Après des années de morosité marquées par la baisse de la production et la mortalité des abeilles, les apiculteurs retrouvent un peu de raisons d'espérer en ce début 2020 avec une production de miel de printemps plutôt bonne parfois même exceptionnelle, selon les localisations.
Un hiver doux, un printemps ensoleillé, des floraisons précoces et une activité humaine en baisse, quatre bonnes raisons pour expliquer le bon début de saison pour l'apiculture dans la région comme dans toute la France. Pendant que les humains se confinaient, les abeilles, elles ont travaillé et butiné sans relâche.
Une floraison en avance de trois semaines
Pour les professionnels, les effets du confinement sont difficilement quantifiables et n'expliquent pas la hausse de la production de miel. Il est difficile de quantifier l'impact de la diminution de la pollution automobile ou industrielle et de l'arrêt des fauchages le long des routes ou dans les parcs.En revanche les conditions climatiques et le beau temps sec du printemps a boosté la végétation. Le fleurissement, en avance de plusieurs semaines, a permis aux abeilles de butiner plus tôt.
Philippe Roy est apiculteur à Lavoux dans la Vienne où il exploite 180 ruches.
J'ai été surpris par la rapidité du début de saison. On a commencé à récolter début avril au lieu de fin avril, début mai. J'ai failli ne pas être prêt pour poser les hausses de mes ruches. Il n'est pas facile d'adapter notre travail avec le changement climatique.
- Philippe Roy, apiculteur à Lavoux (Vienne)
"La floraison du colza s'est faite en avance et est vite passée et ensuite la pluie a perturbé celle des acacias." ajoute-t-il.
Un bon départ à confirmer
Malgré tout, comme la plupart de ses collègues, Philippe Roy constate une augmentation de sa production en miel de printemps. Mais celle-ci ne représente qu'une seule des trois ou quatre récoltes effectuées entre avril et fin août par les apiculteurs.Mathilde Perraud est apicultrice à Jonzac dans le sud de la Charente-Maritime. Elle exploite quelques ruches et développe son exploitation, La Belle à Miel, vers les actions de pédagogie. Elle aussi parle "d'un bon départ" pour cette saison même s'il a été atténué par la destruction des fleurs d'acacias qui sont très fragiles, par la pluie.Le problème, ce sont les pesticides, ils n'ont pas diminué et avec la fraîcheur des nuits et la chaleur en journée, les agriculteurs traitent plus. Au printemps, les abeilles sont très fortes mais ensuite les butineuses commencent à ne pas revenir car elles vont être en contact avec les produits de traitement dans les champs. En été, elles sont plus sensibles et la nourriture leur manque.
- Philippe Roy, apiculteur à Lavoux (Vienne)
L'année 2020 semble donc bien démarrer pour la production de miel. Qu'en sera-t-il pour le reste de l'année ? Impossible de se prononcer maintenant, notamment avec le risque éventuel de sécheresse.
Privés de vente sur les marchés
Loin d'être vraiment bénéfiques pour la production, les effets du confinement en revanche se font ressentir sur la santé économique des exploitations apicoles en mettant à mal leur trésorerie. Ceux qui possèdent un grand nombre de ruches et vendent aux coopératives voient leurs revenus assurés car ils ont pu continuer l'ensemble de leur activité. Il n'en va pas de même pour les producteurs qui conditionnent et vendent directement leur miel. Ils ont été confrontés à la fermeture des marchés.Pour de nombreux apiculteurs, la réouverture des marchés va donner le signal de la reprise mais les consommateurs seront-ils au rendez-vous et reprendront-ils leurs habitudes d'achats ? Pour apporter une réponse, il faut attendre la fin du confinement.Je n'ai pas fait de vente depuis plusieurs semaines car je fais surtout les marchés de Poitiers qui sont tous fermés. Je n'ai rien vendu et pendant ce temps, les factures s'accumulent et c'est compliqué pour la trésorerie mais pour l'instant, je n'ai pas augmenté mes prix.
- Philippe Roy, apiculteur à Lavoux (Vienne)