départemental qui évalue le coût de cet aménagement entre "100 000 et 200 000 euros".
La nouvelle réglementation pourrait être effective en Périgord dès le 1er juillet.