Pour leur prix Renaudot, les lycéens ont choisi le roman d'Anne Berest, "La carte postale" (Grasset). Le livre est le récit d'une enquête familiale minutieuse autour de quatre ancêtres assassinés à Auschwitz en 1942.
Anne Berest voulait que son roman La carte postale (Grasset) "lutte contre l'oubli". Avec le coup de projecteur que lui donnent les jurés du prix Renaudot des Lycéens en lui discernant, ce jeudi 18 novembre, leur prix, à Loudun dans la Vienne, c'est chose réussie.
Dans une enquête à la fois contemporaine et historique, la romancière sort de l'oubli l'épopée de quatre membres de sa famille maternelle : Ephraïm, Emma, Noémie et Jacques, tués à Auschwitz en 1942.
Leur histoire, Anne Berest la découvre réellement un jour de janvier 2003, lorsque sa mère récupère dans sa boîte aux lettres une carte postale anonyme sur laquelle sont inscrits les quatre prénoms (des arrières grand-parents, d'une grand tante et d'un grand oncle maternelles de l'autrice) d'une écriture maladroite. Comme elle le retrace dans l'ouverture du roman, sa mère s'exclame : Mais qui a pu m'envoyer cette horreur ?
Anne Berest entreprend alors une enquête familiale minutieuse dont les détails et les rebondissements, impossibles à inventer, nourrissent le récit d'une matière romanesque haletante qui porte le lecteur. L'autrice doit démêler les fils de l'histoire familiale. La tâche est rude. C'est une lutte contre l'oubli. Le livre se nourrit du travail d'enquête de la mère de l'autrice - 20 années de recherche sur le parcours de ses proches ! - et, des recherches qu'elles mènent ensuite toutes les deux, sur les lieux où ont vécu leurs ancètres.
Le récit d'Anne Berest porte en lui le souffle de l'histoire à laquelle se mêlent les destinées individuelles. Le lecteur voyage de Russie en Lettonie, jusqu'en Palestine et enfin la France. À chaque destination, un nouveau départ et l'espoir d'une vie meilleure contrée par la montée du nazisme en Europe et la déportation.
Retrouvez l'entretien que nous a accordé Anne Berest sur ce lien.