A Poitiers, un collectif d'entraides citoyennes mobilise plusieurs centaines de personnes

Dons, préparation et livraison de repas, réparation de matériels, soutien et chaleur humaine, pour certains bénévoles du collectif d'entraides citoyennes 86, leur engagement est quasiment devenu un second métier.

Elle cuisine, elle distribue, elle organise, elle conseille, elle réconforte, pour Samia, l'engagement dans le collectif d'entraides citoyennes est devenu presque "un deuxième métier".

Educatrice spécialisée auprès de personnes en situation de handicap, mère de trois enfants de 12, 15 et 21 ans, elle s'organise, et consacre à cet engagement bénévole tout son temps disponible. "Quand je fais à manger pour ma famille, j'en fais aussi pour distribuer, et puis mes enfants participent, je pense que c'est aussi une action éducative."

Un maillage de solidarités

Créé pendant le premier confinement à l'initiative du chef d'entreprise Youssef Maiza pour venir en aide aux sans-abris, le collectif Entraides Citoyennes 86 n'a cessé depuis de prendre de l'ampleur. Aujourd'hui c'est un véritable réseau aux multiples ramifications. Distributions de repas, de paniers solidaires, dons de vêtements, de matériel informatique, ateliers de réparation ...Via les réseaux sociaux, c'est tout un maillage de solidarité qui s'est tissé, impliquant des centaines de bénévoles.

Les cuisinières du coeur

"Pour tout ce qui est alimentaire, on reçoit des dons, on a des partenariats avec des épiceries, il y a des cuisinières qui cuisinent chez elles, comme moi, ensuite je réceptionne, je mets dans des glaciaires et je distribue deux fois par semaine. Une des bénévoles a un camion de pizzas qu'elle nous prête pour les livraisons, sinon je mets tout ça dans ma voiture." explique Samia.

"Souvent ceux qu'on a aidé se mettent à nous aider aussi. Il y a vraiment un esprit de solidarité participative" raconte Samia.

Un groupe d'entraide pour les étudiants

Très vite lors des distributions alimentaires auxquelles elle participe, Samia est touchée par la situation des étudiants qu'elle y rencontre : "Il y en a qui étaient vraiment affamés, qui n'avaient pas mangé depuis deux jours, ils étaient dans une détresse totale, ils envisageaient de tout arrêter."

Des étudiants isolés sur les campus, auxquels elle distribue de repas, mais qu'elle guide aussi dans leurs démarches admnistratives, qu'elle soutient. Un dialogue qui permet de répondre au mieux aux besoins de chacun. À l'une il manque un clavier, à un autre il faudrait un vélo ? Le réseau se met en route, on trouve, on livre ! "On peut leur donner des vélos qu'on récupère, ça leur permet d'aller prendre l'air, d'aller travailler quand ils trouvent une mission d'intérim."

Depuis le 25 janvier, tous les étudiants, boursiers ou non, peuvent désormais bénéficier de deux repas par jour au tarif de 1 euro à retirer dans les restaurants universitaires. Mais pour certains, dépenser 2 euros par jour pour manger, c'est encore au-dessus de leurs moyens. "Je rencontre beaucoup d'étudiants qui se sont endettés, qui ont des impayés de loyer, qui sont à découvert. Pour eux 60 euros par mois pour manger c'est pas possible. Alors les plats, les paniers qu'on leur distibue, c'est toujours ça de gagné" témoigne Samia.

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Publiée par Crous de Poitiers -officiel sur Lundi 1 février 2021

"Petit à petit on se rend compte de l'ampleur du problème"

"Hier encore une jeune étudiante m'a contacté, elle est dans une petite résidence universitaire excentrée vers Saint-Eloi, et elle me demandait qu'on l'inclut dans la distribution". Chaque jour les bénévoles comme Samia soutiennent et réconfortent de nouveaux étudiants, et les aident à faire face à leurs difficultés. "Petit à petit, on se rend compte de l'ampleur du problème" déplore-t-elle.

Une génération sacrifiée ?

"J'ai l'impression qu'on est en train de sacrifier une génération. J'ai peur du décrochage" craint aussi Samia a travers les discussions qu'elle peut avoir avec les étudiants.

Maëlle, étudiante en troisième année de STAPS, se sent effectivement perdue : "J'avoue que cette année les cours ne me plaisent plus trop, mais avec ces conditions, je ne sais pas si c'est vraiment les cours qui ne me plaisent pas, ou plutôt la façon dont je les suis actuellement. C'est un peu compliqué. Je sais que je vais continuer mes études, mais je ne sais pas en quoi, ni comment."

Des projets

Pour Samia comme pour tous les bénévoles impliqués dans ce mouvement d'entraide, la détermination reste intacte malgré les contraintes. 
"C'est très compliqué avec le travail, le couvre-feu ... mais on continue !" déclare Samia. 

Le collectif, qui s'est récemment constitué en association, recherche un local pour accueillir les cuisinières du coeur. 
Et travaille sur un projet de foodtruck solidaire pour les étudiants.

 

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