Famille d’accueil pour animaux, le bénévolat indispensable aux refuges

L’été, avec la chaleur et les départs en vacances, les abandons et les naissances se multiplient, tandis que les adoptions se font rares. Pour s’occuper des chiens et des chats en attente d’une nouvelle maison, des familles d’accueil prennent une partie des pensionnaires du SPA de Poitiers chez elles.

Pour Laurence Praud, l’aventure « famille d’accueil » a débuté il y a cinq ans, avec Titus. Un petit chiot beige, croisé labrador, aux grands yeux marrons et au caractère facile. Cinq ans plus tard, il est toujours là. Et sert de grand frère à tous les chiots de passage dans la maison du couple à Chouppes.

"Depuis Titus, le seul qu’on ait gardé, on a accueilli 38 chiens", calcule Laurence. Elle sourit. C’est beaucoup, c’est vrai, car en moyenne, elle s’occupe des animaux environ trois mois.

"Je prends régulièrement des chiots, jusqu’à leur six mois maximum. Après ils passent dans leur phase adolescente, le caractère s’affirme et ça devient trop compliqué à gérer", confie-t-elle.

Le pensionnaire actuel s’appelle Titan, trois mois-et-demi, pelage gris clair et musculature massive qui tranche avec ses coups de langue joueurs. Avant lui, il y a eu Jack, Isis, Patonne, Olga, Maya, Pepito ou encore Gobbie « le fugueur »… Autant de chiots chanceux d’avoir eu accès à une famille d’accueil.

"Pour le moment, nous avons une trentaine de familles, mais il en faudrait au moins dix de plus", soupire Aude Leblanc, responsable des familles d’accueil pour chiens du SPA de Poitiers.

"L’été est toujours une période très difficile au refuge, tous les boxes sont complets. Nous essayons de placer au moins les chiots dans des familles", poursuit-elle.

Chaque année, nous comptons 1 000 entrées de chats au refuge, pour environ 650 adoptions.

Alice Petit, responsable des familles d'accueil pour chat au SPA de Poitiers

Tous les ans, le même problème se pose : d'un côté, les naissances et les abandons augmentent en masse, et les adoptions restent réduites. "Il faut être patient, les adoptions reprennent à la rentrée, lorsque les adoptants rentrent de vacances", souligne la responsable.

La situation est tout aussi critique du côté des chats. "Il faut savoir qu’en moyenne, nous comptons 1 000 entrées de chats au refuge chaque année, pour environ 650 adoptions", explique Alice Petit, responsable des familles d’accueil pour chats. Et beaucoup d’entrées se font au printemps et en été, au moment des chaleurs des chattes.

Des places limitées

Mi-août, 426 chats sont comptabilisés au sein du refuge, dont 105 répartis dans 35 familles d’accueil, certaines prenant des portées entières de chatons chez eux.

"Il m’en faudrait au moins le double !" se désole Alice Petit. En théorie, les chatons sont gardés entre un et trois mois, avant de leur trouver une famille d’adoption.

Mais toutes les situations ne se ressemblent pas. "Nous avons des familles pour les chatons, mais aussi des familles dédiées aux cas SOS, des animaux atteints de pathologies lourdes, ou alors en fin de vie."

Pour ces animaux, l’adoption n’est parfois même plus une option. Les familles d’accueil s’occupent alors des chats, ou des chiens, jusqu’à leur mort. "Pour la prochaine fois, je me verrai bien accueillir un chat adulte, avec une pathologie, concède Charlotte Coquilleau, mais une fin de vie, non, je ne pourrais pas m’attacher à un animal si proche de la mort."

Fin juillet, cette jeune technicienne de laboratoire de 24 ans s’est lancée en tant que famille d’accueil après un an de bénévolat au refuge de Poitiers. Trois chatons ont rejoint son appartement en attendant leur nouvelle famille. L’un d’eux a trouvé ses nouveaux maîtres quelques jours plus tôt. "S’occuper d'eux est plus difficile que je ne l’imaginais. C’est mignon, mais des chatons ça court, ça saute, ça joue tout le temps", énumère-t-elle en regardant Lala et Tom, ses deux derniers protégés.

"Un peu manique" et "plutôt solitaire", elle n’avait pas prévu de sauter le pas, mais s’est finalement engagée pour soulager une collègue qui ne pouvait pas accueillir une nouvelle portée. "Je crois que je me débrouille assez bien", affirme-t-elle en riant.

Je me vois comme un relais, mon but, c’est de les placer dans une famille où ils recevront l’amour qu’ils méritent.

Charlotte Coquilleau, famille d'accueil

En effet, les chatons font le bon poids et débordent d’énergie. Cependant, bien que la jeune femme leur porte une grande affection, elle sait qu’elle n’aura pas de mal à s’en séparer. "Je me vois comme un relais, mon but, c’est de les placer dans une famille où ils recevront l’amour qu’ils méritent." Un état d’esprit partagé par Laurence Praud. "C’est un peu plus difficile pour mon mari, qui passe beaucoup de temps avec eux. Mais souvent, les maîtres m’envoient des photos des chiens après l’adoption, j’adore les voir grandir."

Candidatures étudiées

Attention, même si le nombre de famille d’accueil n’est jamais suffisant, tout le monde ne se verra pas confié un animal pour autant. Les responsables des familles d’accueil du SPA étudient avec attention les motivations des volontaires, qui peuvent parfois décevoir les bénévoles du refuge. "Certains veulent accueillir des pensionnaires pour « tester » la vie avec un animal. Mais nous ne sommes pas un supermarché, on ne fait pas essayer les animaux", rappelle Aude Leblanc.

Avant toute chose, les familles signent un contrat d’engagement, les obligeant à assurer les visites chez le vétérinaire et à rendre l’animal lorsqu’il aura trouvé une famille. L’investissement est donc total, mais le coût financier, lui, reste moindre. "Le refuge m’a fourni tout le nécessaire pour recevoir les chats : bac à litière, croquettes, gamelles, jouets… confirme Charlotte Coquilleau. La seule dépense à ma charge, c’est la litière."

La vaccination, l’identification, tous les frais médicaux obligatoires sont avancés par le refuge.

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Lala et Tom ©Mélanie Caron - France Télévisions

L'accueil en famille, une période cruciale

Et si les familles d’accueil sont aussi aidées et convoitées, c’est parce qu’elles participent au bon développement des animaux du refuge. "Souvent, ça rassure les adoptants de savoir que l’animal a vécu dans une famille", soutient Aude Leblanc. Parfois, ces quelques semaines se révèlent cruciales dans le développement des animaux, notamment des bébés. Dans le jardin de Laurence Praud, Titan joue avec Malo, son jeune chat roux, habitué des chiots.

"Nous essayons de préparer au maximum les chiots. Après leur passage ici, ils savent ce qu’est la vie avec un autre chien et s’entendent avec les chats. Ils jouent avec mes petits-enfants pour s’adapter à une vie de famille… Et nous faisons en sorte qu’ils connaissent les bruits de la vie quotidienne." Des détails qui peuvent paraître insignifiants, mais qui changent tout.

"J’allume la télé et je les mets de temps en temps sur le balcon, pour qu’ils ne soient pas effrayés au moindre bruit", ajoute Charlotte Coquilleau. Autant de situations que les animaux grandissant dans des boxes, dans les refuges, ne connaissent pas. "Même s’ils sont bien soignés, la vie en refuge est très différente de la vie en famille. Nous faisons tout pour les sociabiliser", conclut Laurence Praud.

Cette sociabilisation facilite leur future éducation et permet à tous ces compagnons à poils de trouver leur maison définitive.

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