Colère des agriculteurs. Trente tracteurs dans Poitiers pour demander le respect des aides à la transition agroécologique

Une trentaine de tracteurs et 150 manifestants, surtout issus de la Confédération Paysanne, ont investi les rues de Poitiers ce mercredi midi pour s'installer devant le siège de la DRAAF (Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt). A l'appel du réseau CIVAM, ils demandent des garanties sur le financement des mesures agroenvironnementales et climatiques.

"On est hyper contents, c'est un très bon signal", se réjouit Benoît Jaunet, porte-parole de la Confédération paysanne des Deux-Sèvres. Après une rencontre avec la directrice régionale de la DRAAF, venue spécialement de Limoges, la bonne nouvelle est tombée pour les agriculteurs mobilisés : tous les dossiers déposés dans le cadre des MAEC (les mesures agroenvironnementales et climatiques) approuvés seront financés.

En Nouvelle-Aquitaine, cela représente un budget de 183 millions d'euros qui permettra aux éleveurs et cultivateurs volontaires d'investir dans des démarches vertueuses et durables pour leurs exploitations.

La fronde paysanne n'est pas terminée

Ce mercredi matin, Benoît Jaunet a quitté son exploitation du bocage bressuirais à bord de son tracteur pour participer à la manifestation devant le siège de la DRAAF. Tout comme lui, une trentaine de tracteurs a convergé depuis les Deux-Sèvres et la Vienne pour montrer que la fronde paysanne n'est pas terminée, et que les enjeux environnementaux, peu évoqués voire menacés avec la mise en pause du plan Ecophyto par le premier ministre, ne doivent pas être oubliés.

Tous ont répondu à l'appel du réseau CIVAM, qui compte 800 adhérents en Nouvelle-Aquitaine et organise l'entraide et la formation à une agriculture plus durable. "Le CIVAM travaille pour que les agriculteurs et les agricultrices soient plus économes et plus autonomes dans leur métier, qu'ils prennent eux-mêmes les décisions, que ce ne soit pas des gens qui leur vendent ou qui leur achètent des choses qui prennent les décisions à leur place", explique Mathieu Mallet, agriculteur à Melle (79) et administrateur du réseau CIVAM Poitou-Charentes."Certains ont signé les mesures et on leur a dit deux ou trois ans après qu'en fait ils n'auraient pas les sous, donc ils avaient commencé les changements de pratiques et ils se retrouvent le bec dans l'eau."

En appelant à la mobilisation, le réseau CIVAM Poitou-Charentes entendait mettre la pression pour que tous les agriculteurs candidats au dispositif de mesures agroenvironnementales et climatiques puissent opérer leur changement de pratiques, avec l'assurance d'un soutien financier et sans distinction géographique comme c'est le cas aujourd'hui. Ces mesures peuvent prendre la forme de haies plantées, de réduction de l'usage d'intrants, ou encore de la diversification des productions.

Des promesses aux garanties

"Aujourd'hui, les signaux sont contradictoires", déplorait Benoît Jaunet avant la réunion. Déçus par les annonces gouvernementales qui ont suivi les blocages du mois de janvier, les membres de la Confédération paysanne rejoints par d'autres agriculteurs regrettent le recul sur la question des pesticides : "On nous fait croire qu'on gagnera un revenu si on continue à utiliser des pesticides, à dégrader l'environnement et c'est tout l'inverse. On voit aujourd'hui qu'il y a des gens qui veulent faire autrement et on n'utilise pas les pesticides par envie, la réduction c'est un changement de pratique et Ecophyto servait à ça."

On nous fait croire qu'on gagnera un revenu si on continue à utiliser des pesticides, à dégrader l'environnement et c'est tout l'inverse.

Benoît Jaunet

Porte-parole de la Confédération paysanne des Deux-Sèvres

Vivien Grandin, agriculteur à Montravers (79) a également répondu présent. Dans son exploitation, il élève des vaches allaitantes et produit des légumes en agriculture biologique. Il a entamé sa transition en 2005 : "Quand on dit qu'il y a des aides pour passer en BIO en deux ans ou pour changer de pratiques en cinq ans avec des MAEC, sur ma ferme j'ai fait presque une transition en 20 ans pour arriver d'année en année à avoir des pratiques de plus en plus vertueuses", raconte-t-il.

Il s'est déplacé ce mercredi en raison du manque de clarté du gouvernement concernant les aides allouées aux MAEC. "On est en colère parce qu'il y a quand même des dizaines de milliers de fermes en France qui font des efforts ou qui veulent faire des efforts, 90 % des scientifiques spécialistes du climat, de l'eau, de la biodiversité qui disent qu'il est temps d'agir, et tout d'un coup, l'État va dire 'bah oui mais non, il n'y a pas assez de budget', ce n'est pas entendable."

Les manifestants présents ce mercredi à Poitiers sont donc satisfaits d'avoir obtenu gain de cause sur ce dossier, alors même qu'à 16 heures, la Confédération paysanne était reçue par le président de la République à l'Élysée.

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