COVID-19 : Le laboratoire de microbiologie du CHU de Poitiers croule sous les analyses des tests Covid

Le laboratoire de microbiologie moléculaire du CHU de Poitiers analyse chaque jour entre 2.200 et 2.400 tests COVID prélevés en Poitou-Charentes. Une charge de travail qui a considérablement augmenté depuis le printemps. Rencontre avec le chef du service de virologie du CHU.

En avril dernier le laboratoire de microbiologie moléculaire du CHU de Poitiers recevait en moyenne 200 écouvillons par jour suspectés d'être porteurs de la Covid-19. Chaque semaine, le nombre augmentait, lentement mais sûrement, avec des pointes à 400 échantillons. Mais ça, c'était au tout début de l'épidémie. Aujourd'hui, la plateforme analyse entre 2.200 et 2.400 tubes par jour, soit six fois plus qu'en avril dernier !
La machine fonctionne sept jours sur sept, de six heures à trois heures du matin.
"Nous sommes au maximum de nos capacités", explique Nicolas Lévèque, professeur de virologie, chef du service de virologie du CHU de Poitiers.
"Nous sommes en cours d'installation d'une deuxième plateforme, identique, qui nous permettra de franchir la barre des 2.500 tests quotidien."

Au delà du matériel et de la mise en place du réseau informatique, il faut aussi du temps dédié à la formation du personnel. "Nous avons formé et engagé des techniciens et des techniciennes en renfort au mois de mai, mais ils sont partis au mois d'août. Nous devons recommencer avec de nouvelles personnes. Tout ça prend du temps", souligne Nicolas Lévèque. 

Inquiétudes sur l'approvisionnement en réactifs

Ces machines nécessitent aussi des réactifs pour analyser les échantillons. Au début de la crise, tous les laboratoires en manquaient cruellement. Aujourd'hui, cela reste une source d'inquiétude. "Nous avons une réserve d'un ou deux mois actuellement pour absorber 100.000 à 120.000 tests. Néanmoins, on se pose toujours la question du réapprovisionnement, car la demande est mondiale. Tout le monde a besoin des mêmes choses en même temps", s'inquiète ce professeur de virologie. 

Un dispositif saturé

Vendredi 18 Septembre, la Haute Autorité de Santé (HAS) a validé la possibilité de faire des tests salivaires pour les personnes présentant des symptômes. Cette nouvelle forme de dépistage ne va rien changer à la partie analyse, si ce n'est augmenter encore la charge de travail et le temps pour obtenir les résultats.
"C'est tout l'enjeu des semaines à venir", explique Nicolas Lévêque, "mettre en place une véritable filière de prélèvements entre les patients urgents et les non-urgents. Par exemple, les personnes avec une ordonnance, celles avec des symptômes, et les cas contacts pourraient passer par le drive du CHU. Tous les autres, non urgents pourraient être traités par le réseau des laboratoires Bio 86."
Jusqu'à présent la politique gouvernementale était le dépistage à tout prix, pour tout le monde. Au fil des semaines cette devise semble être de plus en plus compliquée et surtout de moins en moins pertinente. En France, certains, comme le vice-président du Syndicat national des médecins biologistes Jean-Claude Azoulay s'interroge sur la necessité de faire un million de tests par semaine.
Si tous les professionnels sont d'accord sur la nécessité de revoir le système des dépistages, les avis divergent à propos des solutions. La question devrait animer de nouveaux débats dans les semaines à venir.
 
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