Les températures négatives de la nuit de samedi 2 à dimanche 3 avril ont fait craindre le gel sur les cultures. Alors, les professionnels s’adaptent. Dans la Vienne, à Charroux, la famille Gargouil, arboricultrice, utilise la technique de l’aspersion pour protéger les bourgeons du gel.
Les températures négatives annoncées la nuit dernière, a incité les arboriculteurs à protéger leur bourgeon du gel. Si la technique de la bougie est la plus connue notamment chez les viticulteurs, celle de l’aspersion est utilisée, depuis 22 ans, dans la famille Gargouil installée à Charroux (Vienne). Sur ses 6 hectares de pommes, de coings et de poires, Éric Gargouil a mis en route, samedi soir, avant la nuit, son système: des jets d'eau qui arrosent les cultures en continu pour former une couche de glace sur les bourgeons ce qui les protège du gel car la température ne va pas en-dessous de zéro degré.
"On est à -2,5°C à peu près. Comme on amène de l'eau au cœur de la glace on est à 0°C, on ne gèle pas et on est sûr de protéger le végétal, la fleur", explique Éric qui n’a pas fermé l’œil de la nuit. En effet, cette technique oblige à rester vigilant à chaque instant afin de s’assurer que tous les bourgeons soient protégés.
"On va continuer à asperger, à mettre de l’eau, et au fur et à mesure la glace va partir et une fois qu’il n’y aura plus de glace on va arrêter l’aspersion comme ça le végétal va repartir. Mais vu la glace on va en avoir jusqu’à midi", estime l’arboriculteur. Sans l'aspersion, la famille Gargouil aurait pu perdre 40 à 60% de sa récolte.
Températures négatives la nuit prochaine
Yves Gargouil, le père, est la mémoire du verger. Il a connu toutes sortes de système antigel : chaufferettes au fioul, éoliennes… Finalement, rien n'est plus performant que l'aspersion pour ses arbres fruitiers. Et il parle en connaissance de cause.
Moi, j’ai connu les premiers gels en 1957 quand j’ai commencé à travailler avec papa. Malheureusement, on n’avait rien du tout pour nous protéger, à l’époque on avait une dizaine d’hectares de verger et on a récolté 10% de la récolte.
Yves Gargouil, arboriculteur
Après cet épisode de gel, le mauvais temps annoncé la semaine prochaine inquiète les arboriculteurs. Cela pourrait dissuader les abeilles de sortir et ralentirait la pollinisation, en pleine période de floraison.
La nuit prochaine, des températures négatives sont également attendues, les plus basses en Charentes entre -5°C et -6°C.
Reportage de Malvina Raud et Augustin Guillot