Parler de la pluie, du beau temps et surtout du beau temps en cette fin juin. Alors que de plus en plus de personnes s'intéressent à ce domaine, ces deux météorologues amateurs ont fait le choix de dévoiler et interpèter chaque jour, les données météo de la Haute-Vienne. Témoignages.
Parler de la pluie et du beau temps... La météo, ce sujet de conversation créateur de liens, duquel de nombreux amateurs s'emparent depuis quelques temps.
Une histoire de famille
Jean-Loup Roby est passionné par la météo depuis son enfance. À l'origine, des histoires de son grand-père, des histoires de météo approximative dans la campagne limousine, qui ont rapidement donné le goût pour les relevés météorologiques à cet infirmier retraité. Depuis quinze ans, il se prête au jeu de la météorologie amatrice.
Depuis sa station semi-professionnelle, basée à Saint-Yrieix (87), il relève des données (pluviométrie, ensoleillement) qu'il met en ligne autant que possible. Depuis quelques années, Jean-Louis Roby constate un véritable engouement pour la discipline, "il y a quelques années, quand j'ai débuté nous étions peu, aujourd'hui, il y a une bonne dizaine de chaînes de météo amateurs dans toute la France". Cette passion commune, il l'explique par le caractère universel de la météo.
Nous sommes tout le temps soumis à la météo. Je fais de la moto, du VTT, c'est un domaine qui me sert et me permet de m'organiser.
Des aléas aujourd'hui prévisibles grâce à des outils perfectionnés, qui permettent aux non-professionnels de proposer une tendance météorologique aux locaux, "on s'intéresse à la météo depuis la nuit des temps. Aujourd'hui, le matériel est développé, les prix des outils s'échelonnent entre quelques dizaines d'euros à plusieurs centaines comme pour une station comme la mienne".
Au cours de l'entretien, Jean-Loup Roby précise à plusieurs reprises qu'il n'est ni professionnel, ni prévisionniste, "la prévision appartient à d'authentique spécialistes. Il faut des ordinateurs avec des puissances de calcul pharamineuses." Pour lui, cette discipline est d'abord une passion, qu'il a vu évolué d'années en années : "dans les histoires de mon grand-père, les gens à l'époque écoutaient la météo nationale, on ne pouvait être sûr du temps qu'il allait faire que 24h à l'avance, et encore... Souvent ils regardaient le ciel pour connaître les tendances du lendemain".
Pour perfectionner un peu plus sa station, Jean-Loup compte se doter d'une technologie plus puissante, permettant de mettre à jour ses données 24h/24, "même la nuit quand je dors", précise-t-il.
Anticiper la fermeture de ses volets, l'heure à laquelle nous allons nous lever, où l'heure à laquelle nous devons partir travailler : autant de paramètres qui dépendent parfois directement de la météo.
Une météo créatrice de lien avec les internautes
Pour être au plus près des internautes, certains internautes ont choisi d'être présents sur les réseaux sociaux et intéragissent avec eux aussi souvent que possible. C'est le cas de Morgan Deromme, en Haute-Vienne.
C'est en 1998 que Morgan se découvre une passion pour la météo, "c'était lors de vacances, il faisait un mauvais temps, je ne pouvais rien faire en extérieur. Je suis tombé sur la chaîne météo de l'époque, je me suis mis à la regarder tous les jours." Il a ensuite développé cet interêt sur internet en créant une page sur le réseau social Facebook. À Limoges, il est l'un des premiers à avoir créé une chaîne météo amatrice, il ne s'attendait à un tel engouement de la part des locaux : près de 9000 personnes suivent quotidiennement ses bulletins.
Les gens s'intéressent aux phénomènes spectaculaires : aux chutes de neige, à l'orage. Des éléments qui bouleversent leurs quotidiens !
"La tempête de décembre 1999, au même titre que la canicule de la première quinzaine d'août 2003, ce sont des événements qui chamboulent tout !" . Pour Morgan, cette activité est toute particulièrement intéressante car elle lui permet de "réécrire l'histoire locale à travers des relevés météorologiques" : utiliser des couleurs en fonction des températures, faire des relevés pluviométriques, calculer l'ensoleillement et étudier les grandes phénomènes météorologiques passés pour évaluer les prochaines tendances. Aujourd'hui, ce comptable de métier consacre une majeure partie de son temps a étudier ces données, "pour ces prochains jours, je vais utiliser du rouge, c'est évident !"
Sur sa page Facebook, Morgan se permet également d'ajuster la météo locale grâce à un système de calcul bien réfléchi, "en ce qui concerne l'ensoleillement, je me base sur celui de Bellegarde (à Limoges), et je l'adapte : j'applique un poucentage d'heure ensoleillées par rapport à la durée totale des jours."
Pour Morgan Deromme, les tendances de cette été table sur "une saison chaude, sèche, mais bien moins que les deux années précédentes". Pour lui, "le risque caniculaire est plus prononcé pour le mois d'août cette année."
En plus de bulletins quotidiens, Morgan tient une page interactive avec ses internautes, avec qui il échange, davantage basée sur l'observation de la météo. Il complète ses interactions avec les avis de "La Météo d'Antoine", un autre passionné de météo amateur basé en Corrèze.
Si Morgan a déjà pensé faire de cette passion son métier, il a préféré se raviser face à la difficulté du concours et à la "liberté" qu'il peut encore s'octroyer à travers ses bulletins.
L'avis de Delphine Roux
Ancienne présentatrice météo sur France 3 Limousin et Poitou-Charente, Delphine Roux, qui produit aujourd'hui les bulletins vidéo, explique que ces alternatives d'amateurs sur les réseaux sociaux sont des "initiatives géniales". "Je suis admirative, c'est beaucoup de boulot. Il y a de la place pour tout le monde, et si c'est fait par des gens passionnés, c'est encore mieux fait !"
Cette démarche est d'autant plus importante pour Delphine Roux que le bulletin météo est "le programme le plus regardé". Au cours de l'entretien, elle se souvient de la proximité créée avec les téléspectateurs, "tu rentres chez les gens tous les soirs, la météo est une information essentielle pour tout le monde". Et avec ces fortes chaleurs de fin juin, cette phrase prend une fois encore tout son sens.