Cinéma : dans les coulisses du tournage très secret du Poitevin Édouard Bergeon avec Guillaume Canet

Le réalisateur Édouard Bergeon tourne actuellement en Mayenne "Au nom de la terre", son premier film pour le cinéma. Ce long-métrage, qui est un hommage au monde paysan, est directement inspiré de sa propre histoire. Guillaume Canet et Rufus sont à l'affiche. 
 

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À notre arrivée ce matin-là, le brouillard enveloppe encore cette belle exploitation des Alpes mancelles. Le travail commence tôt à la ferme. Aujourd’hui pourtant pas de traite, ni de labour, les personnes qui s’activent dans la cour préparent une scène pour le cinéma. 

"Au nom de la terre" est le premier long-métrage du Poitevin Édouard Bergeon. En 2012 déjà, il avait réalisé un documentaire sur ce sujet, intitulé "Les fils de la terre". Nous lui avions alors consacré un reportage à voir ci-dessous.  
Reportage de F. Ringuedé, J. Delage et M. Coudrin diffusé le 28/02/2012 sur F3 Poitou-Charentes avec l'interview d'Édouard Bergeon (extraits du documentaire co-produit par Magnéto Presse et Sable Rouge)

Il s'agit cette fois de raconter l’histoire "romancée", précise-t-il, de sa famille et de son père, agriculteur dans les années 90.  Une histoire tragique face aux difficultés économiques et au poids des non-dits dans le monde paysan. Christian Bergeon a mis fin à ses jours le 29 mars 1999; Édouard, aujourd’hui réalisateur, avait 16 ans à l’époque.

Un tournage top secret 

Il est environ 9 heures, quand le premier « Action » retentit. La première scène de la journée va être tournée. 
Rufus, l’un des acteurs les plus charismatiques du cinéma français, apparaît : gapette vissée sur la tête et bâton à la main, il campe le personnage du grand-père, en conflit permanent avec son fils sur les choix de développement de l’exploitation.
Antoine Morel, mon binôme à la caméra, commence lui aussi à tourner mais reste en retrait. Nous sommes la seule équipe de France 3 autorisée sur le tournage et l’une des rares équipes de télévision, acceptée tout court. 

Édouard Bergeon, le réalisateur nous fait confiance. Lui, l’enfant de Jazeneuil dans la Vienne, a débuté à nos côtés à France 3 Poitou-Charentes sur des reportages sportifs, il était passionné de cyclisme.

Quelques prises plus tard, Antoine et moi comprenons ce souci de confidentialité.  Un homme vient de rentrer dans la cuisine de ce corps de ferme, il prépare la scène suivante.

Guillaume Canet dans le rôle de son père 

Cet homme, c’est l'un des acteurs préférés des Français. Guillaume Canet tient le rôle de Christian Bergeon dans cette histoire.

Le comédien est très concentré et très impliqué. C’est la première fois qu’il incarne un agriculteur au cinéma. Ce rôle et ce thème, la détresse du monde paysan, l'ont particulièrement touché, l'histoire d'Édouard Bergeon aussi. 

Le premier jour de tournage, Edouard est venu vers moi et m’a tendu un ceinturon et des bottes. Il m’a dit que c’était les affaires personnelles de son père. C’était très émouvant


nous confie-t-il.

Guillaume Canet est aussi très bienveillant à l'égard d’Édouard Bergeon, ce jeune réalisateur débutant mais perfectionniste avec qui il partage cette passion pour les gens de la terre.

Réalisateur et paysan

Il est près de 13 heures, les équipes de tournage sont en pause déjeuner quand nous faisons connaissance de nouveaux visages. 

Edouard nous présente Vincent et Valérie sa femme, ce sont les véritables propriétaires de la ferme. Ils font partie de l’équipe, des consultants-experts en quelque sorte. 
Pour les besoins du tournage, ces agriculteurs viennent de retourner la terre d’un champ qui jouxte les batiments. L’œil aguerri du réalisateur (il a passé son enfance sur un tracteur) remarque alors que le travail a été effectué avec un cover crop, une technique bien précise qui ne donne pas visuellement le même résultat qu’un labour classique.

Sans hésiter, il s’adapte, la régie devra se débrouiller, il faudra trouver un cover crop des années 80 et non une charrue pour la semaine suivante. Là encore, hors de question de transiger avec les détails.

Pour le monde paysan 

Édouard Bergeon fait aussi et surtout ce film pour le monde paysan.

"Les agriculteurs doivent se reconnaître dans cette histoire. Chaque outil, chaque geste doit être précis" confie-t-il. 

C'est une profession qui souffre alors qu'elle est noble. Aujourd'hui, encore beaucoup sont en proie aux difficultés financières. L'histoire de mon père est malheureusement toujours d'actualité 20 ans après

Même si le film se déroule dans les années 80, les thèmes abordés - Quelle agriculture pour l’avenir ? Comment vivre correctement de ce métier ? - font toujours la Une des journaux. Un agriculteur se suicide presque tous les jours encore aujourd’hui en France.

Avant-premières 

Le tournage n’est pas encore terminé, mais une partie du long métrage est déjà en cours de montage à Paris. "Au nom de la terre" devrait sortir dans les salles à l'automne. Des images exclusives du tournage seront à découvrir sur France 3 Poitou-Charentes dans les jours qui précèderont.

De nombreuses avant-premières seront également programmées dans des villages à la campagne, là où tout a commencé. Au plus près des siens dorénavant. 
Édouard Bergeon, l’ancien journaliste aujourd’hui réalisateur, n’en finit pas de surprendre; il vient d’obtenir son brevet professionnel de responsable d’exploitation agricole en vue de reprendre un jour les terres familiales. Son père Christian a sacrifié sa vie pour elles. 

Avec beaucoup d’audace et de travail, Édouard lui rend un bel hommage. Il est sur le point de prendre une sacrée revanche.

 
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