Cinq jours après la révélation par l'Agence du médicament d'un essai clinique sauvage dans l'Abbaye de Sainte-Croix à Saint-Benoît, l'une de nos équipes a rencontré des membres du Fonds Josefa domicilié à Poitiers. C'est cette structure qui organisait l'expérimentation.
L'Agence du médicament (ANSM) a révélé jeudi avoir interdit "un essai clinique sauvage" selon elle d'une ampleur rare, avec des molécules testées sur des patients, via des patchs, dans l'espoir de traiter plusieurs maladies neurologiques (Parkinson, Alzheimer, troubles du sommeil). Cet essai "illégal"selon l'ANSM était mené par une structure baptisée Fonds Josefa qui est domicilié à Poitiers dans la Vienne.Qui fait partie du Fonds Joséfa ?
Cette structure a été créée en 2015 avec pour objectif de financer des travaux de recherche de Jean-Bernard Fourtillan, pharmacien mais aussi ingénieur chimiste dont le cursus et les expertises sont détaillés sur le site du Fonds Josefa.Le conseil d'administration du Fonds Josefa est composé de 9 membres, dont les profils sont aussi mis en ligne.
Ils sont pharmaciens, ingénieur, cancérologue, professeur émérite de la faculté de médecine, cardiologue , docteur en droit et avocat.
Parmi eux, un ancien professeur du CHU de Poitiers et un médecin en exercice au CHU et à la Polyclinique que l'une de nos équipes a pu joindre par téléphone. Il témoigne anonymement.
Si ces produits apportent un plus et permettent de transformer un Parkinson qui est au fauteuil, qui se remet à marcher et à vivre à peu près correctement, si ça agit de façon bénéfique mais ça, on ne le sait pas encore dans l'Alzheimer, ce sont des travaux futurs qui seront menés dans les facultés.
Interrogé sur l'organisation du Fonds Josefa, le CHU de Poitiers nous a expliqué dans un courriel ignorer l'engagement de ce médecin et n'avoir aucun lien avec cette affaire.
La participation de ce professionnel au fonds mis en cause pour des essais cliniques, relève d'un engagement individuel,
-le CHU de Poitiers.
Notre équipe a aussi rencontré un autre membre affiché du conseil d'administration du fonds Josefa, une septuagénaire qui dit aujourd'hui ne plus en faire partie.
C'est sûr qu'ils sont sensibles au phénomène religieux et qu'ils savent vivre leur foi dans leur travail. Je pense que cette découverte sera extrêmement importante, parce que c'est la nature et ce n'est pas un médicament.
Lettre ouverte du Professeur Jean-Bernard Fourtillan
De son côté, l'avocat du Fonds Josefa nous a communiqué une mise au point du Professeur Jean-Bernard Fourtillan adressée au Directeur Général de l’ANSM et au Ministre de la Santé.Dans ce courrier, le pharmacien explique que "Cette découverte a permis de comprendre, pour la première fois, les mécanismes, totalement inconnus auparavant, des troubles du sommeil, des dépressions nerveuses et des maladies neurodégénératives de Parkinson et d’Alzheimer.
Parce que ces affections sont dues à une insuffisance des sécrétions pinéales nocturnes de ces deux hormones régulatrices, leur administration par patchs transdermiques, pendant la nuit, permet de traiter efficacement ces maladies. C’est dans ce cadre que 402 personnes, dont les Professeurs Fourtillan et Joyeux, atteintes d’une de ces affections, ont librement décidé de se soigner."
Vous pouvez lire l'intégralité de cette lettre ouverte ci-dessous.
Lettre ouverte du Professeur Jean-Bernard Fourtillan
Des patchs vendus au prix de 1500 euros
La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) a par ailleurs affirmé à l'AFP avoir reçu "trois signalements, entre novembre 2018 et février 2019", ayant permis d'avertir les autorités concernées.Selon ces signalements, "trois soirées, sur trois lieux différents" ont été organisées "pour des professionnels de santé" susceptibles d'avoir parmi leurs patients des personnes atteintes des maladies neurologiques concernées, a déclaré Anne Josso, secrétaire générale de la Miviludes.
Pour ces patients, "des patchs circulaient sous le manteau, vendus au prix de 1.500 euros", a-t-elle affirmé.
Lors de ces soirées, l'objectif assumé était de "lever des fonds pour le financement d'un médicament en cours de développement", ce "pour le fonds Josefa", selon elle.
Selon l'ANSM, l'expérimentation consistait à appliquer aux patients des patchs contenant deux molécules, appelées valentonine et 6-méthoxy-harmalan, dans l'espoir de traiter ces maladies neurologiques.
Jeudi, le Pr Joyeux, vice président du Fonds Josefa avait réfuté le terme d'essai clinique, évoquant une "étude scientifique préalable à un essai clinique".
Le reportage d'Antoine Morel et François Bombard et Carine Grivet.