Dans un contexte d'inflation déjà difficile, une nouvelle hausse des tarifs de l'électricité intervient à partir de ce jeudi 1ᵉʳ février. Conséquence : de plus en plus de ménages peinent à payer leur facture d'énergie, pour certains, c'est même devenu impossible...
Péages, gaz, tabac, RSA... Le 1ᵉʳ février 2024 est synonyme de changements. À compter de ce jeudi, le prix de l'électricité devrait augmenter de 8,6 % sur les tarifs de base, et de 9,8 % pour les tarifs heures pleines et heures creuses. Une majoration qui n’est pas liée au prix de l’électricité, mais au relèvement d’une taxe : elle passe de 1 à 21 € par mégawatt. Dans le détail, cette taxe est calculée sur la consommation finale : plus elle est élevée, plus la hausse de la taxe est forte.
L'augmentation du coût de l'électricité intervient dans le cadre de la fin progressive du bouclier tarifaire, mis en place depuis 2021. Près de vingt millions de Français sont concernés. Propriétaire d'une maison à Pleumartin, dans la Vienne, Sabrina Desouches a ressenti des sueurs froides lorsqu'elle a reçu sa facture de gaz. L’an passé, elle a moins consommé, mais doit encore plus de 700 euros… La nouvelle régularisation passe mal.
"Ça augmente constamment"
"Ça augmente constamment. On ne voit pas l’effet inverse : on consomme moins, mais ça augmente quand même !, déplore-t-elle. Au contraire, on aimerait que les efforts et les investissements que l’on fait soient récompensés. C’est inquiétant.”
Pourtant, cette famille de quatre personnes a investi beaucoup d’argent pour isoler leur pavillon des années 70. "Quand on a emménagé, on était sur des menuiseries d’origine, en bois et simple vitrage. On les a progressivement remplacées par des PVC double vitrage. On voit la différence en termes de confort, explique la mère de famille. Sur les radiateurs du rez-de-chaussée, on a installé des robinets thermostatiques qui nous permettent de réguler la température, pièce par pièce.
Maîtriser sa consommation d’énergie est devenu un enjeu, une nécessité même pour Morgane Arnoux. Locataire d’une maison mal isolée à Chasseneuil-du-Poitou, cette maman solo s’inquiète en permanence de sa consommation. Chez elle, pour cuisiner, se chauffer, tout est électrique.
Restreindre tous les budgets
"Pour le chauffage, je suis à 1 100 €, pour le ballon d’eau chaude, je suis à 625 €. Je suis actuellement à 180 €. Avec la régulation qui arrive, il faudrait que je sois à 534 € par mois. C’est impossible pour moi, c’est la moitié de mon salaire."
Pour l'heure, seuls deux radiateurs fonctionnent dans la maison, mais Morgane Arnoux sait que ces efforts ne suffiront malheureusement pas. "Il va falloir qu'on se prive sur certaines choses. Ça va être le budget courses : il y a des produits qu’on ne prendra pas ou plus tard. Le budget essence aussi sera touché. On ne fera pas de sortie, de toute façon, ça fait deux ans qu’on ne fait plus rien, ça ne changera pas grand-chose."
Des cas de précarité énergétique, le Fonds Solidarité Logement en voit de plus en plus. Et craint une aggravation de la situation. Sophie Joucgnoux, directrice adjointe de l'antenne de la Vienne, avance : "L'énergie a beaucoup augmenté, les impayés de loyer augmentent aussi, tout cumulé, les années à venir seront compliquées"
Selon les estimations du ministère de l'Énergie, une famille habitant dans un pavillon et se chauffant à l’électricité devra dépenser en moyenne 18 € de plus par mois. D'après le dernier rapport de l'Observatoire National de la Précarité Énergétique (ONPE), 26 % des Français disent avoir souffert du froid l’hiver dernier, contre 22 % l'année précédente.