"Au nom de la Terre", le premier long métrage du réalisateur poitevin Edouard Bergeon connaît un immense succès populaire. Il raconte la détresse du monde paysan à travers l'histoire de son père, joué par Guillaume Canet, un agriculteur qui a mis fin à ses jours face aux difficultés.
Cinq semaines après sa sortie, "Au Nom de la Terre" a été vu par près d'1,4 million de spectateurs. Il est projeté dans 550 salles en France et occupe encore cette semaine la quatrième place du Box Office. Dans ce premier long métrage, le réalisateur poitevin Edouard Bergeon raconte l'histoire de sa famille et surtout celle de son père, agriculteur à Jazeneuil dans la Vienne que les difficultés économiques ont poussé au suicide en 1999.
Le film, coup de poing, fait prendre conscience aux Français d'une réalité jusqu'alors méconnue : le suicide des agriculteurs confrontés à des problèmes économiques qui les submergent. Chaque jour, un paysan met fin à ses jours en France.
Au delà du succès qu'il rencontre en salle, "Au nom de la Terre" a été projeté à l'Assemblée Nationale, à l'Elysée et au ministère de l'Agriculture et devient ainsi un vrai manifeste pour la sauvegarde du monde paysan. Edouard Bergeon était ce vendredi l'invité du journal de midi de France 3 Poitou-Charentes. Il revient sur la portée politique de son film.
"Ce qui se passe dans ce film, ça se passe malheureusement trop souvent., ça se passe une fois par jour en France où un agriculteur met fin à ses jours chaque jour. Donc le film devient, est effectivement politique et il parle à une France qui est peut-être périphérique, une France oubliée, celle des ronds-points et des campagnes, il y a un vrai schisme avec les centres.
Un film boudé dans les grandes villes
La répartition géographique des spectateurs allant voir le film d'Edouard Bergeon illustre bien ce "schisme" entre deux mondes dont parle le réalisateur. "Au nom de la Terre" est plébiscité dans les zones rurales mais boudé par le public des grandes villes, avec seulement 100 000 entrées par exemple à Paris.Cela montre qu'il y a une fracture mais peut-être qu'à un moment donné les citadins prendront conscience que leur assiette est remplie par les agriculteurs.
Edouard Bergeon, réalisateur de "Au nom de la Terre"
Un outil pédagogique
Les spectateurs qui, hors des grandes villes, ont encore bien souvent un lien avec le monde paysan ne sortent pas indemnes de la projection. Mais ce film n'est pas un film sur et pour les paysans, il s'adresse à tout le monde et nous questionne tous. Il devrait même devenir un outil pédagogique car le ministère de l'Agriculture envisage de le montrer auprès des élèves et des étudiants de l'enseignement agricole."Si on peut changer les enseignements pour apporter un peu d'agronomie, d'agroforesterie, de permaculture pour faire changer les méthodes agricoles, ce sera bien." conclut Edouard Bergeon, le fils de paysan poitevin devenu réalisateur.
Retrouvez l'intégralité de l'interview d'Edouard Bergeon à France 3 Poitou-Charentes :