Dans la lignée des ressourceries, où l'on trouve vêtements et objets de seconde main, les matériauthèques commencent à essaimer sur le territoire. Les rebuts, fin de stock, chutes de matériaux des entreprises sont récupérés et proposés à moindre coût. Utiliser plutôt que jeter, tout en faisant des économies.
"Là, j'ai deux palettes pour 230 €." Deux palettes de portes en bois massif brut, usinées, jamais utilisées, prêtes à être employées, une très belle affaire pour Ivan, bricoleur ingénieux. "Le projet, c'est de faire une bibliothèque. Ce n'est même pas 10 % de la valeur de ce que je pourrais trouver ailleurs" constate-t-il.
20 tonnes de matériaux
Désormais ouverte aux particuliers tous les derniers vendredis du mois, la matériauthèque de Montmorillon abrite près de 20 tonnes de matériaux. "On a pas mal de verre, qui vient de chez Duvivier canapé, des chutes d'agglo qui viennent de chez AM2", liste Lucie Milon, directrice du site, en arpentant l'immense hangar.
Et bientôt viendront s'y ajouter les vieilles chaises et les bureaux démodés des locaux de la Sorégies, qui doivent être remis à neuf. Le fournisseur d'énergie historique de la Vienne fait partie de la quarantaine d'entreprises qui adhèrent à l'EIT (écologie industrielle et territoriale), l'association qui les aide à gérer leurs déchets.
"Il y a quelques années, sur un chantier similaire, ces différents mobiliers seraient partis à la déchetterie. Maintenant, le groupe est engagé dans une démarche vertueuse, on essaie de réduire au maximum notre volume de déchets, et on se dirige autant que possible vers la filière locale de réemploi " explique Jean-François Guillon, référent filière déchet à la Sorégies.
Les vertus du réemploi
"Ce que les entreprises vont considérer comme un déchet, vous et moi n'allons pas le considérer comme un déchet. L'enjeu, c'est de donner une seconde vie à ces matériaux, et d'éviter l’enfouissement. On essaie vraiment de favoriser le réemploi au maximum" détaille Lucie Milon.
S'appuyer sur des matériaux déjà existants pour concevoir des projets, donner leur chance aux chutes, aux pièces défectueuses, c'est envisager pour toute cette matière un autre usage que celui initialement prévu.
Et pour les entreprises, soumises à une taxe sur les déchets, emprunter le chemin de la matériauthèque plutôt que celui de la déchetterie permet un allègement de charges. "C’est dans l’air du temps, mais ce n'est pas de la publicité, ce n'est pas que du vent. C'est de la mise en relation, c'est nécessaire. Nous, les entreprises, on fait des économies et notre planète, ça ne lui fait pas de mal" constate Philippe Delaire, chef d'entreprise et président de l'EIT sud-Vienne.
En architecture et en construction, les recherches et les projets articulés autour du réemploi existent, mais restent encore très marginaux.