Un consortium français, composé de Lhyfe et TSE, s'est porté acquéreur du site des Fonderies du Poitou, liquidées en juillet 2022. Il projette d'y installer un parc industriel tourné vers les énergies vertes, photovoltaïque et hydrogène.
"Là on sauve les infrastructures, les bâtiments, mais on n'a pas sauvé les salariés" commente l'ancien salarié et secrétaire de l'association des Fondeurs du Poitou, Jean-Philippe Juin.
Un an après la fermeture des Fonderies, c'est un parc industriel consacré aux énergies renouvelables qui est annoncé sur le site, avec notamment l’installation d’un parc de panneaux photovoltaïques, et d'une unité de production d’hydrogène vert et renouvelable.
"On est au tout début de l'histoire, précise la directrice du développement territorial pour Lhyfe Maud Augeai. Le projet est en cours de construction avec les différents acteurs. L'idée, c'est de faire le maximum pour ce site qui a beaucoup souffert. Nous avons à cœur de lancer une dynamique globale de réindustrialisation".
250 à 300 emplois prévus d'ici à 2030
Le 27 juillet dernier, le tribunal de commerce de Paris a validé le rachat par le producteur et fournisseur d’hydrogène Lhyfe et le producteur d'énergie solaire TSE des actifs fonciers et immobiliers des deux sites des Fonderies du Poitou : le site des Fonderies d’Ingrandes (43 ha, 40 000 m² de bâtiments) et le centre d'enfouissement technique d'Oyré (35 ha).
Sur place, il va maintenant falloir dépolluer, déconstruire, avant de pouvoir envisager de reconstruire et d'entrer en activité. Le directeur général délégué à la convergence industrielle de TSE Alban Casimir estime que ça devrait prendre quatre à cinq ans.
Sur le site d'Ingrandes, Maud Augeai annonce un objectif global de création de 250 à 300 emplois directs "pour Lhyfe et l'ensemble des partenaires, plateforme logistique et producteur de biocarburant notamment, avec qui nous sommes en discussion".
Deux centrales photovoltaïques au sol
Repris intégralement par TSE, le terrain centre d’enfouissement technique d’Oyré sera consacré exclusivement à la production d’énergie solaire, avec l'installation d'une centrale au sol dont la production sera injectée sur le réseau.
"Une deuxième centrale au sol sera installée sur le site d'Ingrandes, dont la production devrait essentiellement alimenter l'activité de Lhyfe et leur permettre d'avoir le label hydrogène vert. Au total, la production des deux centrales équivaudra à la consommation d'une ville comme Poitiers" détaille Alban Casimir.
L'activité de ces deux centrales n'occupera que deux ou trois salariés.
L'hydrogène vert, c'est quoi ?
Utilisé massivement par l'industrie métallurgique, chimique et pétrochimique, l'hydrogène aujourd'hui disponible est essentiellement produit par vaporeformage, une technique d'extraction d'hydrogène du gaz naturel très émettrice en CO2.
L'entreprise Lhyfe, dont le siège est à Nantes, propose depuis 2017 une production "décarbonée et renouvelable". "Nous, on utilise l'électrolyse de l'eau. On casse les molécules d'eau avec de l'électricité. On extrait l'hydrogène, et ce qui reste, c'est de l'oxygène, pas du CO2" explique Maud Augeai. "Et on synchronise notre production avec une production d'énergie renouvelable sur site. En Vendée ou en Loire-Atlantique, ce sont des éoliennes. À Ingrandes, ce sera la centrale photovoltaïque."
À travers cette production d'hydrogène vert, l'ambition de Lhyfe est de contribuer à décarboner l'industrie, et la mobilité, avec le développement des piles à combustibles qui alimentent déjà voitures et bus en France et dans le monde.
La directrice du développement territorial pour Lhyfe assure que la consommation d'eau nécessaire à la production d'hydrogène est minime (3 m³ d'eau pour 300 kg d'hydrogène permettant à une voiture de parcourir 30 000 km).
Elle indique que l'eau qui sera utilisée à Ingrandes pourrait provenir de la récupération d'eau de pluie, ou d'un prélèvement dans la nappe phréatique, "ça fait partie des éléments qui restent à déterminer. De toutes façons la quantité d'eau sera négligeable par rapport à l'activité des Fonderies."
Quel que soit le nombre effectif d'emplois qui résulteront de la réindustrialisation du site, il est peu probable qu'ils profitent aux 280 ex-salariés des Fonderies. D'ici à ce que l'activité redémarre, tous auront épuisé leurs droits au chômage. Pour le moment, seuls 30 % d'entre eux ont retrouvé un emploi, souvent en contrat court.