Après avoir reconnu un tir involontaire, Ludovic Guillon assure désormais qu'il n'était pas présent sur les lieux du crime, au domicile de Sarah Vedel, le 28 août 2019. Il a été condamné à une peine de 30 ans de réclusion criminelle, et fait appel de ce verdict.
Les jurés de la cour d'Assises de la Vienne ont délibéré pendant plus de 4 heures avant que soit prononcé le verdict : Ludovic Guillon est condamné à 30 ans de réclusion criminelle, assortie d'une peine de sûreté des deux tiers, suivant les réquisitions de l'avocat général.
À l'issue d'une audience civile qui a suivit le verdict, les trois juges de la cour ont prononcé le retrait total de l'autorité parentale de Ludovic Guillon, sur le fils âgé de 6 ans qu'il avait eu avec Sarah Vedel ; et sur sa fille de 15 ans issue d'une première union.
L'autorité parentale du jeune garçon a officiellement été confiée à la maman de Sarah Vedel. La cour a également accordé le changement de nom demandé, au profit de Vedel-Royer. Des décisions accueillies par les applaudissements nourris de la salle.
L'accusé a nié les faits tout au long du procès. Ses avocats, qui avaient plaidé l'acquittement, ont indiqué qu'il fera appel de ce verdict. L'appel est suspensif de l'ensemble des décisions.
Le déroulé du procès
Deux jours de débats n'y ont rien changé. Ludovic Guillon clame son innocence : il n'a pas tué Sarah Vedel, abattue d'une balle de calibre 12 à son domicile, à Maillé (Vienne), le 28 août 2019.
Dans les premiers temps de l'enquête, il confesse un tir accidentel, qui aurait mortellement touché son ex-compagne. Puis, deux ans plus tard, le mis en cause demande à être remis en liberté et change de version : les gendarmes l'auraient contraint à s'incriminer.
"À partir du moment où vous avouez un crime, revenir dessus est très difficile, déplore l'avocate de l'accusé, Me Patricia Coutand. Personne n'a envie d'entendre qu'on puisse, dans notre pays, extorquer des aveux à quelqu'un pendant sa garde à vue."
Une attitude qui interroge
Seulement, l'accusation ne se fonde pas sur les seuls dires de Ludovic Guillon. Si l'arme du crime n'a jamais été retrouvée, des résidus de tir ont été découverts sur le pantalon et sur la boucle de ceinture du véhicule du suspect. Le suspect ne présente d'ailleurs pas d'alibi pour l'heure du décès, estimée à 0h50.
Son calme, lors de son arrestation, fait aussi l'objet de nombreuses remarques. Pourquoi n'a-t-il pas posé plus de questions s'agissant des circonstances de la part de Sarah ? Son attitude interroge, d'après l'accusation, d'autant que Ludovic Guillon persiste à présenter la victime comme la femme de sa vie, son "rayon de soleil".
La victime avait déposé plainte
Le passé de l'accusé ne plaide pas non plus en sa faveur. Le mis en cause a déjà été condamné pour des violences et menaces avec arme sur une autre de ses compagnes.
De même, Sarah Vedel avait peur de Ludovic Guillon. La jeune femme a tout tenté pour être protégée de cet ex-compagnon qui, selon son entourage, la menaçait et la harcelait.
Tout ne l'accuse pas.
Me Patricia CoutandAvocate de la défense
Trois mois avant sa mort, Sarah Vedel avait poussé la porte de la gendarmerie pour déposer plainte, avant d'écrire au procureur de la République. Ludovic Guillon a certes été placé en garde à vue, mais a écopé d'un rappel à la loi.
"Jaloux", "possessif", selon plusieurs témoins, Ludovic Guillon fait figure de principal suspect. "Mais tout ne l'accuse pas, c'est faux, assure son avocate, Me Coutand. On a retrouvé quelques éléments, dont on a fait des charges, qui sont devenues des preuves. Enfin, je vous rappelle qu'on n'a pas l'arme du crime."