Après les municipales, place aux élections communautaires. L'assemblée communautaire de Grand Poitiers compte 91 membres qui représentent les 40 communes de la Communauté urbaine. Ils doivent élire leur président-e, qui, pour la première fois, ne sera pas la maire de Poitiers.
Il s'agit d'une première : qui sera président ou présidente de Grand Poitiers ? Quelques jours avant l'élection qui aura lieu ce vendredi 10 juillet, le suspense reste entier alors que, jamais depuis la création de la communauté urbaine et même avant, la question ne s'était posée.
Une première à Grand Poitiers
La présidence a toujours été assurée par le maire de Poitiers. Mais un vent de changement a soufflé sur la ville depuis le dimanche 28 juin et l'élection surprise de Léonore Moncond'huy à la tête de la mairie. Elle avait déjà annoncé pendant sa campagne électorale qu'elle ne briguerait pas la présidence communautaire, ce qui a ouvert des perspectives pour d'autres élus. Ils sont aujourd'hui au nombre de deux à briguer ce poste. D'un côté, Florence Jardin, maire de gauche et écologiste de Migné-Auxances depuis 2014, de l'autre, Claude Eidelstein, un homme de centre droit qui est maire de Chasseneuil-du-Poitou depuis 2001, tous les deux se connaissent bien et étaient déjà vice-présidents de Grand Poitiers sous la mandature d'Alain Claeys. Florence Jardin était vice-présidente à la Transition Ecologique et Claude Eidelstein, vice-président aux Finances."Il faut une cohérence de territoire" - Léonore Moncond'huy
La donne a donc changé, la nouvelle maire élue à Poitiers, ne souhaite pas diriger la communauté urbaine mais cela ne veut pas dire qu'elle n'entend pas directement s'y intéresser et s'y investir. Elle propose et soutient la candidature de Florence Jardin au nom de la cohérence de territoire.Léonore Moncond'huy ajoute que Poitiers devra être présent dans l'exécutif de Grand Poitiers, et notamment sa maire qui souhaite une vice-présidence. Elle souhaite par ailleurs travailler en relation avec la région Nouvelle-Aquitaine, en s'appuyant sur le réseau régional dont elle bénéficie alors qu'elle était jusqu'alors élue au conseil régional de Nouvelle-Aquitaine.Ce serait contradictoire pour un territoire d'être divisé entre deux directives politiques divergentes, c'est vraiment un socle sur lequel on souhaite s'appuyer. Il est indispensable de pouvoir travailler en confiance, c'est aussi pour ça qu'il est essentiel que la maire de Poitiers s'entende bien avec la présidence de Grand Poitiers.
"Une proximité de valeurs" pour Florence Jardin
Ce discours est partagé par Florence Jardin qui a présenté sa candidature à la présidence en présence de Léonore Moncond'huy et plusieurs autres maires de la communauté urbaine.Pour la maire de Migné-Auxances qui se fixe deux mots d'ordre, la solidarité et l'écologie, cette dernière doit transcender la question de l'appartenance politique : "la transition écologique est partout et ça doit être une porte d'entrée pour l'ensemble de nos politiques publiques".J'incarne plus la transition écologique en tant que vice-présidente sur deux mandats sur ces sujets. J'ai donc une proximité de valeurs avec la ville de Poitiers et l'équipe de Poitiers Collectif. Il semble intéressant, sans qu'il y ait une seule tête pour Poitiers et Grand Poitiers qu'il y ait quand même des valeurs partagées de façon à mener un projet cohérent.
Claude Eidelstein affirme qu'il sera "à l'écoute de tous"
Les deux élus ont déjà présenté leur projet à l'ensemble des 38 autres maires de Grand Poitiers et un groupe de travail a été constitué pour travailler sur ce nouveau "pacte de gouvernance". Un groupe de travail auquel a participé le second candidat à la présidence, Claude Eidelstein, maire de Chasseneuil-du-Poitou depuis 2001. Il est aussi élu au conseil départemental de la Vienne dans la majorité de Bruno Belin, le président Les Républicains du département. Après les élections municipales qui ont vu des candidats de droite se faire élire notamment Gérald Blanchard à Buxerolles, la majorité politique de Grand Poitiers est plus incertaine. En homme politique averti, Claude Eidelstein estime qu'il faut attendre l'élection pour vérifier où se situe la majorité. Il affirme cependant disposer de la confiance "d'un bon nombre de maires" dont celui de Chauvigny, Gérard Herbert, et rappelle que "s'il est élu président, il sera à l'écoute de tous". En revanche, il se dit complètement opposé à ce qu'il ressent comme une entente entre deux communes qui pourrait se faire au détriment des autres.Comme sa concurrente, l'ancien vice-président aux finances de Grand Poitiers et rapporteur du budget du département de la Vienne évoque lui-aussi l'écologie en affirmant qu'elle doit être envisagée de manière globale. "Tout le monde sait que l'écologie, c'est important. Aujourd'hui, l'écologie est transversale."On a été surpris de la décision de Poitiers de ne pas prendre la présidence de Grand Poitiers mais ce qui a dérangé un grand nombre de maires, c'est que Poitiers dise dans un deuxième temps, je vous impose, je vous propose untel comme président. Autrement dit, il y a un accord entre deux communes face à 38 autres qui regardent le spectacle se dérouler."
En revanche, si Claude Eidelstein est élu, la question de l'avenir de l'aéroport de Poitiers pourrait devenir assez rapidement un point de discussion et peut-être même de discorde au sein du conseil communautaire et avec la mairie de Poitiers.
Réponse à toutes ces questions, vendredi 10 juillet, avec l'élection dans l'après-midi de la présidente ou du président de Grand Poitiers. Cette élection se déroulera au Théâtre Auditorium de Poitiers (TAP) en raison des mesures sanitaires a appliquer face à l'épidémie de Covid-19.