Macroniste de la première heure issu des jeunesses socialistes, ancien conseiller politique d'Emmanuel Macron, député européen, Stéphane Séjourné a été élu secrétaire général du parti présidentiel Renaissance ce 17 septembre. Un homme qui a débuté son parcours militant sur les bancs de la fac de Poitiers avec d'autres jeunes devenus fidèles du Président.
"Ça me fait très plaisir pour lui. Je pense que c'est bien que quelqu'un comme Stéphane accède à cette responsabilité. Il dénote avec le personnel politique. Il n'a pas fait l'ENA ou je ne sais quelle école de commerce, il n'est pas issu du sérail parisien." témoigne son ami l'ancien député des Deux-Sèvres Guillaume Chiche.
Né en 1985 à Versailles, Stéphane Séjourné a grandi à Madrid, puis à Buenos Aires alors que l'Argentine connaît une crise économique sans précédent, avant de rejoindre les bancs de la fac de Droit à Poitiers. "Il a été témoin en Argentine d'inégalités sociales qui ont marqué son engagement" affirme Guillaume Chiche.
La bande de Poitiers
C'est à Poitiers que Stéphane Séjourné débute son parcours militant. Là aussi qu'il rencontre Sacha Houlié, Aurélien Taché, Pierre Person et Guillaume Chiche, cinq hommes qu'on appellera plus tard "la bande de Poitiers" : des macronistes de la première heure, issus des jeunesses socialistes, proches de Dominique Strauss-Kahn.
Conseiller d'Emmanuel Macron, ministre de l'économie en 2014, Stéphane Séjourné sera à l'origine, avec ses acolytes, du mouvement "Les jeunes avec Macron" lancé en juin 2015.
Après l'élection présidentielle de 2017, il deviendra conseiller politique à la présidence de la République. Les quatre autres de la bande de Poitiers seront élus députés en 2017.
Lui deviendra député européen en 2019, et prendra la tête du groupe "Renew Europe" au parlement européen.
Depuis ce samedi 17 septembre, il est désormais à la tête du nouveau parti présidentiel renommé Renaissance, dont il occupe le poste de secrétaire général.
Divergences politiques au sein de la bande
Depuis 2017, les chemins politiques des cinq de Poitiers ont divergé : seuls Stéphane Séjourné et Sacha Houlié sont restés fidèles à la ligne du président de la République.
Pierre Person a démissionné de son poste de délégué général adjoint de LREM en septembre 2020 et ne s'est pas représenté aux législatives de juin dernier.
Aurélien Taché a été réélu député, mais cette fois sous l'étiquette de la NUPES. Dès décembre 2020 avec Guillaume Chiche, il avait fondé le parti "Les nouveaux Démocrates", groupe dissident à l'aile gauche et écologiste de LREM.
La politique ne vient pas fracasser l'amitié.
Guillaume Chiche, ancien député des Deux-Sèvres
Guillaume Chiche a été battu dès le premier tour des dernières législatives où il se présentait sous l'étiquette Divers Centre. C'est le candidat investi par la majorité présidentielle Bastien Marchive qui est désormais député de la première circonscription des Deux-Sèvres.
"Moi, j'ai fait le choix de quitter la majorité à un moment où la ligne politique ne me convenait plus. En dépit de ça, j'ai toujours gardé des liens d'amitié avec la bande. On était amis avant de faire de la politique, la politique ne vient pas fracasser l'amitié." explique Guillaume Chiche.
"On a des désaccords, on en parle, ça donne lieu à des soirées animées ! "poursuit-il.
Je ne pense pas qu'il est devenu de droite, j'ai la conviction qu'il reste un homme politique de gauche.
Guillaume Chiche à propos de Stéphane SéjournéFrance 3 Poitou-Charentes rédaction Web
Réforme des retraites et convictions
En 2010, Stéphane Séjourné, alors membre du syndicat étudiant UNEF, soutenait les manifestations lycéennes contre le projet de réforme des retraites porté par le gouvernement Fillon.
A la tête de Renaissance, il va lui falloir soutenir le projet de réforme voulu par le président de la République. Pas si sûr, selon Guillaume Chiche : "Dans la majorité, j'ai l'impression qu'il y a pas mal de différends à ce sujet, explique-t-il. Je pense que des gens comme Stéphane ou Sacha sont plutôt à pousser à considérer les difficultés que traversent les gens, et à envisager que ce n'est pas le moment de mettre un coup de canif dans les acquis sociaux."
Manifestement, ce n'est pas exactement ce qui se trame, comme le dénonce l'autre dissident de la bande Aurélien Taché : "La guerre sociale est bien déclarée."
Un secrétaire général "de gauche" pour équilibrer les forces en présence ?
S'il convient volontiers que les convictions de son ami vont être mises à rude épreuve à la tête d'un parti qui doit préparer l'après Macron, Guillaume Chiche lui fait une totale confiance : "Je pense que son engagement contre les inégalités et les injustices est viscéralement le même qu'à 19 ans. Il veut que ce soit un parti qui fasse vivre les idées et qu'elles puissent toutes s'exprimer, et c'est quelque chose qu'il sait faire. Il a vu au sein du Parti Socialiste comment ça pouvait dysfonctionner, et il saura faire pour que ça ne conduise pas à l'échec sa propre formation."
Optimiste, Guillaume Chiche veut voir dans la nomination de son ami "de gauche" au poste de secrétaire général de Renaissance, la volonté d'équilibrer les forces en présence face à des personnalités de droite comme Bruno Le Maire ou Gérald Darmanin.