Dans l’agglomération de Poitiers, un service se déploie de plus en plus depuis un an : la déchetterie mobile. De façon mensuelle, un point de collecte s’installe à différents endroits de la Ville pour aller au-devant des habitants qui ne peuvent se déplacer en déchetterie.
Depuis un peu plus d'un an, l'agglomération de Grand Poitiers a mis en place une déchetterie mobile. Plusieurs employés municipaux emmènent ce point de collecte de quartiers en quartiers : cela permet aux habitants de la Ville, tout comme aux associations et aux professionnels, de se débarrasser de leurs déchets facilement et sans se déplacer trop loin.
"Au bout d'un moment, il faut faire le tri"
Pour les habitants de certains quartiers de cette ville poitevine, cela les facilite grandement et incite à aller trier ses déchets. Les personnes amènent leurs sacs remplis de déchets et un employé vient les mettre dans les bacs respectifs : "huile de vidange, filtre à huile, huile de friture, batterie, cartons... On prend tout", assure un employé municipal. Réservée aux petits volumes, la Ville accepte les Déchets d’Équipements Électriques et Électroniques (dits DEEE) comme les électroménagers, les écrans, les téléphones portables, mais aussi les tubes fluorescents, les ampoules à économie d’énergie, le bois, les métaux, ou encore les petits gravats comme les pots de fleurs ou de la vaisselle cassée.
"Les gens amènent les déchets qu'ils ont chez eux : on prend tout, sauf les déchets verts, les pneus, les extincteurs, les bouteilles de gaz, les vêtements et l'alimentaire. Sinon, les métaux, les bidons vides, les pots de peintures... C'est tout comme une déchetterie, mais en plus petit. C'est formidable", ajoute Éric Verdier, agent de déchetterie mobile. Pour Dominique Rousseau, habitant du quartier des Trois-Cités, l'arrivée de cette déchetterie était nécessaire : "j'avais pas mal de choses à emmener, étant donné que je travaille sur ma voiture. Ça fait des années que j'avais stocké ça dans ma cave, mais au bout d'un moment, il faut faire le tri. C'est à vingt mètres de chez moi, donc quand j'ai vu ça, donc je me suis dit, j'y vais."
Maintenant, les gens doivent bouger, au lieu de balancer leurs saloperies qu'ils mettent devant leurs portes et devant les conteneurs.
Dominique ImbertHabitant du quartier des Trois-Cités
Un constat partagé par Dominique Imbert, lui aussi habitant du quartier des Trois-Cités : "c'est super. Quand on est arrivé ici, il y avait une benne, mais elle a disparu. Maintenant, les gens doivent bouger, au lieu de balancer leurs saloperies qu'ils mettent devant leurs portes et devant les conteneurs, il vaut mieux le mettre ici." La déchetterie mobile se balade dans le centre-ville de Poitiers ainsi que les communes de Curzay-sur-Vonne et Sanxay depuis l'an dernier.
⇒ Retrouvez le calendrier des permanences de la déchetterie mobile de Grand Poitiers sur le site Grandpoitiers.fr.
"89 % de ces 37 000 tonnes de déchets auront une deuxième vie"
Depuis le début du mois, elle continue son tour d'horizon en se déplaçant dans plusieurs communes aux alentours de Poitiers et, mais également, dans les quartiers populaires. "Cela s'inscrit dans la lutte contre les encombrants dans l'espace public. L'objectif est de rappeler aux habitants que ces déchets n'ont pas leur place dans l'espace public. Notre responsabilité est de leur apporter des solutions, notamment pour les habitants et habitantes qui n'ont pas de voiture", affirme Léonore Moncond'huy, maire de Poitiers. "Ces personnes ont moins de solutions que d'autres pour aller mettre leurs encombrants à la déchetterie."
Il faut maximiser le réemploi et la réutilisation, afin de donner une seconde vie à tous les déchets.
Gérald BlanchardVice-président de Grand Poitiers en charge des déchets
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Dans l'agglomération de Poitiers, ce sont 37 000 tonnes de déchets récoltées chaque année, dont les deux tiers sont des encombrants ou des produits divers. "89 % de ces 37 000 tonnes auront une deuxième vie", informe Gérald Blanchard, vice-président de Grand Poitiers en charge des déchets. "Cela peut être du réemploi comme les meubles, du fer qui va être recyclée, ou tout ce qui peut être brûlé pour en faire du chauffage. Il faut maximiser le réemploi et la réutilisation, afin de donner une seconde vie à tous les déchets. Il y a une multiplication des déchets sauvages, qui ont un coût pour les villes à travers le ramassage, le nettoyage et le coût des traitements."
Maire de Buxerolles, cité-dortoir de Poitiers, Gérald Blanchard fait aussi la chasse aux dépôts sauvages. "On est en plein centre-ville de la commune. Depuis quelques mois, au même endroit, on a des dépôts comme celui-ci. La ville est en train d'être équipé de caméras pour pouvoir sanctionner et effectuer un tarif d'enlèvement, qui est de 350 euros, auprès des habitants. Quand il existe des solutions, c'est inexcusable. On est surtout frappé autour du début et des fins de mois, lors de déménagements."
Selon le Ministère de la Justice, lorsque des déchets sont abandonnés, déposés ou gérés en violation des dispositions en vigueur, "l’autorité titulaire du pouvoir de police (préfet ou maire) peut ordonner le paiement d’une amende maximale égale à 15 000 euros." Si la personne n'a pas obtempéré, elle peut être sanctionnée d'une amende montant à 150 000 euros. Pour des faits plus graves, on parle alors d'écocide : "dans l’hypothèse où le non-respect d’une mise en demeure [...] expose directement la faune, la flore ou la qualité de l’eau à un risque immédiat d’atteinte grave et durable, le comportement en question est désormais constitutif d’une infraction pénale [...] punie de trois ans d’emprisonnement et 250 000 euros d’amende."
Reportage de Stéphanie Vinot, Luc Barré :