Cinéma : Le Dietrich propose une projection virtuelle à Poitiers

Fermé depuis le début du confinement, le cinéma Le Dietrich organise sa première séance virtuelle ce soir à 20h15 avec le film Papicha. La séance sera suivie d’un débat avec l'actrice principale, Lyna Khoudri, César du Meilleur espoir féminin 2020.

 

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Le cinéma à la maison, confortablement installé dans son canapé ? Avec Netflix et les plateformes en ligne, c’est possible depuis bien longtemps.

Mais Le Dietrich, cinéma d’Art et Essai à Poitiers innove ce mercredi soir, en proposant à 20h15 une séance d’e-cinéma avec le film Papicha, premier film de la réalisatrice Mounia Meddour qui a reçu le César du Meilleur premier film en 2020. S’ensuivra un débat virtuel avec l’actrice principale, Lyna Khoudri. L’occasion pour Amélie Boisgard de "renouer un lien entre le spectateur et la salle de cinéma, d’interagir avec elle". Le débat se présentera sous forme de chat où le spectateur pourra taper sa question. Un jeu de questions réponses avec un médiateur, pendant environ une heure.Tout se déroulera comme au cinéma explique la programmatrice. 

Le spectateur achète son ticket de cinéma virtuel à cinq euros et toute la famille peut regarder le film. Ils soutiennent le film, le distributeur, la plateforme et la salle.
- Amélie Boisgard, programmatrice du cinéma Le Dietrich

Pour le Dietrich, c’est financièrement très accessoire. "Très clairement ces séances ne sont pas mises en pour nous finance mais c’est important pour nous car on reste en lien avec nos spectateurs, on continuer de proposer des films de qualité comme on l’a toujours fait", analyse Amélie Boisgard. La séance a lieu à 20h15, un horaire précis, ce qui signifie, ajoute-t-elle, qu’il n’y a aucune projection avant ou après l’horaire indiqué.

Après sept semaines de fermeture, et la mise au chômage partiel de tous les salariés, cette séance virtuelle, à l’initiative de La Vingt-Cinquième Heure et du distributeur Jour2fête, remonte le moral. En effet, le Dietrich est dans l’attente de la réouverture. 

On est inquiet sur la date et l’organisation. On est pas un groupe comme CGR, Pathé Gaumont, on a pas leur force financière, s’inquiète Amélie Boisgard.
- Amélie Boisgard, programmatrice du cinéma Le Dietrich

Pour le moment, l’après confinement reste flou pour l’équipe. Difficile alors d’anticiper la réouverture. "Si on rouvre et qu’on ne peut limiter notre jauge qu’à la moitié de la salle par exemple ça va être compliqué. Ce sera aussi difficile de faire de l’évènementiel dans ces conditions… On ne sait pas quel film vont sortir, quand et quels films on va pouvoir proposer à nos spectateurs." Autant de questions qui, pour l’instant, restent sans réponse.

"On ne veut pas que les spectateurs nous oublient"

Ce concept d’e-séances vient d’un constat sans appel.

Les films nous manquent, les spectateurs aussi donc on s’est dit qu’on devait aussi leur manquer, analyse la programmatrice.
- Amélie Boisgard, programmatrice du cinéma Le Dietrich

Une première pour le cinéma et une première pour la ville de Poitiers. "Toutes les semaines on organise des séances débat, ça nous manque, ce n’est pas juste le fait de voir le film chez soi mais c’est pouvoir échanger avec des gens qui ont travaillé sur le film, qu’il y ait un contact. On ne veut pas que les spectateurs nous oublient", ajoute-t-elle, confiante.

Techniquement parlant, l’organisation a été très simple, raconte la programmatrice. "Le site hébergeur, la 25e heure, avec qui on a déjà travaillé nous a proposé cette option. J’ai ensuite dû appeler le distributeur du film pour le programmer au Dietrich virtuel et la 25e heure a mis en place la séance virtuelle." Tout le rôle du cinéma se joue donc à travers la communication et la promotion de la séance.

Une première séance attendue puisque son succès déterminera les suivantes.

On attend de voir si les gens sont contents et si ça se passe bien, on en proposera d’autres.
- Amélie Boisgard, programmatrice du cinéma Le Dietrich

De nouvelles e-séances, mais toujours avec un souci d’innover les formats, en master class par exemple.

Avec cette séance, le cinéma espère pouvoir continuer d’entretenir cette envie des spectateurs d’échanger et de débattre. Amélie Boisgard a d’ailleurs déjà reçu plusieurs retours encourageants de spectateurs, remerciant le cinéma d’organiser ces séances-débats. "On sent que les gens ont envie que ça reprenne".

Une crainte s’est pourtant installée dans l’esprit d’Amélie Boisgard et de l’équipe du Dietrich."On a peur que certains spectateurs perdent l’amour de l’expérience de la salle et s’habituent à rester chez eux". Le virtuel prendra-t-il le pas sur la réalité et le contact humain ? Personne ne peut le dire. En tout cas, une chose est sûre pour la programmatrice, le Dietrich ne proposera pas d’e-séance juste pour voir un film.

La discussion, le débat après le film, c’est notre patte, ce qui nous démarque des autres cinémas, un de nos aspects majeurs que l’on compte préserver, avance-t-elle.
- Amélie Boisgard, programmatrice au cinéma Le Dietrich

Si le cinéma à la maison ne date pas d’hier, avec le confinement, les souscriptions aux services de vidéos à la demande (VOD) on explosé. Un espoir persiste cependant, qui ne remplacera pas le contact physique. "Ce qui différencie ce que les gens vont voir chez eux de ce qu’ils vont voir chez nous, c’est l’expérience, la façon dont ils vont la vivre et c’est pour ça que c’est très important de garder ce côté convivial, d’échange... On ne peut le retrouver qu’en salle".
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