Notaires, avocats et huissiers marchent ce mercredi après-midi dans les rues de Paris. Une manifestation nationale pour demander le retrait de la loi Macron présentée ce matin même par le Premier ministre. Une délégation régionale a rejoint le cortège parisien pour demander le retrait du texte.
"Nos professions ont été insultées, vilipendées. Ça suffit!"
Pierre-Luc Vogel, président du Conseil supérieur du notariat
Plusieurs milliers de représentants des professions juridiques réglementées ont entamé, ce mercredi en début d'après-midi, un défilé dans Paris pour protester contre le projet de loi Macron. Comme prévu, plus de la moitié du contingent qui occupait toute la surface piétonne de la place était composée de notaires.
La manifestation était également suivie par les autres professions réglementées du droit : avocats, huissiers, greffiers des tribunaux de commerce, commissaires-priseurs, ainsi que les administrateurs et mandataires judiciaires, tous remontés contre le projet de loi Macron. Le texte prévoit notamment de libéraliser l'installation des nouveaux arrivants chez les huissiers, notaires et commissaires-priseurs, de bouleverser les grilles tarifaires ou de permettre l'ouverture du capital des sociétés à d'autres professions, y compris chez les avocats.
"La modification des tarifs nous ferait perdre 20% de notre chiffre d'affaires, c'est-à-dire la moitié de notre résultat", assure Karine Boy, notaire à Trevoux (Ain), qui est venue à Paris avec les 14 collaborateurs de son étude. Pour elle, la libéralisation de l'installation des notaires et l'ouverture du capital à d'autres professions favorisera le développement de grandes structures qui n'assurent plus certaines missions, notamment le conseil de proximité, en région.
La désertification juridique, Xavier Lefevre, avocat à Soissons (Aisne), la redoute aussi. Pour les avocats elle pourrait venir, selon lui, de la réforme de la postulation territoriale, qui n'obligerait plus à passer par un avocat du barreau local, comme c'est le cas aujourd'hui. Il redoute également la création du statut d'avocat en entreprise, prévu par le projet de loi. "Si les entreprises ont leurs avocats, on n'aura plus aucun dossier", s'alarme-t-il.
Le texte prévoit cependant que ce nouvel avocat en entreprise ne pourra pas plaider. Une délégation doit être reçue dans l'après-midi par la garde des Sceaux, Christiane Taubira, puis, plus tard, par le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron.