D'ici l'année prochaine, les 2.300 bénévoles que compte Météo-France seront remplacés par 800 stations automatiques. Rencontre avec l'une d'entre eux, Bernadette. Depuis 20 ans, cette habitante de Lussac-les-Châteaux (Vienne) consigne chaque jour température et pluviométrie.
Qui serait en mesure de vous dire quel temps faisait-il à Lussac-les-Châteaux, le lundi 9 juin 2014 ? Il n'y a que Bernadette, à coups sûr. Elle pourrait vous dire que la grêle est tombée de 16h55 à 17h12, ainsi que 21 millimètres d'eau ce jour-là.
Il faut dire que Bernadette, 71 ans, ce n'est pas n'importe qui. Depuis 20 ans, elle est bénévole pour Météo-France. Depuis 20 ans, elle a chaque jour le même rituel. "Je relève à 8 heures, qu'il pleuve ou qu'il vente", énonce-t-elle fièrement. Tout a commencé lorsque Météo-France a proposé à son mari, à l'époque vice-président du syndicat des eaux de Lussac-les-Châteaux, de devenir bénévole du service officiel de la météorologie en France.
Mais la mission de Bernadette s'achèvera en même temps que l'année 2021. Il ne lui reste plus qu'à remplir le mois de décembre dans son dernier cahier d'observation météorologique. Idem pour une vingtaine d'autres bénévoles dans la Vienne et les Deux-Sèvres.
Une page de la météorologie se tourne...
Car l'établissement public a décidé de remplacer Bernadette et les autres par un "RCE", Réseau climatologique d'Etat. Autrement dit, par des stations automatiques. "Cette décision a été prise face à la difficulté de recruter de nouveaux bénévoles", explique Patrick Josse, directeur de la climatologie de Météo-France.
Surtout, les stations automatiques constituent une petite révolution. "Elles permettent d'obtenir des observations par horaire, par jour et en temps réel. Ce qui ouvre un champs nouveau d'utilisation de ces données."
Les bénévoles, eux, envoient leurs relevés à la fin du mois par voie postale. "Quand il s'agit d'étudier le climat en temps différé, c'est précieux, affirme-t-il. Aux côtés de nos stations professionnelles, les stations automatiques vont nous servir pour la prévision et la vigilance météo".
Ainsi, les 2.300 bénévoles que compte Météo-France seront remplacés par 800 stations automatiques. "Mais nous comptons sur eux pour nous signaler des phénomènes difficilement observables, comme la grêle et la neige", assure le directeur de la climatologie de Météo France. Un portail web est en cours de développement pour recueillir ces précieuses informations.
... Mais Bernadette est emplie de pragmatisme
Dans le jardin de Bernadette, la station automatique a déjà poussé, au mois de septembre dernier. Désormais, son rôle se cantonne au "ménage". Elle doit nettoyer le panneau photovoltaïque et enlever les toiles d'araignées.
Il faut évoluer, c'est le monde moderne
Bernadette, 71 ans, bénévole pour Météo-France
Mais Bernadette l'assure, "pas de pincement au cœur" pour elle. "C'est beaucoup plus précis avec ces stations automatiques. C'est en temps réel, toutes les heures, alors que moi, c'est à la fin du mois, balaye-t-elle.
Et puis, ça n'affecte en rien sa passion. "Moi, j'aime bien savoir combien il a plu tel mois, telle année. Avec la station, je ne peux pas le savoir, avoue-t-elle. Franchement, je continuerai de le faire pour moi, avec mon pluviomètre."
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