La petite histoire dit qu'il aurait inspiré Jean de la Fontaine... Fort de plus de 350 ans d'existence, le chêne du chemin de la Matauderie, à Poitiers, a été victime d’un incendie criminel dans la nuit de samedi à dimanche.
Plus de 6 mètres de circonfèrence, 30 mètres de haut, 25 mètres d'envergure... Ce géant avait été labellisé « arbre remarquable » il y a 2 ans.
Le colosse végétal avait donc résisté au poids des ans, au souffle des tempêtes, aux attaques de champignons. Là, les pompiers n'ont pu le sauver, il n'est désormais plus qu'un amas de branches cassées et de tronc brûlé...
Ce lundi, la mairie de Poitiers annonce son intention de porter plainte contre cet "acte indigne". Dans leur communiqué, les élus de la majorité municipale expriment leur tristesse et leur indignation et rappellent leur engagement à préserver les 40 000 arbres de la commune.
Il est grand temps pour nous, êtres humains, de prendre la valeur de notre patrimoine arboricole qui, malheureusement, diminue toujours plus à mesure que passent les jours. Au-delà de leur beauté et des effets manifestement bénéfiques qu’ils peuvent avoir sur notre santé, [les arbres] sont nos plus précieux alliés dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Stupeur et consternation
Ce sont les mots de Vienne Nature. L'association poitevine déplore à son tour un acte de vandalisme volontaire inadmissible, et la disparition prématurée de ce doyen des arbres poitevins auquel elle était attachée.
Un pan de l’histoire naturelle poitevine est parti en fumée dimanche dernier [...] Plus de 350 ans n’ont pas résisté à la bêtise humaine…
Pour Dominique Saumet, bénévole de l'association et ancien responsable de l'inventaire des arbres remarquables pour la Dreal (Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement), "c'est gravement triste, nous perdons beaucoup."
Pour les botanistes, ce chêne creu, abri d'espèces carvernicoles, qui faisait l'objet d'un suivi scientifique étroit, était une référence, et une source d'informations précieuses. "On perd aussi en génétique, car malgré son grand âge ce chêne faisait encore ses glandées, et ses glands étaient porteurs de toutes les qualités de ce grand arbre", déplore encore Dominique Saumet.
Végétale inspiration
La découverte de sa destruction par le feu a aussi suscité beaucoup d'émotion dans le quartier, dont celle du maire de la commune voisine de Saint-Benoît, M. Bernard Peterlongo.
On dit que c’était le chêne de Jean de la Fontaine. Il était venu visiter le propriétaire du château et c’est là, sous ce chêne, qu’il a eu l’inspiration du Chêne et du Roseau.
D'après les historiens, l'arbre était situé sur le bord du chemin qu’empruntait régulièrement Jean de la Fontaine pour rendre visite à ses cousins Irland, du Fief-Clairet, vers 1663. Il aurait été planté vers la fin du XVIe siècle.
Avant son incendie...
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D'autres arbres victimes
Comme beaucoup d'arbres de cette longévité, il était creux en son centre, c'est là que le feu aurait été allumé. Ce n'est d'ailleurs pas le premier arbre remarquable de France à être ainsi la proie des flammes.
En 2016, à Plouray dans le Morbihan, un autre chêne, de 800 ans celui-ci, avait également succombé à un incendie criminel. En 2017, une aubépine avait été visée par un incendie volontaire dans un parc public de Limoges. En juin dernier, un platane avait subi le même sort en Alsace.
Voici le reportage que nous lui avions dédié (sept. 2013)