C'est la fin d'une longue histoire et d'un long combat pour les salariés des Fonderies du Poitou Alu. L'usine d'Ingrandes sera liquidée le 5 juillet et 280 personnes seront sans emploi.
La production est arrêtée depuis deux jours, mais les fondeurs sont quand même venus à l'usine. Ils sont venus voir la dernière coulée de l'aluminium dans les formes de culasse. Leur usine va fermer ses portes. Liquidée. Les 280 salariés ont perdu leur emploi. Pour certains, c'est presque leur vie entière de travailleur qu'ils ont passée aux Fonderies du Poitou. Mais ils restent fiers de ce qu'ils sont, des fondeurs.
On est morts sur le champ de bataille la tête haute. On est fiers d'être fondeurs.
Jean-Yves Huet, délégué syndical CGT Fonderies du Poitou
Pas de nostalgie, mais juste une grande fierté. L'impression d'un gâchis aussi, selon Jean-Yves Huet "L'État nous a laissés tomber, ce sont des choix politiques on les subit, les constructeurs s'en sont lavés les mains. Les fonderies n'existeront plus" déplore-t-il avec une pointe d'amertume.
À l'intérieur, ils sont venus nombreux voir l'aluminium couler une dernière fois, certains comme Stéphane Vercher ancien délégué du personnel ont du mal à retenir leurs larmes. Lui, il part après 30 ans de maison "Je suis fier, on s'est battus jusqu'au bout. On a dit que cette usine elle avait du savoir-faire, qu'on pouvait travailler encore, on avait de nouveaux projets, on pouvait se reconvertir"
Pas de chance, la dernière fonte n'a pas pu avoir lieu à la suite d'une panne de matériel.
La mine sombre et le regard triste, ils ont laissé derrière eux une partie de leur vie, de leur travail. Mais ils garderont le contact avec notamment l'association des fondeurs du Poitou dans laquelle tous ceux qui ont travaillé aux Fonderies peuvent venir. Et puis beaucoup d'entre eux vont devoir constituer leur dossier pour toucher des aides, rechercher un nouvel emploi ou suivre une formation.
Après 40 ans d'existence, la page sera définitivement fermée le 5 juillet prochain.
Reportage de Marie-Ange Cristofari et Thomas Chapuzot