Essais cliniques qualifiés d'illégaux par l'ANSM : le professeur Henri Joyeux s'explique

Un mois après la révélation de l’affaire des essais cliniques organisés dans une abbaye près de Poitiers, Henri Joyeux, l’un des deux scientifiques, à l’origine de l’essai, dément les accusations dans un long plaidoyer publié ce lundi sur les réseaux sociaux.
 

Le professeur Joyeux sort de sa réserve concernant l'affaire dite "des essais cliniques à l'Abbaye Sainte-Croix" près de Poitiers. Plus d'un mois après l'interdiction d'essais cliniques qualifiés "d'illégaux" par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), l'ancien professeur des Universités publie un long communiqué sur sa page Facebook dans lequel il apporte de nombreuses précisions. Il détaille notamment son CV et celui du professeur Fourtillan, le président du Fonds Josefa installé à Poitiers. Henri Joyeux donne aussi des explications sur la fabrication des patchs et le fonctionnement du Fonds Josefa.

Dés le 20 septembre, l'affaire avait connu un rentissement national, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a déclaré que cette affaire était un "vrai scandale". Le neurologue nantais à l'origine de la dénonciation de cet essai parlait pour sa part de" manipulation de patients en détresse".

Une étude scientifique

Très rapidement, le professeur honoraire de la Faculté de Médecine de Montpellier avait nié devant les caméras de  France 3 Occitanie avoir mis en place un essai clinique, parlant de simple "étude scientifique"
Menée sur au moins 350 malades de Parkinson et Alzheimer, l’expérimentation consistait à appliquer aux patients des patchs contenant deux molécules, appelées valentonine et 6-méthoxy-harmalan, dans l'espoir de traiter plusieurs maladies neurologiques (Parkinson, Alzheimer, troubles du sommeil).

L'historique de la découverte 

Revenant sur l'historique de la découverte de la valentonine, le professeur Joyeux détaille les différentes étapes.

Elle date de 1994, au centre de recherche biomédicale (CEMAF créé en 1989) à Poitiers que dirigeait le Pr Fourtillan. N’oublions pas qu’il est ingénieur chimiste, sorti de l’école de Bordeaux et professeur de chimie thérapeutique depuis l’âge de 28 ans.

Il revient alors sur émission de télévision de 2014 dans laquelle le Pr Fourtillan fait part de sa découverte.

Je l’invite à m’expliquer sa découverte que je considère comme extrêmement importante et décide de la faire connaître par mon site internet, les réseaux sociaux et mes conférences publiques.
La fabrication des deux hormones est réalisée sur le site de production industrielle M2i à  Salin de Giraud, dans les conditions techniques et légales appropriées.
Dès l’obtention des premiers patchs, le Pr Fourtillan essaye sur lui-même puis ses proches, ses amis.
Désirant éviter de confier cette découverte à des laboratoires pharmaceutiques car il a l’expérience des énormes contraintes budgétaires et du très long temps nécessaire pour obtenir les autorisations, le Pr Fourtillan opte pour un essai clinique préliminaire, dit officiellement phase de concept dans le but d’obtenir au plus vite une Autorisation Temporaire d’Utilisation (ATU) dont il a eu l’expérience avec le premier traitement efficace du Sida. Cette approche est parfaitement légale.

L'objectif des tests

Le professeur, controversé notamment sur sa prise de position concernant les vaccins, revient aussi sur l'objectif des tests organisés à l'abbaye Sainte-Croix.

Il s'agissait de connaître l’état biologique des patients au niveau global et immunitaire. Et surtout, doser les taux des 3 hormones de la cascade métabolique : la mesure du taux de Mélatonine est toujours possible. Dans cette étude ce patch n’a donc pas un but thérapeutique.

Incompréhension

Concernant les accusations de dangerosité et d'illégalité par l'ANSM, Henri Joyeux estime qu'il y a incompréhnsion.

L’ANSM parle d’illégalité, il faudra le démontrer. Mes recherches ont sauvé beaucoup de patients et généré beaucoup d’emplois. Elles m’ont valu d’être admis comme membre de l’American College of Surgeons” en 1978, et le prix international de cancérologie décerné en France en Juin 1986. Aujourd’hui ce que j’ai fait serait interdit.
-Henri Joyeux

125 témoignages mis en ligne 

L'auteur du communiqué met également en ligne les témoignages de 125 malades ayant participé aux recherches du Pr Jean-Bernard Fourtillan, dont voici un extrait de l'un d'entre eux.

Je bénéficie des patchs et peu attester de leur efficacité dans la maladie de Parkinson. En effet lorsque je peux mettre 1 patch le soir, au bout d’une semaine environ je note les améliorations suivantes :
• Meilleur sommeil, principalement pendant la 2ème partie de nuit, après mon lever nocturne.
• Amélioration de ma « marche indépendante » : je retrouve une marche normale, assurée, plus dynamique,
• Amélioration de mon élocution : je parle normalement, plus longtemps, moins fatigué : je retrouve un certain dynamisme et renoue à mes occupations.
-Patrick L, le 20/10/2019.

Le communiqué du professeur Joyeux est publiée sur sa page Facebook.
Une enquête en cours : ce que la justice cherche à savoir
Vendredi 27 septembre, le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire, notamment pour « abus frauduleux de l’état d’ignorance ou de faiblesse d’une personne vulnérable » et « exercice illégal de la profession de pharmacien ».
Voici le détail des poursuites.
– recherche interventionnelle impliquant une personne humaine (non justifiée par sa prise en charge habituelle sans l'obtention de l'avis du comité de protection des personnes et de l'autorisation de l'ANSM, sans consentement conforme, sans souscription préalable d'une assurance),
– abus frauduleux de l'ignorance ou de la faiblesse d'une personne vulnérable,
– tromperie sur la nature, la qualité substantielle ou l'origine d'une prestation de services,
– exercice illégal de la profession de pharmacien,
– ouverture d'un établissement pharmaceutique sans autorisation,
– recherche impliquant une personne humaine malgré son interdiction ou sa suspension administrative.
 
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