Depuis le 1er janvier, il faut réduire ses apports de déchets verts dans les déchetteries situées hors de l'agglomération de Limoges. La limite est désormais fixée à dix passages par an au lieu de vingt, et à cinq mètres cubes par foyer. La valorisation de ces déchets biodégradables coûtant 1,7 million d'euros par an et par déchetterie, les citoyens sont invités à adopter de nouvelles habitudes.
À la déchetterie d'Ambazac, en Haute-Vienne, c'est un défilé quotidien. Une file de voitures attend patiemment que la barrière de l'entrée se lève. Au volant, au moins un conducteur sur trois vient pour se débarrasser de ses déchets verts. À chacun sa façon de procéder : les uns viennent vider des petits sacs remplis de feuillages, d'autres roulent avec une remorque débordant de branchages. "On en garde quand même pas mal pour le jardin, lance un homme, fourche à la main, mais on ne peut pas tout conserver !" À quelques mètres de là, un autre répond : "Moi, ce sont des rosiers que je ne peux pas mettre dans du compost."
S'il y a bien un déchet qui, aujourd'hui, peut être traité par les gens, c'est celui-ci
Alain AuzeméryPrésident du Syded
Depuis le 1er janvier, les règles ont ici changé. Dans les déchetteries du Syded, c'est-à-dire les établissements situés hors de l'agglomération de Limoges, la limite est désormais fixée à dix passages par an, pour cinq mètres cubes par foyer. Au-delà, il faudra payer. Certains ne semblent pas très bien accueillir cette mesure : "Je n'ai pas de remorque, je viens avec trois sacs, c'est compté comme un passage. Celui qui vient avec une remorque, c'est aussi compté comme un passage, mais la quantité n'est pas la même !", proteste un habitué.
Pour limiter l’apport en déchetterie, il faut faire beaucoup de pédagogie. Alain Auzeméry, le président du Syded, s'y emploie. "Il faut qu'on le transporte, il faut qu'on le broie, donc si des gens ont des volumes importants, il faut qu'ils s'équipent d'un broyeur", tente-t-il d'expliquer à un couple. "S'il y a bien un déchet qui, aujourd'hui, peut être traité par les gens, c'est celui-ci, poursuit-il. Je rappelle que le coût de la gestion des déchets verts, c'est pratiquement deux millions d'euros (1,7 million d'euros par an et part déchetterie, NDLR). Si les gens les gèrent chez eux, sur place, c'est zéro !"
Des broyeurs à louer ou à vendre pour changer les habitudes
Chaque année, plus de onze mille tonnes de végétaux sont déposées en déchetterie. Ce chiffre s'avère en constante augmentation. Pour inciter les particuliers à broyer les branches eux-mêmes, à leur domicile, le Syded met des outils à la disposition du public, à l’achat ou en location. Certains s'y sont mis et apportent leur broyat sur place : "Là, c'est du rognage de souche, qui peut servir, quand il est bien fin, à pailler les sols pour les arbres fruitiers, pour les haies et les jardins", explique un usager déchargeant sa remorque dans la plateforme de dépose dédiée.
Les végétaux accumulés s'apprêtent à trouver une seconde vie dans la filière agricole. "C'est valorisé en compostage avec les stations d'épuration de Limoges, indique Laurent Boucherie, chef de service à la déchetterie d'Ambazac. Ensuite, c'est envoyé vers des exploitations agricoles via un plan d'épandage. Il y a aussi le maraîchage, où les agriculteurs peuvent pailler le broyat pour semer et cultiver."
Ce recyclage bénéfice à une soixantaine d’exploitations. Limiter ses productions s'avère d’autant plus important qu’en Haute-Vienne, il est strictement interdit de brûler ses végétaux.