Notre équipe vous propose un dossier consacré à l'affaire François Vergniaud. Cet homme a été jugé et condamné aux Assises de la Vienne en 2005, pour le viol et tentatives de viol sur plus de dix femmes en Poitou-Charentes.
C'est une affaire sordide qui secoue la ville de Nantes le jeudi 20 aout 2020. Une adolescente de 15 ans est retrouvée morte après avoir été violée. Un homme est rapidement arrêté. Le récidiviste n'est autre que François Vergniaud, un Poitevin qui a violé ou tenté de violer 13 femmes en Poitou-Charentes au début des années 2000.
En décembre 2005, la cour d'assises de la Vienne l'a condamné à 18 ans de réclusion criminelle. Entre 2001 et 2003, des jeunes femmes sont victimes d'agressions sexuelles et de viols, en Charente-Maritime et dans la Vienne. Toutes, racontent la même histoire. Un homme les aborde pour leur demander de l'aider à porter un carton ou un meuble.
Les enquêteurs ont surnommé cet agresseur "l'homme au carton". À Poitiers ou à Saintes, partout où il a sévi, les enquêteurs le traquent. Son portrait-robot est gravé dans leur tête. Il reste alors introuvable jusqu'à ce matin d'aout 2003 à Poitiers. Un policier s'apprête à prendre son service quand il repère un homme qui arpente le trottoir avec un gros colis. Il l'interpelle. L'homme avoue aussitôt, il s'appelle François Vergniaud.Il est arrivé vers moi et m'a demandé de l'aider à porter un carton. A aucun moment je ne me suis sentie en insécurité. Par contre, arrivée dans l'appartement, il a fermé à clé, et là j'ai compris tout de suite. J'ai pensé que j'allais mourir. Il m'avait attachée. Je me suis aussi dit qu'il allait me tuer.
En août 2003 Frédéric Chevallier, était alors le magistrat de permanence. Il se souvient très bien de sa rencontre avec cet homme.
A son procès, François Vergniaud fait profil bas face à ses victimes et s'excuse. Les jurés le condamnent à 18 années de réclusion. Après 11 ans de détention, il est libéré et disparait des radars de la justice. Mais l'été 2020 à Nantes, ses aveux sur le viol et le meurtre d'une adolescente sonnent comme un coup de tonnerre pour les anciennes victimes et les magistrats.J'avais enfin mis un visage sur un homme que l'on cherchait depuis de nombreux mois, et qui finissait par terroriser toute une ville. Là, j'aurais aimé voir une "espèce de monstre", mais j'ai juste vu un être humain.
Une question se pose ; "faut-il laisser les gens tout le temps en prison ?" Selon Frédéric Chevallier, procureur de la République du Tribunal judiciaire de Blois, la réponse est non.J'étais en colère contre la justice qui l'avait autorisé à sortir, et qu'il puisse avoir une vie normale, un travail, il a avait même "quelqu'un" dans sa vie". Et là, il recommence.
Le profil de ce type d'agresseur est connu des psychiatres. Son évolution dépend beaucoup d'un suivi très régulier.Moi je crois en la capacité de l'être humain de s'amender, de réfléchir, de se réorienter et de tirer les conséquences de graves comportements commis.
Selon les premiers éléments révélés par le parquet de Nantes, depuis sa sortie, François Vergniaud aurait respecté son suivi socio-judiciaire. Une enquête interne dans les services judiciaires n'a pas non plus révélé de dysfonctionnement. En août dernier, François Vergniaud a récidivé. Il est soupçonné du meurtre d'une adolescente de 15 ans.Il s'agit d'une trace indélébile de l'enfance, qui va se rejouer dans des situations qui rappellent le vécu traumatique. La seule chose que la thérapie puisse faire, c'est amener la personne à prendre conscience dans quelle situation elle est en danger de récidiver. Ce qui faut qu'elle fasse à ce moment-là, c'est d'aller voir son thérapeute pour le dire par les mots, et non pas par des actes.
*Célia (prénom modifié)