CHU de Poitiers : "le Covid a été le révélateur du manque de moyens humains de l'hôpital"

Plusieurs syndicats de la fonction publique appellaient à manifester, ce mardi 15 juin, pour dénoncer une dégradation des conditions de travail. C'est notamment le cas au CHU de Poitiers, où la CGT déplore surtout un manque d'effectifs. 

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"Le Covid a été le révélateur du manque de moyens humains de l'hôpital", estime Karine Rousseau-Cingal, secrétaire de la CGT et aide-soignante au CHU de Poitiers. "Nous n'avons pas été confrontés à des vagues massives, mais quand même débordés, notamment lors de la seconde et troisième vague", déplore-t-elle, alors qu'une manifestation des agents du CHU était organisée ce mardi 15 juin à Poitiers. 

Une vague de reconversion chez les soignants ? 

Selon des chiffres révélés par l'Ordre national des infirmiers après une consultation après de 30.000 professionnels, 40% des infirmiers interrogés indiquent vouloir changer de métier après la crise sanitaire. Ils sont également 64% à estimer que leur profession est ingrate, et même 90% jugent que la profession "n'est pas reconnue à sa juste valeur au sein du système de santé". 

Une tendance nationale que constate Karine Rousseau-Cingal, secrétaire CGT CHU de Poitiers et aide-soignante : "Je reçois des appels de collègues qui veulent partir presque tous les jours", souligne-t-elle. 

De son côté, la direction de l'hôpital nous indique avoir effectivement constaté "une augmentation du nombre de départs sur les cinq premiers mois de l’année 2021 par rapport à l’année 2020".

Une hausse, qui, selon l'établissement, "peut être en partie expliquée par le report de projets personnels et/ou professionnels du fait de la crise sanitaire."

Un sous-effectif trop pesant, selon les syndicats 

"Dès qu'il y a une absence imprévue, liée à un enfant malade ou autre, cela devient ingérable. Les collègues doivent revenir sur leur temps libre, au détriment de leur vie privée et de leur famille" souligne Karine Rousseau-Cingal.

Elle dénonce un sous-effectif structurel au sein de l'hôpital, qui entraîne une dégradation des conditions de travail. Conséquence : "nous sommes la pour prendre soin des gens, mais nous n'avons pas de temps à consacrer au côté humain" regrette-t-elle. 

"Cet été, selon des chiffres non officiels, il nous manquera 80 infirmiers au CHU de Poitiers. L'an dernier, il en manquait 40" souligne de son côté Florent Liévaux, délégué du syndicat CNI. 

"Cet été, certaines soignantes vont devoir travailler six weeks-end d'affilée", abonde Karine Rousseau-Cingal. "Nous n'avons quasiment pas de remplaçants, alors que le personnel est déjà épuisé par le manque d'effectifs." 

De son côté, la direction infirme ces chiffres. "L’organisation des services, engagée pour adapter les effectifs à l’activité prévue cet été, nous a permis de pourvoir la quasi-totalité des besoins de remplacement. La situation de ces mois d’été ne présente donc pas de caractère exceptionnel" répond le CHU de Poitiers.

"D’une manière générale, une quarantaine de postes sont toujours à pouvoir sur l’année, à rapporter aux 1.947 infirmiers que compte aujourd’hui le CHU de Poitiers dans ses effectifs, soit 2 %", précise la direction. 

Pour pallier les difficultés de recrutement auxquelles semble être confronté le CHU de Poitiers, la direction répond "avoir recruté par anticipation à la sortie de la dernière promotion de l’Institut de formation en soins infirmiers (IFSI) en février."

Néanmoins, poursuit-t-elle, "nous avons constaté un volume moins important de candidatures sur les sorties des instituts hors Poitiers, notamment par manque de disponibilité des candidats sur l’été."

Comment rendre l'hôpital plus attractif ?

Outre la hausse des moyens humains, la représentante de la CGT demande une hausse des salaires, qui pourrait faciliter les recrutements. "Le Segur de la Santé a été très insuffisant. Nous aimerions la fin du gel du point d'indice. Si c'était le cas, nous serions augmentés de 300 euros nets par mois" détaille Karine Rousseau-Cingal. 

Elle demande aussi "un plan de titularisation massif" des salariés, qui doivent parfois attendre de nombreuses années avant d'être confirmés à leur poste. "Par exemple, les aides-soignantes sont titularisées, en théorie, trois ans après leur arrivée. Mais dès qu'elles sont en arrêt, cela recule la titularisation. Donc certaines viennent travailler alors qu'elles sont malades !" illustre Karine Rousseau-Cingal. 

De son côté, pour lutter contre les départs des soignants, le CHU indique développer "une politique d’attractivité et de fidélisation des professionnels avec diverses mesures : rencontre avec les étudiants, lisibilité des conditions de recrutement et d’évolution de carrière, accueil dans les services, mobilité interne, formation".

 

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