Philippe Croizon se lancera demain 2 janvier dans un nouveau défi : le Dakar 2017. Après avoir traversé la Manche et relié les cinq continents à la nage, l'aventurier châtellerauldais, amputé des quatre membres, prendra lundi le départ de l'édition 2017 du plus célèbre des rallye-raids.
Excité comme un gamin à deux jours de l'échéance, samedi, il sillonnait le bivouac, sur une base aérienne militaire d'Asuncion (Paraguay), où les concurrents sont installés le temps de l'inspection de leurs véhicules. Et répondait avec enthousiasme aux sollicitations de la presse française, qui le réclame presque autant que Sébastien Loeb, pilote starifié après neuf titres de champion du monde des rallyes et candidat à la victoire finale.
"Je me sens très heureux car c'est un projet que l'on a démarré il y a un an et demi... et j'ai encore un peu de mal à y croire. Je pebse que je vais vraiment y croire quand je vais démarrer la première spéciale demain" nous-a-t-il confié à la veille du départ.
En attendant le grand jour, il adresse sur son compte twitter un message de voeux enthousiaste pour cette nouvelle année qui rime avec nouveau défi pour lui et son équipe.
A J-1 du #Dakar2017 toute la team vous souhaite une excellente année 2017 ! pic.twitter.com/fSXSJwc1Go
— Croizon #Dakar2017 (@PhilippeCROIZON) 1 janvier 2017
Le #MannequinChallenge du Team Croizon-Tartarin ! #Dakar2017 pic.twitter.com/hqdMUTpm3n
— Croizon #Dakar2017 (@PhilippeCROIZON) 1 janvier 2017
"Tout est possible"
Philippe Croizon, 48 ans, saura lui se contenter de rallier Buenos Aires (Argentine) le 14 janvier, peu importe son classement. Ce serait déjà un bel exploit, après douze jours de course, dont près de la moitié à plus de 3.000 mètres d'altitude, en Bolivie. Une folie aussi pour "99% des gens", estime-t-il.
"Tout est possible! C'est mon slogan", leur répond-il. "L'impossible, c'est juste une seule personne, c'est juste nous. Elles sont où nos limites?"."
"Moi je trouve que je n'ai pas de limites. J'ai eu un accident (deux électrocutions) le 5 mars 1994, tout ce que je vis aujourd'hui c'est du plus!".
Comme dans un jeu vidéo
Philippe Croizon va piloter un buggy adapté. Sanglé dans le siège baquet réglementaire, les cuisses fixées dans un caisson en carbone, Philippe Croizon ne peut toucher ni le volant ni les pédales. Du bras gauche, il actionne un petit levier de vitesse placé près de la portière. Du droit, il conduit grâce à un joystick hydraulique: "Quand je vais vers l'avant, j'accélère, quand je vais vers l'arrière, je freine et je tourne en le dirigeant vers la droite et vers la gauche. C'est comme un jeu vidéo". Son copilote, Cédric Duplé assure le démarrage de la voiture, les essuies-glace, etc.
S'il conduit différemment, Philippe Croizon ne bénéficie pas d'un véhicule plus sécurisé que ses concurrents. Pour obtenir sa licence de pilote, il a donc dû prouver qu'il était capable de s'extraire seul de l'habitacle en cas d'accident. Il avait 20 secondes, il en a mis 12, en "roulé-boulé". "J'ai regardé les inspecteurs et je leur ai dit avec ma petite pointe d'humour: "bon, ça me laisse le temps de faire le pare-brise et les niveaux!", se souvient-il rigolard.
Hypnose et cohérence cardiaque pour se relaxer
En cas de pépin, casse, enlisement ou accident, la seconde voiture engagée par son équipe, celle de l'expérimenté Yves Tartarin (18 Dakar au compteur), ne sera tout de même jamais loin.
L'organisation aussi aura un oeil sur le dossard 352. "Il va être inscrit dans les numéros à suivre", assure le directeur de la course, Etienne Lavigne. Sur les
316 véhicules engagés, une quinzaine feront en effet l'objet d'un suivi particulier, parmi lesquels ceux des quatre autres pilotes handicapés moteurs en lice.
La perspective des risques qui l'attendent ne semble en tout cas pas préoccuper plus que ça Philippe Croizon, qui chasse les inquiétudes grâce à l'hypnose et à des exercices de cohérence cardiaque, une forme de relaxation. Il est loin le trac de l'apprenti pilote de rallye, expérimenté lors des premières courses à l'été 2016. "Au début, il avait peur de rouler, d'aller vite", se souvient son coéquipier Cédric Duplé. "Maintenant, c'est plus moi qui vais le freiner. Ca n'est pas trop mal ce qu'il fait, c'est même très bien." Démonstration lundi lors d'une première spéciale de 39 kilomètres.
Pour suivre la course, le site du Dakar 2017 qui se lancera lundi 2 janvier de la capitale du Paraguay, Asuncion, vers la Bolivie et l'Argentine.